Les biais psychologiques que nous pouvons avoir dans notre vie de tous les jours, sont également présents lorsque nous investissons en bourse.
Lorsque nous pensons investir avec raison, nous sommes en fait, consciemment ou inconsciemment, influencés par de nombreux biais psychologiques.
La bourse : de la raison aux émotions
Le prix des actifs cotés en bourse fluctuent en permanence. Chaque prix est déterminé par la rencontre de l’offre avec la demande, ce qui permet aux transactions d’avoir lieu lorsque acheteurs et vendeur s’accordent sur un prix.
L’objectif de la bourse est simplement de faciliter les échanges d’actifs, en permettant aux vendeurs de rencontrer les acheteurs.
Certains économistes ont cherché à théoriser les mouvements des prix en construisant des modèles mathématiques sophistiqués.
La théorie la plus répandue est sans doute celle de l’efficience des marchés. Selon cette théorie, les investisseurs sont très rationnels, et passent leurs ordres en prenant uniquement en compte des informations objectives.
On dit alors que les marchés sont efficients, et que les prix reflètent de manière juste la valeur de tous les actifs cotés.
L’hypothèse d’efficience des marchés est cependant largement critiquée et contestée, et est largement remise en cause, à différents degrés.
Cependant, l’existence des bulles spéculatives et des krachs boursiers montre en effet que les investisseurs ne sont pas tout le temps rationnels, loin de là, et que leurs émotions et autres biais psychologiques jouent également pour beaucoup dans leurs décisions d’investissement.
La finance comportementale est un domaine d’étude récent qui cherche à comprendre les biais comportementaux qui affectent la manière dont les investisseurs prennent leurs décisions.
Ainsi, de nombreux biais psychologiques et émotionnels ont été mis en évidence, et chaque investisseur (dont vous et moi) est soumis à des biais particuliers lorsqu’il investit.
Les biais psychologiques de l’investisseur
Nous avons tous des biais psychologiques. Ils sont présents lorsqu’on investit, mais ils se manifestent aussi dans d’autres domaines de notre existence.
Ces biais agissent comme des filtres mentaux, façonnés par notre expérience passée, et par nos modèles de pensée.
Tous les biais ne se ressemblent pas. Certains sont émotionnels, et se produisent spontanément, en fonction des émotions et de l’état psychologique de l’investisseur.
D’autres biais sont plutôt cognitifs, car ils impliquent une prise de décision en fonction d’une certaine perception de la réalité.
Voici quelques biais psychologiques parmi les plus susceptibles d’affecter nos décisions d’investissement.
Le biais commun
Le biais commun désigne la tendance à imiter l’autre, et à aller dans le sens de la majorité. Cela permet de se rassurer.
Il nous pousse à tenir le raisonnement suivant : « Si tout le monde le fait, ça ne doit pas être une mauvaise idée. Et s’il s’avère que c’est finalement une mauvaise idée, je ne serais pas le seul à m’être trompé et à être ridicule. »
Le biais commun correspond aux comportements moutonniers qui forment parfois des bulles spéculatives, comme celle sur le Nasdaq (bulle Internet) à la fin des années 90.
Warren Buffett, à travers une célèbre citation, invite les investisseurs à ne pas suivre aveuglément la foule (et donc à se détacher du biais commun) :
Soyez craintifs quand les autres sont avides et avides quand les autres sont craintifs.
Warren Buffett
Cependant, essayer de faire exactement l’inverse de ce que fait la majorité n’est pas une vraie stratégie d’investissement en soi.
Par ailleurs, le biais commun n’agit pas qu’à l’achat : la peur des uns peut aussi entraîner la peur des autres, jusqu’à entraîner une panique généralisée.
Un exemple sont les paniques bancaires, ou bank run, lors desquelles la perte de confiance dans les banques conduit les clients à retirer tout leur argent en même temps. Dans ce cas, cela peut conduire à des problèmes de solvabilité pour les banques. Et c’est la peur qui finit par rendre le danger redouté bien réel (on parle de prophéties auto-réalisatrices).
Pour nous couper du biais commun, il nous faut apprendre à penser et à agir de manière indépendante. C’est-à-dire à être capable raisonner tout en étant coupé du monde (sans écouter les différents points de vue ici et là).
Le biais de récence
Le biais de récence désigne le fait d’accorder beaucoup trop d’importance aux performances récentes dans nos décisions d’investissement.
Si nous nous rendons-compte qu’une action ou qu’un indice dans lequel nous souhaitons investir a connu plusieurs séances de baisse consécutives, cela va probablement avoir une influence sur nos décisions d’investissement.
