Déterminer la répartition de son portefeuille : quelle proportion d’actions, d’obligations ?

Déterminer la répartition de son portefeuille : quelle proportion d'actions, d'obligations ?

L’une des principales questions qui se posent en tant qu’investisseur concerne la répartition des différents actifs : quel pourcentage d’actions et d’obligations avoir dans son portefeuille ?

La répartition des actifs dans un portefeuille est aussi appelée allocation d’actifs. Le choix de l’allocation d’actif est une étape indispensable dans la construction d’un portefeuille.

L’importance de la répartition des actifs dans un portefeuille

Beaucoup d’investisseurs commencent directement par choisir les titres et supports qu’ils auront en portefeuille, sans s’interroger sur la répartition des classes d’actifs (actions, obligations, or, immobilier…).

Or, la répartition des classes d’actifs a davantage d’impact sur le rendement et sur le niveau de risque d’un portefeuille, que le choix des titres et supports.

Pour bien déterminer la répartition son portefeuille, il est essentiel de comprendre le rôle joué par les actions et les obligations, qui sont les deux principales classes d’actifs :

  • Les actions sont la classe d’actif qui va permettre à un portefeuille de bien performer dans le temps, mais elles sont risquées et volatiles.
  • Les obligations sont moins performantes, mais également moins risquées. Elles permettront de réduire la volatilité d’un portefeuille.

Il est évidemment possible de mettre de l’or, des matières premières, de l’immobilier ou des cryptos dans un portefeuille.

Toutefois, les actions et les obligations sont les grandes briques de base. Comprendre comment les associer est un principe essentiel de la construction et de la gestion d’un portefeuille.

La mécanique de l’allocation d’actifs est assez simple à comprendre : plus un portefeuille comportera d’actions, plus il sera performant à long terme, mais aussi risqué. Inversement, plus un portefeuille comportera d’obligations, moins ce portefeuille sera performant, mais il sera aussi moins risqué.

Pour que cette mécanique fonctionne bien, il faut s’assurer de respecter quelques règles :

  • Les actions doivent être largement diversifiées, à travers un ou plusieurs indices d’actions très large(s), contenant des centaines ou milliers d’entreprises de différents secteurs et dans de nombreux pays. Un petit nombre d’actions, peu diversifiées, sera bien plus risqué, et n’offrira aucune assurance de croissance à long terme.
  • Les obligations doivent aussi respecter le principe de diversification, mais aussi être des obligations d’état de qualité « investment grade », afin de minimiser le risque de défaut. Sans cela, elles ne pourront pas jouer leur rôle stabilisateur en période de crise, lorsque les actions chutent.

Maintenant que les grands principes sont établis, voyons comment cela fonctionne en détail.

L’impact de la variation du pourcentage d’actions et d’obligations

Le tableau suivant représente le rendement moyen et la perte maximale mensuelle observée de différents portefeuilles allant d’une allocation de 100 % en obligations, jusqu’à une allocation de 100 % en actions, en passant par des tranches intermédiaires incluant chacune 10 % d’actions en plus.

Les données remontent jusqu’en 1985, soit une période suffisamment longue pour être représentative.

Table d'allocation d'actifs en actions et obligations

Pour les obligations, l’indice utilisé est le FTSE World Government Bond – Developed Markets, qui est constitué d’obligations d’état de pays développés et de qualité « investment grade ».

Pour les actions, l’indice est le MSCI World, qui est constitué d’actions d’entreprises de différents pays développés.

Le tableau permet de constater qu’un portefeuille d’actions est à la fois bien plus performant et bien plus risqué qu’un portefeuille d’obligations. Il montre également qu’il est possible de définir de manière assez fine le niveau de risque auquel on souhaite s’exposer, sachant que le niveau de risque impactera aussi le rendement.

Note : si les baisses passées permettent de comprendre à quel niveau de risque on s’expose avec une allocation donnée, le rendement n’est quant à lui pas garanti.

Idéalement, un investisseur défensif aura donc une bonne partie d’obligations en portefeuille, tandis qu’un investisseur offensif aura un portefeuille majoritairement composé d’actions.

Le graphique suivant illustre l’évolution comparée de 3 portefeuilles différents en termes de répartition (d’allocation d’actifs), parmi les exemples du tableau précédent :

  • Portefeuille 1 : 80 % d’obligations / 20 % d’actions
  • Portefeuille 2 : 20 % d’obligations / 80 % d’actions
  • Portefeuille 3 : 50 % d’obligations / 50 % d’actions
Graphique d'évolution de 3 portefeuilles ayant une répartition différente.

Le portefeuille 1, qui comporte 80 % d’obligations, a l’évolution la plus régulière (il est moins volatil), mais c’est aussi celui qui obtient la moins bonne performance au bout du compte.

Inversement, le portefeuille 2, qui comporte 80 % d’actions, s’avère être le plus performant à long terme, mais c’est aussi celui qui a été le plus chahuté par les crises (2000-2002, 2007-2008, 2020).

Le portefeuille 3, qui comporte autant d’actions que d’obligations, se situe entre les deux autres.

Comment choisir la répartition de votre portefeuille ?

