Chaque investisseur ayant un horizon à long terme se retrouvera, un jour, à investir en plein milieu d’une bulle, et se posera alors la question : « Comment investir lors d’une bulle spéculative ? ».
Tout actif est susceptible d’entrer, un jour, en bulle. On commence à parler de bulle spéculative lorsque la hausse d’un actif s’accélère brusquement, et qu’une certaine irrationalité semble s’être emparée du marché.
Le danger réside alors dans le fait que chaque bulle se termine de la même manière, par un krach boursier.
Les bulles spéculatives font partie du jeu
Les bulles spéculatives sont normales. L’économie est cyclique, et traverse tour à tour des phases de récession et de croissance. L’endettement (des états, entreprises et individus) évolue également selon des cycles.
Les récessions peuvent se transformer en crises, et certaines phases de croissance peuvent se transformer en bulle spéculative.
Les banques centrales essayent d’agir de manière contra-cyclique, en augmentant les taux d’intérêts lorsque l’économie est en surchauffe (en les diminuant et/ou en imprimant de la monnaie en phase de crise).
Voici une vidéo qui explique très bien le fonctionnement cyclique de l’économie :
Au-delà de l’économie globale, chaque actif a également une évolution cyclique, avec des phases de hausse, de baisse, et de stagnation.
Les bulles spéculatives sont des périodes d’euphories, qui finissent par éclater dans la douleur, en ruinant le portefeuille de nombreux investisseurs, piégés par l’euphorie.
Il n’est pas toujours évident de comprendre l’origine d’une bulle, ni pourquoi elle s’est formée.
Une bulle spéculative peut être alimentée par un large accès au crédit (bulle immobilière en 2007), une rupture technologique provoquant un excès d’enthousiasme (bulle Internet à la fin des années 90), ou encore par une forte injection de capitaux dans l’économie et en direction des ménages (bulle sur le Nasdaq et les cryptos, 2020-2021).
Le célèbre krach boursier de 1929 a été précédé par une bulle, qui s’est formée dans les années 20, en partie suite à un accès au crédit très avantageux des investisseurs sur titres financiers.
Si l’on peut parfois expliquer l’origine de la formation d’une bulle spéculative, elles restent néanmoins imprévisibles.
Car la psychologie des foules a tendance à alimenter les bulles (ainsi qu’à renforcer la puissance des krachs).
L’avidité et l’exubérance peuvent conduire à des hausses spectaculaires et déconnectées de la réalité, dans certains secteurs.
La bulle sur le Bitcoin en 2017 ainsi que celle sur les valeurs technologiques (NASDAQ) à la fin des années 90 sont deux exemples récents parmi les plus spectaculaires.
En 2021, l’Ethereum a connu une bulle presque aussi impressionnante que celle du Bitcoin en 2017, puisque sa valeur a été multipliée par 16 en quelques mois, contre 20 pour le Bitcoin en 2017.
L’un des plus grands investisseurs du 20ème siècle, John Templeton, a très bien décrit la psychologie des investisseurs lors des différentes phases d’une bulle spéculative :
Les marchés haussiers naissent dans le pessimisme, grandissent dans le scepticisme, s’épanouissent dans l’optimisme et meurent dans l’euphorie.
John Templeton
Si l’on applique la citation de Templeton à l’évolution récente de l’Ethereum, on obtient les phases suivantes :
- Pessimisme (mars 2020) : Les cours viennent de chuter à cause de la pandémie, et ils n’ont peut-être pas fini de baisser.
- Scepticisme (août 2020) : Hum, la hausse marque-t-elle le début d’un nouveau cycle haussier ?
- Optimisme (février 2021) : Cette fois, il s’agit bien d’un nouveau bull run ! Profitons-en !
- Euphorie (avril 2021) : Yeah ! Nous allons devenir riche !!!
Le mécanisme est simple : plus les cours montent, plus les investisseurs achètent par peur de manquer la hausse, ce qui fait encore monter les cours, ce qui donne envie a plus d’investisseurs d’acheter, etc.