Nous pourrons d’ailleurs réagir de plusieurs manières différentes :
- On pourra se dire que l’on se dirige sans doute vers une période difficile, et que ce n’est plus le bon moment pour investir (auquel cas nous n’investirons pas, ou alors nous serons tentés de vendre à découvert).
- Mais on pourra aussi se dire que cette baisse est anecdotique, qu’aucun marché baissier ne pointe le bout de son nez, et qu’après cette petite baisse, les cours ont désormais plus de chance de remonter lors des prochaines séances (auquel cas nous investirons).
Quelle que soit notre interprétation de la situation, les dernières performances auront eut une grande influence sur nous.
Pour se couper du biais des performances récentes, il est utile de se rappeler que si les performances à long terme sont logiques car elles reflètent les fondamentaux de l’économie et des actifs, les performances à court terme et les performances récentes sont surtout aléatoires : elles ne veulent pas dire grand-chose. Il est donc inutile de s’y fier.
Le biais de confirmation
Le biais de confirmation désigne notre tendance à prendre en compte uniquement les informations qui confirment notre point de vue, et à ignorer celles qui nous contredisent.
Lorsqu’on est en train de prendre une décision d’investissement, le biais de confirmation nous fait écarter tous les arguments qui pourraient nous dissuader d’agir.
Par exemple, si nous pensons que l’action A ou que le secteur XYZ va connaître une hausse, nous allons plutôt aller rechercher des arguments qui vont confirmer notre sentiment, afin de nous rassurer. Inversement, nous prêterons beaucoup moins attention aux arguments qui vont dans le sens inverse.
Le biais de confirmation nous conduit à éviter de confronter nos décisions, parce que nous aimons par-dessus tout avoir raison (question d’ego), et parce que nous n’aimons pas avoir tort (toujours l’ego, et parce que changer d’avis n’est pas souvent bien vu).
Pour minimiser l’effet du biais de confirmation, nous pouvons chercher volontairement des arguments contraires. Plutôt que de nous demander : « En quoi ai-je raison ? »; nous pouvons nous demander : « En quoi pourrai-je avoir tort ? ».
Car c’est uniquement en écoutant les arguments inverses que nous pouvons valider (ou invalider) nos choix.
La destruction rapide de vos idées au moment opportun est l’une des qualités les plus précieuses que vous puissiez acquérir. Vous devez vous forcer à considérer les arguments opposés.
Charlie Munger
Le biais de familiarité (biais domestique)
Le biais de familiarité consiste à investir seulement dans des actifs qui nous sont familiers.
Ainsi, nous avons l’habitude de privilégier ce que nous connaissons le mieux (ou du moins dans ce que nous avons l’impression de mieux connaître).
Par exemple, nous avons plus de chance d’avoir des actions de l’entreprise dans laquelle on travaille, que dans une entreprise inconnue. Nous avons aussi plus de chance d’investir dans des entreprises dont les produits sont ancrés dans notre quotidien.
De même, nous allons avoir tendance à surpondérer les entreprises de notre pays dans notre portefeuille, par rapport aux autres pays. Par exemple, un investisseur français a plus de chance d’avoir des entreprises du CAC 40 dans son portefeuille, que des entreprises du DAX 30 ou du FTSE 100.
Également, nous avons tendance à surpondérer les secteurs que nous apprécions le plus (par exemple les nouvelles technologies), et à éviter les secteurs les moins excitants.
Il faut cependant noter qu’investir dans ce que l’on connait le mieux n’est pas un mauvais principe en soi, quand il s’agit d’un choix conscient, éclairé et mûrement réfléchi.
Le biais de familiarité a tendance à fortement limiter la diversification de notre portefeuille. Or, un portefeuille trop concentré sera toujours plus risqué qu’un portefeuille bien diversifié.
Pour limiter l’effet du biais de familiarité, il peut être intéressant de passer en revue sont portefeuille et de comparer le poids des actions par rapport à leur poids dans l’ensemble du marché. De même, il est aussi possible de comparer sa propre allocation géographique avec celle d’un indice mondial, pondéré par la capitalisation boursière de chaque pays.
Le biais de disposition
Le biais de disposition désigne le fait de vouloir disposer rapidement de ses gains, par peur qu’ils ne s’envolent. Cela explique pourquoi l’envie de vendre se fait sentir même après un faible gain.