Maintenant que vous avez compris la mécanique de l’allocation d’actifs, vous vous demandez peut-être quelle répartition adopter pour votre portefeuille.

Un principe essentiel en investissement est que le rendement et le risque sont corrélés. Vous ne pouvez pas chercher à obtenir plus de rendement sans devoir prendre plus de risque.

Le risque est beaucoup plus certain que le rendement, mais il est également plus important : pour obtenir des rendements significatifs, vous allez devoir laisser évoluer votre portefeuille sur le long terme.

Or, sur le long terme, vous traverserez forcément de nombreuses phases de baisse : des petites, qui surviennent tous les ans ; des plus grandes, qui surviennent tous les 3 ou 5 ans ; et enfin, des baisses exceptionnellement fortes, comme celle de 2008, dont l’occurrence est plus erratique, tous les 15 à 20 ans.

Il faut donc que vous soyez en capacité de voir votre portefeuille baisser momentanément, sans tout revendre sous l’effet de la panique. En outre, dans l’investissement, l’impact des biais psychologiques est très important.

La répartition de portefeuille que vous choisirez est donc très importante : elle ne devra pas dépasser votre tolérance face au risque, afin d’éviter de vous plonger dans un état de stress, qui pourra être source de mauvaises décisions.

Pour savoir quelle répartition vous conviendra le mieux, commencez par vous poser cette question : jusqu’où suis-je prêt à voir mon portefeuille chuter, sans que cela me stresse et que je sois susceptible de paniquer ?

Table d'allocation d'actifs en actions et obligations

Dans le tableau précédent, focalisez-vous sur la ligne « Plus forte baisse », puis comparez les colonnes entre elles. Essayez de trouver la colonne indiquant une baisse maximale qui soit juste en dessous de celle que vous pensez pouvoir supporter, sans perdre votre tranquillité d’esprit.

Par exemple, si vous pensez pouvoir supporter sans broncher une baisse de – 30 %, alors une répartition 50 / 50 pourrait vous convenir (la plus forte baisse mensuelle observée pour cette allocation est de -29,6 %).

Toutefois, et c’est là que ce n’est pas si simple : il y a une différence entre imaginer vivre une perte et la vivre réellement. Lorsque vous l’imaginez, c’est fictif, vous n’avez pas perdu d’argent.

Lorsque vous verrez votre portefeuille baisser pour de vrai, non seulement vous saurez combien vous avez perdu à l’instant T (même si c’est temporaire), mais vous verrez également les nouvelles, qui feront la une sur les pertes en bourse, vous entendrez les gens en discuter. C’est non seulement votre compte, mais tout votre environnement, qui clignotera en rouge.

Personne ne sait exactement à l’avance comment il réagira en voyant son capital, qui est potentiellement le fruit de nombreuses années de travail, chuter en direct.

Par conséquent, lorsque vous pensez avoir trouvé une colonne ayant un niveau de risque théorique acceptable, il pourrait sembler raisonnable de vous décaler d’un ou deux crans vers la gauche. Cela aura pour effet d’ajouter 10 ou 20 % d’obligations en plus dans votre portefeuille, et par conséquent, de le rendre un peu plus stable.

Si l’on reprend l’exemple précédent avec une tolérance estimée pour une baisse maximale de – 30 %, si l’on se décale d’un cran à gauche, on arrive sur une répartition 60 / 40, au lieu 50 / 50.

Une répartition 60 % obligations / 40 % actions n’a jamais connu de baisse mensuelle supérieure à – 25 % depuis 1985. Cela ne veut pas dire que cela ne se produira pas un jour, mais cela vous donne une marge de sécurité sur votre tolérance estimée face au risque.

Cette marge de sécurité pourrait faire toute la différence lors de la prochaine tempête, entre un investisseur qui revend son portefeuille sous la panique, et un autre qui reste calme et qui continue d’acheter.

Une chose est sûre : il vaut mieux se montrer trop prudent, quitte à augmenter son niveau de risque par la suite, que de partir avec une allocation trop risquée pour vous, que vous aurez du mal à tenir lors de la prochaine crise.

Le tableau précédent est une aide précieuse, mais tant que vous n’aurez pas été confronté à la réalité d’une baisse importante, vous ne saurez pas exactement à quel niveau se situe votre tolérance face au risque. D’ici là, vous ne pouvez que l’estimez. Mais c’est déjà largement mieux que de s’aventurer sur les marchés sans se poser de questions.

Si vous souhaitez observer plus finement l’impact de différentes répartitions pour votre portefeuille, voici le tableau d’allocation d’actifs complet, qui comprend la performance annuelle de chaque répartition depuis 1985, ainsi que d’autres métriques (volatilité, plus mauvaise année, ratio de sharpe).

En conclusion, la différence entre un investisseur qui réussit et un investisseur qui échoue, ce n’est pas que l’un a un bon portefeuille, et l’autre un mauvais (du moins, s’il n’est pas mangé par les frais excessifs).

La différence, c’est que celui qui réussit a une répartition de portefeuille qui est en adéquation avec son profil de risque, ce qui lui permet de laisser son investissement évoluer tranquillement. Ainsi, il pourra en récolter les fruits, sur le long terme.