Les bulles se transforment en krachs
Mais lorsqu’il n’y a plus rien pour alimenter la hausse, les cours commencent à stagner et certains investisseurs commencent à vendre : ils pensent que ça ne montera plus et prennent leurs bénéfices.
La fin de la hausse et l’apparition de certains creux (liés aux premières ventes) commence à entamer l’enthousiasme général, ce qui conduit d’autres investisseurs à vendre, ce qui renforce la baisse, etc.
Chaque bulle spéculative finit ainsi par éclater violemment. Voici l’impact de l’éclatement de quelques bulles sur différents marchés :
- Dow Jones (1929-1932) : -80%, l’indice a mis presque 30 ans pour revenir à son sommet de 1929.
- L’or (1980-1982) : -60%, le métal jaune a ensuite mis plus de 26 ans pour retrouver sa valeur atteinte en 1980.
- Nikkei 225 (1990-2003) : -80%, sachant que l’indice japonais n’est toujours pas revenu au niveau atteint en 1989.
- Matières premières (20O8) : -70%, puis jusqu’à -90% en 2020 par rapport à 2008. Le rétablissement des cours à leur niveau de 2008 est encore très loin, car la baisse vient peut-être seulement de prendre fin.
- Bitcoin (2013 et 2017) : -80% à chaque fois, et il a fallu presque trois ans, dans les deux cas, pour revenir sur les plus-hauts.
Lorsqu’une bulle éclate, il n’est pas possible de prévoir à l’avance jusqu’où les cours vont descendre, ni combien de temps la baisse va durer (et elle peut durer pendant plusieurs décennies, selon les actifs).
Bien entendu, les krachs n’éclipsent pas le fait que les actifs sont, pour la plupart, haussiers sur le long terme. Les bulles et les krachs marquent des excès plus ou moins passagers, mais qui ne remettent pas en cause les tendances à (très) long terme.
Ainsi, en prenant un peu de hauteur, on se rend compte que même le Nikkei, malgré sa réputation d’indice qui ne progresse pas, est largement haussier à long terme.
L’état d’esprit de l’investisseur en période de bulle spéculative
Avant de voir comment il est possible d’investir pendant une bulle spéculative, il est important de considérer l’aspect psychologique et émotionnel des investisseurs.
En période de bulle spéculative, on a l’impression qu’investir est très facile. Les cours montent et notre portefeuille prend de la valeur avec une telle facilité, que l’on finit par se demander s’il s’agit d’un nouveau paradigme (quand certains n’attribuent pas la hausse à leur propre talent !).
L’avidité est alors à son paroxysme, et les investisseurs ont une telle confiance qu’ils pensent :
- Qu’il faut absolument investir, car c’est une opportunité unique qui ne se représentera jamais dans toute leur vie. On appelle cela le FOMO – Fear Of Missing Out, soit la peur de manquer l’occasion.
- Qu’il n’y a aucune raison de diversifier lorsqu’on a un actif si monte aussi fortement.
- Qu’il serait judicieux d’ajouter du levier, pour gagner encore plus.
Malheureusement, c’est probablement la meilleure façon de ravager un portefeuille. Il est alors important de prendre du recul, et de se détacher de l’euphorie générale. Et notamment :
- Des médias, qui annoncent de nouveaux plus-hauts : les bulles reflètent un enthousiasme particulièrement excessif, et les médias surfent sur cet enthousiasme pour attirer l’attention (car ils vendent avant tout de l’attention).
- Des prédicateurs, qu’ils soient optimistes (« le Bitcoin va attendre 400 000 $ ! »), ou pessimistes (« la bulle sur le marché américain va exploser dans trois mois ! »). Dans les deux cas, il ne s’agit ici aussi que d’attirer l’attention en adoptant des positions extrêmes.
- De toutes les personnes qui deviennent soudainement investisseur ou conseiller financier : les bulles accentuent les émotions, et amplifient l’avidité tout autant que l’ego.