Warren Buffett est tombé dans ce biais lorsqu’il a acheté ses premières actions à l’âge de 12 ans, pour ses sœurs et lui-même. Peu après, leur cours a commencé à baisser. Il a donc attendu qu’il remonte juste au-dessus du prix d’achat pour pouvoir les revendre, réalisant ainsi un petit gain.
Mais par la suite, le cours continua de monter jusqu’à atteindre 5 fois le prix auquel Warren Buffett les avait vendues. Le biais de disposition lui a ainsi fait manquer, par précipitation, un gain bien plus conséquent. De cette expérience, il tira une leçon : ne jamais se presser pour réaliser un gain.
Le biais de disposition peut être limité en définissant une stratégie d’investissement, puis en la suivant rigoureusement. Le moment de réaliser une vente et de prendre ses bénéfices doit ainsi correspondre à une situation précise et clairement identifiable. Autrement, la prise de décision risque d’être influencée par nos émotions.
Les autres facteurs psychologiques et émotionnels qui influent sur les décisions d’investissement
L’aversion au risque
L’aversion au risque désigne la crainte des pertes. L’impact négatif d’une perte est, pour l’investisseur, largement supérieur à l’impact positif d’un gain.
L’aversion au risque nous conduit ainsi à accorder plus de poids aux nouvelles négatives qu’aux nouvelles positives.
Souvent, nous voyons ainsi plus de raison pour que le marché plonge, que de raisons qu’il ne parte à la hausse.
Cette manière de fonctionner de notre cerveau est malheureusement contraire à la réalité observée : la plupart du temps, les marchés sont haussiers.
Ainsi, nombre d’investisseurs manquent de belles phases de hausse en restant en dehors du marché, par crainte d’une baisse.
Deux exemples significatifs sont le Brexit et l’élection de Donald Trump. Dans les deux cas, certains analystes s’attendaient à une chute des marchés suite à ces évènements.
Mais c’est bien le contraire qui s’est passé : la bourse de Londres (FTSE 100) a progressé de 20% l’année suivant le Brexit, tandis que le marché américain (S&P 500) a connu une hausse de près de 22% en 2017, année suivant l’élection de Trump.
Les investisseurs qui anticipent les baisses et qui se retirent des marchés après l’annonce d’une nouvelle considérée comme négative, sont souvent perdants en fin de compte.
L’appât du gain
L’appât du gain est un facteur émotionnel puissant de l’évolution des prix.
Il conduit les investisseurs à occulter les risques, pour se concentrer uniquement sur les gains potentiels, ce qui correspond à une forme d’aveuglement.
L’appât du gain est un formidable carburant pour la formation des bulles spéculatives. Plus les prix montent, plus l’appât du gain est fort, et plus il fait monter les prix.
Les exemples sont nombreux : bulle du Bitcoin et 2017, bulle Internet à la fin des années 90, bulle du marché Japonais (Nikkei 225) dans les années 80…
L’appât du gain pousse également les investisseurs à se tourner vers les produits à effet de levier, qui promettent la multiplication des gains (comme des pertes), et les produits dérivés, qui permettent de spéculer avec levier sur des actifs sans avoir besoin de les détenir.
La tendance à vouloir anticiper l’avenir
Cette tendance à vouloir anticiper le mouvement des prix vient de la croyance que pour espérer un gain, il faut toujours avoir un coup d’avance sur les autres (ce qui est faux, bien entendu).
Le problème vient du fait que le marché intègre déjà les anticipations futures et les espérances de gains des investisseurs.
Par exemple, beaucoup de gens pensent aujourd’hui que l’avenir des transports passe par des voitures électriques et à conduite autonome.
Cette anticipation a conduit nombre d’investisseurs à pousser la valeur de Tesla, l’entreprise phare dans ce domaine, à un prix incroyablement élevé : Tesla vaut désormais plus que Toyota et General Motors réunis, alors que l’entreprise vends relativement peu de véhicules par rapport à ces deux constructeurs historiques.
L’action Tesla est historiquement chère puisque 1$ de ses bénéfices se paye 644$. Autrement dit, si son cours ne bougeait plus, il faudrait plus de 600 ans pour rentabiliser l’achat d’une action Tesla.
Si cette action semble très surcotée par rapport à sa valeur actuelle (à bénéfices égaux, elle vaut 72 fois plus que Toyota), c’est parce que les investisseurs anticipent une hausse de la demande (et donc des bénéfices) et des évolutions technologiques futures.
Autrement dit, en investissant dans cette action parce que l’on croit au développement des transports individuels propres, on pourrait très bien avoir raison (voir les voitures électriques se multiplier, et Tesla augmenter ses ventes) tout en ne faisant aucun bénéfice, car le cours du titre avait déjà anticipé et intégré ces évolutions dans son prix.
