Vous avez peur d’investir beaucoup d’argent en bourse et de tout perdre au premier krach boursier qui survient ? Ou alors, vous rêvez de prédire l’avenir et d’encaisser toutes vos plus-values avant le drame ? Dans ce cas, savoir reconnaître les signes avant-coureurs d’un krach boursier pourrait vous intéresser.
Je ne pourrais pas vous dire avec exactitude quand est-ce qu’il y aura un krach boursier. Et, au risque de vous décevoir, personne ne le sait exactement (si quelqu’un prétend le contraire, c’est un menteur).
Dans cet article, nous allons voir ensemble 15 signes avant-coureurs d’un krach boursier. Ainsi, quand vous aurez des doutes, vous pourrez ressortir l’infographie et regarder si la situation actuelle rassemble un ou plusieurs signes.
Par ailleurs, si vous vous rendez compte qu’un seul signe est présent, ce n’est pas le moment de s’enflammer. Parce que les marchés boursiers sont très complexes et ils peuvent envoyer des signaux contradictoires. Donc, un seul ou même deux signes ont peu de chance de vous annoncer un krach boursier imminent.
Avant de découvrir le texte lié à l’infographie, je vous propose de faire un petit rappel sur ce qu’est un krach boursier.
Le mot “krach” vient d’un mot allemand qui veut dire “vacarme”. Quand on parle d’un krach boursier, il s’agit d’une baisse importante et brutale des actions. Cette baisse est le résultat d’une panique générale, où tout le monde se met à vendre ses titres, pour éviter de perdre tout leur investissement.
En outre, pour que l’on appelle cela un krach boursier, il faut que la baisse des actions soit d’au minimum 20 % par rapport au sommet précédent. Et, on considère que la fin d’un krach boursier se termine lorsque les actions ont remonté de 25 % minimum, par rapport au creux le plus bas.
Il y a eu beaucoup de krachs boursiers par le passé : 1929, 1973, 1987, 2000, 2008, 2020 pour n’en citer que quelques-uns. Et, si cela peut vous rassurer (ou pas), il y en aura d’autres à l’avenir ! Comme les marchés sont cycliques, on retrouve régulièrement des cheminements similaires. Ainsi, on constate qu’un krach survient en moyenne tous les huit à douze ans.
Enfin, un krach boursier n’est pas toujours négatif. Parce que le plus souvent, les marchés connaissent un krach lorsque les actions sont surévaluées.
Sur le coup, ça fait mal, car tout le monde perd de l’argent. Mais, cette baisse permet de réévaluer les actions à leur juste prix, voire moins chères. C’est donc le moment idéal pour acheter des actions en solde.
1) Les investisseurs sont euphoriques
Lorsque les investisseurs sont trop optimistes, ils ne font que renforcer leurs positions, au point d’ignorer toutes les mauvaises nouvelles et de ne prêter attention qu’aux bonnes.
Jusqu’au moment où l’on se rend compte qu’il y a beaucoup de mauvaises nouvelles, et que les bonnes nouvelles ne suffisent plus à compenser.
De plus, lorsque les investisseurs sont très optimistes, ils achètent toujours plus d’actions, ce qui fait grimper leur prix. Mais, au bout d’un moment, ils n’ont pas ou plus de liquidités pour renforcer leurs positions.
C’est à ce moment-là que les actions peuvent connaître une forte baisse.
Par conséquent, comme disait Warren Buffett :
Soyez craintif quand les autres sont avides, et soyez avide quand les autres sont craintifs.
2) Les bénéfices sont en baisse
Comme l’évolution des bénéfices est toujours liée au cours des actions sur le long terme, une chute du bénéfice des entreprises est l’un des signes annonciateurs de krach boursier.
En effet, sur le court terme, le cours des actions est influencé par un grand nombre de facteurs. En l’occurrence, il apparaît ce que l’on appelle des anomalies de marché, ce qui signifie que l’évolution du cours est décorrélée de l’évolution des bénéfices.
Pour que ce signe soit plausible, il faut qu’ils s’appliquent à la plupart des entreprises du marché, et que la baisse des bénéfices affecte plusieurs secteurs. Le cas échéant, on parlera de crise sectorielle.