Voici ce que vous pouvez faire pour vous couper de tout ce « bruit inutile » :
- Pratiquer la diète des médias, en arrêtant de regarder les chaînes d’info, de lire la presse spécialisée, ou de parcourir les forums et groupes Facebook. Se laisser aller à l’euphorie ambiante n’est jamais bon, car les périodes de bulle demandent une vigilance accrue.
- Étudier les bulles passées, en lisant des livres ou des articles d’investisseurs qui en ont déjà connu plusieurs, pour comprendre comment elles fonctionnent, et quel est le schéma qui se répète à l’identique.
- Vous en tenir à votre stratégie, sans dévier d’un pouce. Cela suppose que votre stratégie a été correctement pensée en amont, pour respecter votre aversion au risque.
Du point de vue des investisseurs à long terme, les bulles spéculatives ne sont ni une opportunité, ni un problème.
Ce sont simplement des périodes durant lesquelles le prix des actifs est plus cher que d’habitude : pour une même somme, il est donc possible d’en acheter moins. C’est, en quelque sorte, l’inverse des soldes.
Ce n’est donc mathématiquement pas le meilleur moment pour se ruer sur tout ce qui bouge avec tout son capital.
Anticiper l’éclatement des bulles ?
Il est bien évidement impossible d’anticiper jusqu’où une bulle peut aller, ni quand elle va éclater.
Les indicateurs boursiers ne peuvent que décrire une situation existante, mais ne peuvent rien prévoir, car il y a beaucoup de facteurs qui peuvent tout autant :
- Prolonger une bulle : nouvelles économiques rassurantes, baisse des taux d’intérêt, quantitative easing (rachat d’actifs par les banques centrales), distribution de chèques à la population, facilitation de l’accès au crédit…
- Provoquer son éclatement : catastrophe soudaine provoquant une crise mondiale, remontée brutale des taux d’intérêt, détérioration de la situation économique, durcissement des conditions d’accès au crédit, législation plus contraignante…
Et c’est sans compter tous les facteurs émotionnels liés à la psychologie des foules.
Bien plus d’argent a été perdu par des investisseurs se préparant à des corrections ou tentant d’anticiper les corrections, que ce qui a été perdu à cause des corrections elles-mêmes.
Peter Lynch
Si vous essayez d’anticiper les bulles ou leur éclatement, vous prenez le risque, soit de miser au mauvais moment (si la bulle n’en est pas une), ou de vous couper de la hausse à venir (si la bulle continue de gonfler alors que vous êtes sorti).
Vous risquez alors de vouloir rentrer à nouveau, en constatant que les cours sont toujours haussiers. Sauf que votre point d’entrée sera mécaniquement plus haut, et plus proche du moment où la bulle éclatera.
C’est de cette manière qu’Isaac Newton s’est fait piéger lors de la bulle de la Compagnie des Mers du Sud, au 17ème siècle.
Après avoir investi au début de la bulle, il a rapidement pris ses bénéfices, en pensant que les cours ne monteraient pas plus haut (première erreur : tentative d’anticipation).
Puis il a constaté que les cours continuaient de grimper, et que ses amis continuaient de s’enrichir, alors qu’il s’en était privé lui-même (état émotionnel : frustration).
Il est alors rentré à nouveau, bien plus haut que lorsqu’il avait vendu (deuxième erreur : vouloir rejointe à nouveau la « fête », sur le tard cette fois).
Peu de temps après, la bulle a éclaté, les marchés se sont effondrés, et il a perdu pratiquement toutes ses économies.
On attribue à Newton une phrase célèbre, après l’éclatement de cette bulle spéculative :
Je peux calculer le mouvement des étoiles, mais pas la folie des hommes.
Sir Isaac Newton
Newton avait beau être l’un des plus grands savants britanniques de l’histoire et un mathématicien hors pair, il s’est laissé piégé par la psychologie des investisseurs et par l’irrationalité du marché lors des bulles.
N’essayez pas d’anticiper la fin d’une bulle, et encore moins d’y revenir sur le tard, car vous risquez d’acheter à un prix très élevé, puis de devoir revendre à un prix bien plus bas, lorsque la cupidité se sera transformée en peur.