Tesla est un exemple parfait pour cet article, car les investisseurs de cette valeur sont influencés par tous les biais possibles (en plus de la tendance à anticiper) : biais commun, de récence, de confirmation, de familiarité; mais aussi par l’appât du gain et par l’excès de confiance. Bref, tous les ingrédients pour porter une action à un niveau historique.
Il est donc illusoire de croire qu’agir en anticipant nous donnera un avantage, parce que tout le monde fait la même chose. D’autant plus qu’anticiper l’avenir revient à faire des prédictions qui, faute d’avoir une boule de cristal, sont toujours incertaines.
La tendance à simplifier
Notre monde est complexe, et le monde financier l’est tout autant.
Notre cerveau n’apprécie pas l’incertitude, ni de se retrouver sans réponses devant une question complexe. Nous avons ainsi tendance à simplifier les choses.
La simplification permet de nous rassurer, et nous donne l’impression de maîtriser les événements. Simplifier n’est pas nécessairement mauvais en soi, tant que l’on reste dans un domaine que l’on maîtrise.
Autrement, le risque est d’investir sur des actifs complexes que l’on ne comprend pas, et dont le comportement est trop incertain.
Un moyen d’éviter la tentation de la simplification est tout simplement de rester dans notre zone de compétence.
L’excès de confiance
L’excès de confiance est souvent provoqué par des gains inattendus. Il est alors commode de penser que ces gains sont dus à notre talent, plutôt qu’à la chance (nous pouvons simplement être tombé au bon moment).
Il est d’ailleurs révélateur de constater que les investisseurs justifient leurs pertes en rejetant la faute sur un marché trop volatil ou sur la malchance, tandis que les gains sont forcément dus à leur talent.
Les gains inattendus provoquent un excès de confiance qui nous pousse à investir encore plus, et à multiplier les transactions. Avoir la certitude de gagner nous conduit ainsi à prendre plus de risques.
Malheureusement, plusieurs études ont montré que plus un investisseur effectue de transactions, moins sa performance est bonne (ce qui s’explique en partie par la multiplication des frais).
Pour ne pas tomber dans l’excès de confiance, il est utile de se rappeler que les performances à court terme sont aléatoires.
Le désir de rattraper une perte
De la même manière que les gains provoquent des excès de confiance, l’accumulation des pertes peut conduire à un esprit de revanche.
Cela explique pourquoi nous pouvons accepter de laisser courir une perte pendant longtemps, dans l’espoir que le cours finisse un jour par remonter (ce qui peut très bien ne jamais arriver).
Nous pouvons aussi être tentés de surenchérir en renforçant une position perdante, afin de transformer la perte en gain lorsque le cours sera remonté.
Revendre à perte peut cependant permettre de réinvestir ailleurs, en se laissant la possibilité de faire de meilleurs choix. Mais revendre signifie accepter la perte, et donc accepter de s’être trompé, ce qui est douloureux pour le portefeuille comme pour l’ego.
La logique est similaire à celle d’un joueur de casino qui doublerait sa mise pour effacer sa perte précédente (technique de la martingale). Au lieu d’accepter une faible perte pour pouvoir passer à autre chose, le désir de revanche conduit à prendre plus de risques, ce qui peut conduire à des pertes encore plus lourdes.
Les biais psychologiques créent des inefficiences de marchés qui sont exploitables
Tous ces différents biais psychologiques font que nos décisions d’investissement ne peuvent pas être impartiales. En fait, elles sont toutes biaisées.
À l’échelle du marché, la somme des biais de chaque intervenant crée des inefficiences globales : des valeurs/secteurs/régions sont parfois sur-évalués, parfois sous-évalués.
C’est également vrai pour l’ensemble du marché des actions (ainsi que pour d’autres classes d’actifs), qui semble parfois trop haut, et parfois trop bas.
Les investisseurs contrariens, de même que certaines stratégies, cherchent à exploiter ces inefficiences, afin de réaliser des profits.
C’est notamment le cas du Smart Beta (ou Factor Investing), qui s’appuie des facteurs de performance comme la valeur ou le Momentum.
Le Momentum désigne l’élan haussier d’un actif/secteur, qui perdure pendant plusieurs mois. Cet élan permet notamment de faire du suivi de tendance, et qui cherche à obtenir des rendements élevés en capturant la plus grande partie des phases de hausse.