De plus, en cas de baisse des bénéfices, les entreprises seront moins valorisées et leur capitalisation boursière diminuera également.
3) Les PER sont injustifiés
Lorsque le ratio cours/bénéfice (ou PER pour Price-to-Earnings Ratio) d’un indice a tendance à s’enflammer, cela peut annoncer une crise imminente.
Par exemple, la moyenne historique du S&P 500 est de 19. Mais, en 2000, elle était montée à 40, et en 2008, elle avait atteint 120, soit trois fois plus que la moyenne. Pour enfoncer le clou, juste avant ces krachs, les actions avaient atteint des cours records. Dans ces cas-là, le plus souvent, les cours subissent une correction mineure, mais parfois celle-ci évolue vers une correction majeure.
Par ailleurs, les investisseurs peuvent ignorer des PER relativement élevés pendant un certain temps, jusqu’à que cet indicateur soit combiné avec un autre événement (comme un cygne noir, voir le point 11), ce qui entraîne un effondrement du marché des actions.
Enfin, si les actions d’entreprises d’un secteur entier sont surévaluées, cela peut entraîner une baisse générale. C’est ce qui s’est passé en 2000, où seules les entreprises technologiques ont chuté dans un premier temps. Puis, ces dernières ont entraîné le reste du marché dans leur élan.
Ce fut le cas aussi en 2008, mais cette fois-ci, ce sont les valeurs financières qui ont fait chuter le reste du marché avec elles.
4) Tout le monde se met à shorter
Quand les investisseurs shortent, ils parient sur l’évolution à la baisse du cours des actions. En faisant cela, si les actions baissent, les investisseurs gagnent de l’argent, sinon ils en perdent. Finalement, c’est le fonctionnement inverse de l’investissement en bourse “classique”.
Ainsi, si une grande partie des actionnaires se mettent à shorter, cet événement montre un grand pessimisme sur l’avenir des actions. À l’inverse, si peu de personnes shortent, on peut en conclure que les marchés sont optimistes.
5) Les automobiles et les logements
Lorsque les automobiles et les logements connaissent une baisse des ventes, cela indique que les consommateurs sont moins confiants pour effectuer des achats importants (ou qu’ils n’ont plus assez de ressources financières). Comme il y aura une demande plus faible, les prix de ces biens commenceront à diminuer.
Il s’agit d’un indicateur économique avancé, mais il permet d’avoir un aperçu global de l’état économique d’un pays. Ainsi, s’il est en baisse, cela reflète un ralentissement de l’ensemble de l’économie.
6) Les stocks augmentent
Lorsque les entreprises voient leurs stocks augmenter drastiquement, et que dans le même temps, leurs ventes baissent, c’est un très mauvais signe.
Cela signifie qu’elles n’arrivent plus à vendre leurs produits et que leurs bénéfices vont connaître une chute vertigineuse.
7) La courbe des taux s’inverse
Une courbe de rendement inversée signifie que les obligations à long terme rémunèrent moins que celles à court terme. On parle de situation inversée, puisque normalement, les obligations à long terme comportent plus de risques que celles à court terme. Ainsi, comme elles sont plus risquées, elles sont plus rémunératrices.
Par conséquent, lorsque l’avenir est flou et incertain, les investisseurs se ruent sur les obligations à long terme (ce qui diminue leur rendement), car ils prévoient une récession imminente de l’économie.
C’est l’un des signes avant-coureur de krach boursier parmi les plus fiables, car sur les cinquante dernières années, il s’est produit avant chaque récession, et ne s’est révélé être un faux signal qu’une seule fois.
8) L’inflation grimpe
Une inflation modérée est bénéfique à l’économie, puisqu’elle permet aux entreprises d’augmenter leurs prix progressivement, et donc de générer plus de bénéfices. De plus, au fil du temps, elle permet aux employés d’avoir des salaires de plus en plus élevés.
Mais, lorsque l’inflation s’emballe, les coûts d’exploitation des sociétés augmentent et elles doivent les répercuter sur les consommateurs. Ainsi, les consommateurs achètent moins et les bénéfices diminuent, ce qui fait baisser le cours des actions.