Voyons maintenant plusieurs techniques ou tactiques pour investir lors d’une bulle spéculative.
1. Diversifier votre portefeuille
Lors d’une bulle, la diversification constitue la meilleure protection possible.
Chaque bulle survient très probablement dans un secteur, un pays, une région, avec un type d’action ou dans une classe d’actifs en particulier. Dans tous les cas, il est possible de diversifier :
- Bulle sectorielle (exemple : valeurs technologiques) : la diversification dans de multiples secteurs offre une protection.
- Bulle dans un pays ou une région (exemple : États-Unis, pays émergents…) : la diversification dans plusieurs zones géographiques offre une protection.
- Bulle sur un type d’actions (actions de croissance, big caps) : la diversification dans d’autres types d’actions (actions value, small caps…) offre une protection.
- Bulle sur une classe d’actif (actions, cryptomonnaies…) : la diversification dans d’autres classes d’actifs (or, obligations…) offre une protection.
Plus une bulle grossit, plus le risque d’une chute violente s’accentue. En restant diversifié, vous vous assurez contre un retour de bâton sur l’ensemble de votre portefeuille.
Les exemples suivants montrent l’importance d’être suffisamment diversifié lorsqu’une bulle éclate.
Éclatement de la bulle | Diversification possible | Portefeuille diversifié |
---|---|---|
Internet (2000-2002) : -75% | 50% actions multi-secteurs / 50% obligations | -12,4% |
Or (2012-2015) : -40,97% | 80% actions / 20% or | +30,95% |
Bitcoin (2018) : -73,81% | 80% actions / 20% Bitcoin | -18,56% |
En étant diversifié, il n’est plus nécessaire de se préoccuper de l’éclatement à venir de la bulle, ni de chercher à faire des anticipations.
Conserver une bonne diversification demande de rééquilibrer régulièrement son portefeuille :
- Par exemple une fois par an.
- En cours d’année si un grand déséquilibre est constaté (scénario de bulle / éclatement de bulle).
2. Répartir vos investissements dans le temps
Lors d’une bulle spéculative, on ne sait jamais jusqu’où le marché peut monter, ni pendant combien de temps (la bulle peut éclater dans 3 mois, comme dans 3 ans).
Pour cette raison, il peut être intéressant de répartir votre investissement dans le temps, en investissant chaque fois une somme fixe.
Cette technique est appelée Dollar Cost Averaging (DCA), ou en français : achats périodiques à somme fixe (ce qui est moins sexy, il faut l’avouer).
Avec le DCA, si la bulle grossit encore, vous allez mécaniquement acheter de moins en moins d’actions (s’il s’agit d’actions), car elles seront de plus en plus chères.
Et si la bulle éclate et que les prix s’effondrent, vous pourrez en acheter de plus en plus, car elles seront de moins en moins chères.
Le Dollar Cost Averaging permet ainsi de moyenner le coût de l’investissement, et d’offrir une protection contre les scénarios extrêmes (bulle / krach).
Mais plus important encore, il vous protège contre vous-mêmes, et contre vos émotions, qui peuvent vous conduire à vouloir rentrer massivement lorsque les prix sont élevés (rappelez-vous de Newton, qui est rentré à nouveau, bien plus haut).
À titre d’exemple, l’action Tesla a connu une bulle en 2020 (+700% en un an).
Un investissement à la Newton, qui cherche à anticiper les cours, aurait pu ressembler à l’image suivante.
Il achète en juillet (à 300 $), lorsque ça commence à monter, puis il revend courant novembre (à 400 $), alors que les prix stagnent depuis trois mois (il a alors réalisé une plus-value de 100 $ par action).
Cependant, les prix repartent à la hausse, l’investisseur hésite, puis finit par craquer et rachète début janvier (à 750 $). Mais rapidement, la hausse s’arrête, et les prix déclinent pendant les cinq mois suivants. L’investisseur hésite, puis finit par revendre en mai 2021, à un prix plus bas (600 $) que lors de sa deuxième entrée.
Au final, l’investisseur a effacé la plus-value réalisée entre juillet et novembre, avec une moins-value de 150 $ par action en janvier et mai 2021.