La tendance haussière d’un actif ne vient pas de nulle part. Si elle peut avoir comme point de départ de bons fondamentaux, le biais commun, le biais de récence et l’appât du gain (entre autres) permettent d’alimenter les tendances en leur fournissant du carburant.
C’est ce qui fait qu’elles peuvent se développer pendant des mois, voir sur plusieurs années.
Ce type de stratégies doit cependant être bien encadré, car certaines tendances finissent par se transformer en bulles spéculatives. Il est alors essentiel de savoir quand entrer et quand sortir pour éviter la catastrophe.
Les bulles spéculatives sont le tombeau des nouveaux investisseurs, qui commencent à investir au plus haut, juste avant que la tendance ne se retourne.
Le Momentum n’est pas la seule inefficience exploitable. Certaines actions et certains secteurs sont totalement délaissés par les investisseurs, et constituent de belles opportunités d’achat. L’investissement par la valeur consiste à exploiter les valeurs sous-cotées, en permettant aux investisseurs de réaliser un gain lorsque le marché les réévalue à un prix correct.
Comment investir en se protégeant des biais psychologiques ?
Si certains biais du marché peuvent être exploités, il est avant tout essentiel de se protéger contre nos propres biais psychologiques.
La bonne nouvelle, c’est qu’à défaut de s’en débarrasser totalement, on peut limiter fortement leur impact. Comment faire ?
La première étape consiste à les étudier pour les comprendre, afin de pouvoir les reconnaître lorsqu’ils se présentent à nous.
Si vous avez lu jusqu’ici, vous avez donc déjà passé cette étape. Mais la prise de conscience, seule, ne suffit pas.
La deuxième étape peut s’envisager de deux manières différentes :
- Mettre en place une série de mesures pour limiter efficacement l’impact des biais psychologiques au moment d’investir.
- Investir en suivant une stratégie qui nous expose très peu aux différents biais psychologiques.
Un exemple de mesure permettant d’investir en bourse en limitant l’influence des biais psychologiques est de suivre une procédure cadrée et bien définie. Ensuite, il est plus que recommandé d’utiliser un tableau de suivi de ses investissements, ce qui permet de suivre l’évolution des chiffres les plus importants (rendement, risques, ratio boursiers…).
Ensuite, il faut simplement se tenir aux règles qu’on s’est soi-même fixé (ce qui n’est pas facile), peu importe ce qui se passe sur les marchés. Il semble alors indispensable de se couper du bruit ambiant, des nouvelles anxiogènes ainsi que des médias et autres analystes qui cherchent anticiper l’évolution des cours.
Adopter une stratégie qui n’offre pas de prise aux biais psychologiques
Cependant, il est probablement encore plus efficace d’adopter une façon d’investir qui ne nous expose pas ou peu aux biais psychologiques. Ainsi, nul besoin de compter sur sa rigueur et sur sa volonté (l’une comme l’autre sont faillibles) pour faire des choix rationnels.
Cette façon d’investir, c’est l’investissement passif dans des fonds indiciels. Investir de cette façon permet de se couper de nombreux biais psychologiques.
En investissant passivement et à long terme dans des indices, nous sommes beaucoup moins exposés aux biais de récence, de confirmation et de disposition.
Nous avons aussi moins tendance à anticiper, et nous ne tombons par dans le piège de la simplification (puisqu’on s’en tient déjà à des choses simples). L’excès de confiance n’existe plus puisque l’on ne fait aucun choix particulier (on investit dans l’ensemble du marché).
Avec un focus sur le long terme, le désir d’agir pour rattraper des pertes est également affaibli.
Cela dit, il est toujours possible de tomber dans le biais de familiarité, et l’aversion au risque comme l’appât du gain sont toujours présents. Mais une bonne diversification pourra permettre de les affaiblir tous les trois.
Inversement, le trading et le stock picking (investir en sélectionnant ses propres actions) sont des façons d’investir qui nous exposent directement à tous les biais psychologiques possibles.
Ce type de stratégies, pourtant largement répandues (malheureusement), nécessite d’avoir un mental et une gestion émotionnelle de très haut niveau, ce qui n’est pas à la portée de tout le monde (dont moi le premier).
Lorsqu’on investit, on s’expose forcément à de nombreux biais psychologiques. Ils nous affectent tous, avec plus ou moins de force, selon notre propre psychologie, car nous sommes tous différents.
C’est pourquoi il est essentiel de veiller à limiter l’impact de chacun d’entre eux au maximum, en adoptant une stratégie d’investissement appropriée, et qui nous corresponde.