9) La FED s’impose
Justement, lorsque l’inflation explose, la FED (banque centrale américaine) doit intervenir pour stabiliser l’économie.
Par conséquent, pour calmer l’inflation, elle est obligée de relever les taux d’intérêt. Cela freine l’économie, car l’argent est moins disponible. Tout simplement parce que les taux sont plus élevés, et de ce fait, emprunter devient plus difficile.
À l’inverse, si la FED est accommodante avec le marché, c’est-à-dire qu’elle injecte des liquidités et qu’elle propose des taux d’intérêt bas, les actions ont de fortes chances de monter.
10) Le VIX s’affole
Le VIX (ou « indice de la peur ») calcule en temps réel le niveau attendu de volatilité du S&P 500.
Plus l’indice est élevé, plus l’incertitude est élevée et plus la probabilité d’un changement majeur du cours des actions est grande.
À l’inverse, si le VIX est faible, c’est que le sentiment du marché est optimiste et que les investisseurs s’attendent à un marché stable.
11) Un cygne noir
Un « cygne noir » (ou Black Swan en anglais) représente un événement inattendu qui a des conséquences importantes négatives sur le marché.
Ce terme a été inventé par Nassim Taleb, qui est un ancien trader à Wall Street. Il peut s’agir d’une guerre, d’une pandémie ou encore d’une catastrophe naturelle. Ce type d’événements respecte trois critères, qui sont :
- L’aberrance : ces événements sortent de ce à quoi l’on pourrait habituellement s’attendre, et ils ne se sont jamais produits ainsi par le passé.
- L’impact : ils ont des répercussions très importantes sur notre société et sur le monde entier.
- L’inattendu : avant qu’ils se soient produits, on les trouvait improbables, mais une fois ces événements passés, rétrospectivement, ils deviennent explicables et nous nous demandons comment nous avons fait pour ne pas les prédire.
En outre, nous ne pouvons pas prévoir ce type d’actualité, mais lorsque cela arrive, c’est généralement le début d’une récession.
12) L’indicateur Buffett
L’un des indicateurs préférés de Warren Buffett est le rapport entre la capitalisation boursière totale américaine, c’est-à-dire de toutes les entreprises cotées des États-Unis, et du PIB national (ou GDP en anglais). Il permet de savoir si le marché américain est sous-évalué ou surévalué par rapport à la moyenne historique.
Lorsque cet indicateur est élevé, cela signifie que les actions sont surévaluées. C’était notamment le cas lors des récessions de 2000 et de 2020.
De plus, en 2021, l’indicateur Buffett a atteint les 215 %, ce qui signifie que le marché action était 2,15 fois plus élevé que le PIB américain. À titre de comparaison, la tendance historique est de 130 %.
Toutefois, cet indicateur a quelques limites. Tout d’abord, il prend uniquement en compte le chiffre d’affaires des entreprises, et non leur bénéfice ou leur rentabilité. Ensuite, cet indicateur considère seulement les entreprises cotées, et pas les entreprises non cotées en bourse.
Enfin, cet indicateur ne s’occupe que du marché actions, et ne prend pas en compte le marché obligataire, ni les autres marchés. Pourtant, celui-ci joue également un rôle prépondérant dans les fluctuations boursières.
Bref, comme tous les indicateurs, il doit être combiné avec d’autres indicateurs pour que cela confirme l’arrivée imminente d’un krach boursier. Il arrive d’ailleurs souvent que l’on remarque une survalorisation des marchés, mais que les investisseurs peuvent rester irrationnels pendant une période relativement longue.
13) La géopolitique
Comme le marché déteste l’incertitude, dès qu’un événement imprévu ou un conflit apparaît, le marché risque de chuter.
Ainsi, les investisseurs prennent peur et anticipent l’impact d’un conflit sur les États-Unis et sur le monde entier. C’est ce qui s’est passé lors du krach de 1973.
De même, il est déjà arrivé que certaines places boursières ferment pendant plusieurs jours, suite à un événement géopolitique important :
- En 2001, la bourse new-yorkaise a fermé durant six jours consécutifs, après les attentats du 11 septembre contre le World Trade Center.