Maintenant, imaginons un investisseur qui ne cherche pas à anticiper quoi que ce soit. Il ne contente de suivre le DCA et d’investir chaque mois la même somme, pendant un an, au prix suivant :
- 1er juin 2020 : 180 $
- 1er juillet : 224 $
- 1er août : 297 $
- 1er septembre : 475 $
- 1er octobre : 448 $
- 1er novembre : 400 $
- 1er décembre : 585 $
- 1er janvier 2021 : 728 $
- 1er février : 840 $
- 1er mars : 718 $
- 1er avril : 662 $
- 1er mai : 685 $
Bien sûr, l’achat régulier l’a forcé à acheter au plus haut, autour de 800 $, mais aussi dans des zones bien plus basses.
Si l’on fait la moyenne de ses différents prix d’entrée, une action Tesla lui aura coûté en moyenne 520 $. Sachant que le cours de l’action est de 620 $ fin mai, il a réalisé une plus-value de 19% par action (620 / 520). C’est bien mieux que l’investisseur du premier exemple, qui a agi sous le coup de ses émotions, et qui a perdu de l’argent.
Répartir son investissement dans le temps est une forme de diversification : la diversification temporelle. Elle garantie de ne jamais investir au plus mauvais moment (à défaut d’investir au meilleur moment, ce qui n’est pas possible de toute façon).
Le Value Averaging est une alternative au DCA, moins connue mais potentiellement plus efficace.
3. Le market timing, pour suivre la tendance
Une autre possibilité consiste à suivre la tendance haussière de la bulle, jusqu’à son retournement.
Tant que la tendance haussière persiste, vous restez investi. Lorsqu’elle se retourne, vous sortez du marché.
Le suivi de tendance est une forme de market timing : l’objectif étant d’être investi lors des hausses, et d’être en dehors du marché (et donc protégé) lors des baisses.
Il existe de multiples façons de suivre une tendance. L’une des plus connues est la moyenne mobile.
La moyenne mobile est un indicateur qui calcule la moyenne des prix des X derniers jours (X pouvant être n’importe quel nombre, cependant les moyennes mobiles les plus utilisées sont celles sur 50 jours et sur 200 jours).
La moyenne mobile peut être utilisée comme signal d’achat ou de vente :
- Achat lorsque les cours passent au-dessus de la moyenne mobile.
- Vente lorsque les cours passent sous la moyenne mobile.
Dans cet exemple, la moyenne mobile sur 50 jours a bien passé la baisse de février-mars 2020 (signal de vente assez haut, puis signal d’achat relativement plus bas), tandis que la moyenne mobile sur 200 jours aurait fait sortir puis rentrer au même niveau.
En 2008, c’était plutôt l’inverse : la moyenne mobile sur 200 jours a été la plus efficace pour sortir au bon moment, tandis que la moyenne mobile sur 50 jours a multiplié les arbitrages, parfois inutiles.
Elles ont chacune leur avantage et inconvénient :
- Moyenne mobile sur 50 jours : réagit rapidement aux mouvements du marché, mais a tendance à multiplier les signaux d’achat/vente, parfois de manière contre-productive.
- Moyenne mobile sur 200 jours : permet de coller aux grandes tendances, mais est assez peu réactive lors des baisses rapides.
Une autre façon de suivre la tendance consiste à utiliser le Momentum.
Je ne vais pas développer en profondeur ce qu’est le Momentum, car j’y ai déjà consacré un article entier.
Le Momentum compare les prix actuels avec les cours passées (là encore, plusieurs séries temporelles peuvent être utilisés).
L’objectif est le même que pour les moyennes mobiles : timer le marché, pour être investi lors des hausses, et être hors du marché lors des baisses.
Le Momentum consiste à investir dans des actifs qui affichent une forte tendance haussière. Comme avec les moyennes mobiles et les autres formes de suivi de tendance, il peut être utilisé avec tout type d’actifs.
Le Momentum peut être appliqué très simplement : il existe par exemple des indices Momentum sur actions, qui peuvent être suivis avec des ETF qui ne contiennent que des titres en phase de hausse.
Historiquement, les indices qui sélectionnent des titres sur le critère du Momentum superforment le marché.
Il existe aussi des stratégies plus avancées, qui combinent plusieurs formes de Momentum (l’une de mes deux stratégies est basée sur une forme avancée de Momentum).
À titre personnel, je préfère suivre la tendance avec le Momentum, car il me semble être le plus stable à long terme (parmi les différentes formes de suivi de tendance). De plus, il a fait l’objet de multiples publications académiques, qui étayent son comportement.
Voici ci-dessous un exemple d’application d’une combinaison de Momentum appliquée aux Cryptomonnaies, face au Bitcoin et à l’Ethereum.
Cependant, malgré des performances parfois spectaculaires (qui peuvent d’ailleurs très bien ne jamais se reproduire à l’identique), aucune forme de suivi de tendance, ni de market timing, ne sera parfaite 100% du temps.
Elles seront même parfois contre-productives, et vous pourrez très bien vous retrouver investi pendant certaines baisses, et en dehors du marché pendant certaines hausses.
Lorsqu’on suit une tendance, il faut savoir accepter de ne pas avoir raison 100% du temps.
Bien que plusieurs formes de suivi de tendance soient suffisamment efficaces pour battre (parfois largement) le marché à long terme, la principale difficulté de cette approche réside dans le fait de toujours arriver à suivre sa stratégie, notamment durant les périodes où elle semble moins efficace.
En conséquence, le suivi de tendance n’est pas adapté à tous les investisseurs. Par contre, la diversification et le Dollar Cost Averaging sont des approches bien plus universelles.
Maintenir une attitude rationnelle
Lors d’une bulle spéculative, la flambée des cours, les réseaux sociaux et les titres des médias peuvent rapidement vous faire passer d’une attitude rationnelle à une attitude émotionnelle.
Vous avez l’impression d’avoir trouvé une mine d’or, qui, vous le sentez, vous rendra riche, et assurera votre avenir sur plusieurs générations. Et puis, une situation exceptionnelle autorise une adaptation temporaire.
Bref, vous cherchez des arguments pour justifier un changement de stratégie dont l’origine est émotionnelle.
Cependant, aucun arbre n’est jamais monté jusqu’au ciel. Dites-vous bien que plus la hausse est forte, plus la chute risque d’être violente.
Pour cette raison, il est nécessaire de garder une attitude rationnelle. Ce qui signifie :
- Ne vous endettez pas pour investir de l’argent que vous n’avez pas. Lorsque les cours flambent, il peut être tentant de s’endetter pour gagner plus. Mais que se passera-t-il lorsque la bulle éclatera ?
- Évitez d’investir avec du levier. Là aussi, il est tentant d’appliquer un levier pour doubler ou tripler la mise lorsque les cours grimpent fortement. Mais lorsque les cours se mettront à chuter, votre perte sera aussi fortement amplifiée.
- Conservez votre matelas de sécurité, qui représente quelques mois de vos revenus, et vous assure une tranquillité d’esprit en toutes circonstances. Ne l’investissez jamais, et encore moins lors d’une bulle.
- Dépensez moins que ce que vous gagnez réellement. Vos dépenses de base ne doivent pas être calées sur d’hypothétiques rendements futurs.
Survivre à une bulle spéculative ?
Les bulles n’ont jamais ruiné personne (sauf ceux qui parient à la baisse !). Mais il en est tout autrement lorsqu’elles éclatent.
Le point clé pour éviter une chute qui peut être très douloureuse, est d’adopter la stratégie qui est la moins susceptible de provoquer des émotions fortes, et en particulier une grande euphorie (car l’euphorie éclipse le danger au moment précis où il est le plus présent).
Conserver une attitude neutre et détachée est la meilleure garantie de ne pas céder au chant des sirènes, et ainsi de pouvoir rester dans la partie lorsque la bulle éclatera, pour profiter de la hausse à long terme.