- En 2011, lors de la révolution égyptienne, le marché boursier égyptien est resté fermé durant plus d’un mois.
- Enfin, en 2015, la Grèce a aussi fermé sa place boursière durant plus d’un mois, après avoir fait défaut sur le remboursement de sa dette publique.
14) L’or est populaire
Lorsque le sentiment d’incertitude est élevé, les investisseurs commencent à se désintéresser des actions et se ruent sur l’or. En effet, l’or est considéré comme LA valeur refuge par défaut.
Quand on parle de valeur refuge, il s’agit en fait d’un actif dont on s’attend à ce que sa valeur soit stable ou qu’elle augmente pendant les périodes d’incertitude économique ou boursière.
Concernant l’or, il s’agit de la plus ancienne et de la plus connue des valeurs refuges. D’ailleurs, beaucoup d’États et de banques centrales en détiennent dans leurs réserves, ce qui leur permet de se protéger contre l’inflation et d’atténuer les risques.
Ainsi, le cours de l’or a tendance à augmenter considérablement quand le marché est pessimiste.
15) Les chocs pétroliers
Comme ce fut le cas ces dernières décennies, plusieurs chocs pétroliers ont eu un impact négatif sur l’économie et sur les marchés boursiers.
Et, comme la pénurie de pétrole ralentit l’économie dans sa globalité, cela affecte forcément les entreprises. Ce scénario s’est produit lors des crises de 1973, de 1979 et de 2008.
Pour finir, je souhaitais vous détailler les événements qui ont conduit à ces crises pétrolières.
En 1973, plusieurs éléments ont mené à ce choc pétrolier. Tout d’abord, le congrès américain s’est rendu compte que le pays n’avait plus la capacité d’augmenter sa production. Et, à l’époque, le pays faisait partie des plus gros producteurs de pétrole mondiaux.
Dans le même temps, au début des années 1970, les accords de Bretton-Woods sont abandonnés. Ce qui a pour conséquence directe de dévaluer le dollar américain.
Étant donné que le cours du baril était lui-même libellé dans cette devise, les pays de l’Opep ont décidé d’indexer le cours du baril sur le cours de l’or. Ce qui, bien évidemment, a fait augmenter le cours du pétrole.
Enfin, en 1973, Israël et ses pays limitrophes sont entrés en guerre, il s’agissait de la guerre du Kippour.
À propos du deuxième choc pétrolier en 1979, cette fois-ci, c’est la chute du Shah d’Iran et l’arrivée des ayatollahs qui a initié le choc pétrolier. Et, l’année suivante, un conflit est survenu entre l’Iran et l’Irak. Ce qui a aussi contribué à une forte augmentation du prix du pétrole.
Conclusion
Pour conclure, nous avons vu quinze signes annonciateurs d’un krach boursier. Entre la géopolitique, les cygnes noirs, le cours de l’or, du pétrole et le comportement de la FED, cela fait beaucoup d’indicateurs à analyser.
Par ailleurs, plus vous remarquerez de signes avant-coureurs qui indiquent un krach boursier imminent, plus vous devrez être vigilant avec votre portefeuille et vous préparer à une baisse.
Mais, comme nous l’avons vu, peu importe le nombre de signes que vous trouverez, personne ne sait quand les marchés chuteront. Il est impossible de le prédire, tellement il y a de facteurs différents qui influent sur les marchés.
En plus, il faudrait également que vous deviniez la réaction des investisseurs face à ces événements, ce qui est tout bonnement impossible.
Le meilleur moyen de rester calme quand vous investissez, cela reste de vous constituer un portefeuille équilibré et qui a un couple rendement / risque intéressant. Plus votre portefeuille sera diversifié, que ce soit en bourse, et même dans d’autres classes d’actifs, plus vous serez résilients face aux turbulences des marchés et de l’économie.
Cette infographie ainsi que le texte précédent traitant des signes avant-coureurs d’un krach boursier ont été rédigés par Gwenn du site https://selancerenbourse.fr.