Car bulle spéculative ou pas, investir consiste à mettre en place un portefeuille qui soit cohérent avec votre psychologie d’investisseur, et qui puisse répondre à vos objectifs à long terme.
Bonjour Antonin,
J’ai un problème de compréhension sur le DCA. Quand tu écris qu’il faut investir toujours là même somme, cela veut il dire toujours le même nombre d’actions ? Et donc la somme investie augmente si la bulle enfle et diminue si elle rétrécit.
Si au contraire on garde la même somme, le nombre d’actions va varier…
Désolé de poser un question basique mais j’ai du mal sur ce point.
Autre question, avec un portefeuille diversifié, la stratégie est de garder les pondérations respectives des différents éléments. En cas de bulle, si une action diminue drastiquement au point de déséquilibrer, faut il en acheter pour rééquilibrer et à contrario vendre ce qui est en hausse ?
Merci beaucoup pour tes réponses
Cordialement
Bonjour Maximilien,
Il n’y a jamais de question basique. Toute question est une bonne question, et peut-être que c’est moi qui n’ai pas bien expliqué. 🙂
Le DCA signifie toujours investir la même somme, et donc le nombre d’actions varie. Si une bulle se forme, on achètera moins d’actions, car avec le même nombre d’actions, le prix d’achat serait de plus en plus élevé, ce qui diminuerait le potentiel de gains à long terme. Si une crise se profile, on achètera au contraire de plus en plus d’actions, pour la même somme, afin de profiter de l’opportunité des prix bas.
Pour la deuxième question, il faut en effet rééquilibrer lorsque la répartition du portefeuille s’éloignent trop de celle qu’on a définie initialement. Mais au-delà du rééquilibrage annuel, inutile de trop rééquilibrer, cela serait contre-productif. En cas de bulle, il faut laisser un peu de temps à l’actif de s’apprécier, avant d’engranger la performance. Par exemple, si un actif doit occuper 20 % de ton portefeuille, et qu’il en occupe 21 %, inutile de rééquilibrer. Mais s’il en occupe 30 %, cela veut dire qu’il s’est énormément apprécié par rapport aux autres actifs du portefeuille (soit parce qu’il est parti en bulle, soit parce que les autres ont chuté, ou un peu des deux). On peut alors considérer que l’allocation a suffisamment dévié pour la ramener à celle qui a été définie au départ. Dans ce cas, il faut vendre ce qui a monté pour racheter ce qui a baissé. Cela permet au passage de vendre « haut », et d’acheter « bas », ce qui est plutôt une bonne chose en investissement.
Toutefois, il n’y a pas de règle absolue qui nous dirait à partir de quel % de variation de l’allocation on doit rééquilibrer. C’est un peu à l’appréciation de chacun.
Avec plaisir, n’hésites pas si tu en as d’autres.
Bonjour Antonin,
je te remercie pour ces explications. C’est très clair sur ces deux points.
J’en profite pour poser deux autres questions sur la répartition du portefeuille :
1) je débute en investissement et vais créer mon premier portefeuille. J’ai envie d’apprendre et ton blog constitue une vraie mine d’or. Tu préconises la simplicité donc j’ai envie de tester une assurance-vie et un compte titres avec une répartition équivalente en ETF (60% actions, 30% obligations, 5% immobilier et 5% or). Cela te semble t il un bon premier pas pour tester avant de diversifier plus finement sur le compte titre ?
2)
Si toutes les valeurs chutent ou progressent en même temps malgré une diversification (actions, obligations, immobilier, or, secteur géographique) convient il de laisser le portefeuille tel quel ( car il respecte le principe de diversification) ou vendre/acheter tous les actifs ?
Merci encore pour tes explications qui donnent envie de se lancer.
Cordialement
C’est avec plaisir si le blog et mes réponses peuvent t’aider à y voir plus clair. Pour te répondre :
1) Difficile à dire sans te connaître. La répartition que tu décris correspond à celle d’un portefeuille équilibré, au risque modéré. C’est un peu passe-partout, mais cela pourrait ne pas être la meilleure répartition pour toi, en fonction de ta tolérance ou risque, ou de ton horizon d’investissement, et de tes objectifs à long terme. J’ajouterai qu’il ne sert pas à grand-chose de tester, car en bourse, les rendements varient beaucoup d’une année sur l’autre. Un test sur mettons un an ne serait donc pas très représentatif des rendements futurs. Autant partir directement sur ce qui le plus de chance de te convenir dès le départ, puis de t’y tenir dans le temps.
1 bis ) Les enveloppes fiscales sont complémentaires, il peut ainsi être judicieux de ne pas répliquer le même portefeuille sur deux comptes différents, afin de mieux profiter des avantages de chaque enveloppe. Les avantages de l’assurance vie sont, outre la transmission, l’absence de frais de transaction, un large choix de type d’actifs (des ETF aux SCPI) et la possibilité de tout automatiser dans certains cas. Les inconvénients sont les frais de gestion du contrat et un choix d’ETF limité. Les avantages du compte-titres sont l’accès à un choix beaucoup plus large d’ETF et l’absence de frais de gestion. Les inconvénients sont les frais de transaction et la fiscalité sur les plus-values/dividendes.
Pour profiter des avantages respectifs, on pourrait donc imaginer, à titre d’exemple (ce n’est pas un conseil), une assurance vie avec plusieurs ETF et quelques SCPI (pour éviter l’imposition sur les dividendes), et un compte-titres avec un ou deux ETF seulement (pour limiter les frais de transaction) introuvables sur assurance vie (par exemple sur le Smart Beta), pour compenser la fiscalité plus dure du compte-titres.
2) Tu peux laisser le portefeuille tel quel jusqu’à ce que l’allocation s’écarte trop de celle définie au départ. Peu importe si la plupart des actifs chutent ou progressent, c’est la répartition de chacun qui compte, car c’est ce qui défini le niveau de risque du portefeuille.
Merci Antonin. Tu fournis encore une fois des éléments très clairs et précieux dans la réflexion.
Me concernant, j’ai 52 ans et mon horizon d’investissement est dans 10 ans. Peu tolérant au risque, il parait plus raisonnable de privilégier les obligations. Le portefeuille de Ray Dalio me paraît une solution intéressante.
Après avoir lu ta réponse et tes articles, je penche maintenant vers un PEA pour les actions, une assurance vie pour les obligations, or et matières premières. Cela me permettra de modifier l’équilibre des différents actifs sans subir la flat tax dans un CTO. En effet, je continue à parcourir les articles et intègre lentement les principes. Mon avis change fréquemment …
Merci infiniment pour ce blog d’une grande qualité.
Ps: je ne suis pas averti par mail quand tu apportes une réponse, ce qui est dommage…
Le portefeuille de Ray Dalio peut convenir pour un profil défensif. Pour un horizon de 10 ans, tu peux même pousser les actions jusqu’à 50 %, mais cela augmentera aussi un peu la volatilité. Il faut voir par rapport à ta tolérance au risque. En tout cas, la meilleure solution à adopter sera simplement celle qui te conviendra le mieux.
Spliter le portefeuille en deux est une bonne idée fiscalement parlant. En revanche, tu seras un peu gêné pour les rééquilibrages, car si les actions décalent beaucoup (à la hausse ou à la baisse) par rapport au reste du portefeuille, tu ne pourras pas faire transiter d’argent d’un compte à l’autre sans être fiscalisé. La seule solution pour rééquilibrer sera d’alimenter uniquement l’assurance vie, dans le cas où les actions occupent une pondération trop importante, ou le PEA si c’est l’inverse, jusqu’à ce que tu retrouves la répartition visée sur l’ensemble des deux comptes.
Avec plaisir Maximilien si tu as trouvé sur le blog les informations suffisantes pour franchir le pas. 🙂
Ps : Oui je sais, j’avais installé un plugin pour ça mais il a fini par ne plus fonctionner, et je n’en avais pas trouvé d’autres sur le coup. Je vais voir si je peux en trouver un nouveau.
Merci beaucoup Antonin. Je continue à lire tes articles.