Lorsqu’on parle d’un meilleur investissement réalisé, on imagine toujours une courbe qui part vers le haut, ou une rentabilité de plusieurs centaines de pourcents.
Cela suscite toujours les mêmes questions : Combien d’euros gagnés ? Quel pourcentage de rendement ?
Vient ensuite la question évidente : Quel est le meilleur investissement à faire ? Ou quel est ton meilleur investissement jamais réalisé ?
Puisque la question est posée, je vais tenter d’y répondre.
Le concept du « meilleur investissement »
Au risque de décevoir, j’ai coutume de dire que le meilleur investissement n’existe pas. Pourquoi ? Parce que nous sommes tous différents. Nous n’avons pas les mêmes objectifs, le même horizon d’investissement, la même tolérance face au risque, les mêmes affinités pour certains placements.
Un investissement peut très bien s’avérer être excellent pour un investisseur, et terrible pour un autre. Par exemple :
- Un investisseur passionné par l’immobilier pourra obtenir une très bonne rentabilité en achetant un immeuble à retaper, quand un autre investisseur pourra trouver horrible de devoir gérer toutes les étapes par lesquelles passer (recherche d’un crédit, achat, travaux, recherche de locataires, réparations, éventuels problèmes de location…) et le temps que cela implique d’y consacrer.
- Un investisseur passionné par la bourse pourra trouver génial d’investir sur des crypto ou certaines actions, et pourra très bien supporter leur volatilité en étant concentré sur la hausse à long terme, quand un autre n’arrivera plus à dormir la nuit en voyant le fruit de ses économies faire le yoyo.
Le « meilleur investissement » peut donc ne pas être le meilleur pour tout le monde. Il ne l’est en fait jamais.
Ce que cela sous-entend, c’est qu’il est inutile de demander à d’autres investisseurs « quel est ton meilleur investissement ? », simplement dans le but d’essayer de les copier. En plus de risquer de vous prendre les pieds dans le tapis, c’est une pure perte de temps.
En revanche, cette question, et les réponses qu’elle va susciter, peut et doit servir de source d’information et d’inspiration. Mais sans volonté d’être copiée sans réfléchir.
Le principe de base, fondamental, est que l’on doit tous avoir des investissements différents, parce qu’ils doivent être personnalisés, et adaptés à notre situation particulière.
Mais oublions un instant ce principe, et, pour tenter de répondre à la question initiale, passons quelques investissements en revue.
À la recherche du meilleur investissement
Quel pourrait être mon meilleur investissement ?
Est-ce une action particulièrement bien choisie, sur laquelle j’ai fait un pari osé qui m’a rapporté gros ? Non.
Est-ce une sombre cryptomonnaie que personne ne connaissait, qui a explosé du jour au lendemain, et sur laquelle j’ai placé l’ensemble de mes économies ? Non plus (en pourcentage de rendement, les cryptos restent mon meilleur placement réalisé, mais je suis très loin d’y avoir placé toutes mes économies).
Est-ce une obligation exotique à haut rendement, ou un projet de crowdfunding bien trouvé ? Niet.
Est-ce que j’ai participé au financement d’une start-up qui a révolutionné un marché, générant au passage une rentabilité monstrueuse ? Malheureusement, non.
Est-ce via un club d’investisseurs fermé dont je fais partie, et qui investit dans le private equity ? Toujours pas.
Est-ce un projet immobilier bien monté qui m’a rapporté une rentabilité exceptionnelle ? Même pas, j’ai d’ailleurs assez peu d’affinité avec l’immobilier physique.
On pourrait continuer longtemps comme ça, car en fait, mon meilleur investissement n’est pas un placement.
Mais alors, c’est peut-être un compte que j’ai ouvert quelque part, et qui m’a permis de faire des placements exceptionnels ?
Là encore, la réponse est non.
Ce n’est pas en ouvrant un PEA, pour profiter d’une fiscalité avantageuse en capitalisant sans être taxé.
Ce n’est pas non plus en souscrivant à un contrat d’assurance vie (enfin, à plusieurs), pour le niveau de diversification inégalé de ce couteau suisse fiscal.
Ce n’est pas en ouvrant un compte-titres, qui donne accès à tous les actifs financiers, et qui permet de construire des portefeuilles intelligents, qui s’avèrent plus performants à long terme.
Serait-ce mon plan d’épargne-retraite, qui assurera mes arrières pour mes vieux jours, en complétant mes revenus issus d’autres investissements ? Non plus, même si j’espère avoir le plaisir de le débloquer dans quelques décennies, avec une valeur qui devrait être nettement supérieure à la somme d’argent qui y aura été placée.
Est-ce un compte d’investissement que j’ai ouvert pour mes descendants (qui ne manqueront pas de me remercier !) ? Eh bien, cela peut s’avérer être le meilleur investissement pour eux, car j’aurai également bien aimé pouvoir capitaliser dès ma naissance, et même avant.
Bien entendu, mes investissements personnels sont importants (tout autant que les vôtres !), que ce soit parce qu’ils prennent de la valeur, ou parce qu’ils génèrent des revenus qui peuvent être réinvestis.
D’ailleurs, je ne serai pas légitime pour parler d’investissement si je n’investissais pas moi-même, dans différents types de placements, et via différents comptes.
Le meilleur des investissements : se développer soi-même
Si je devais vraiment faire un classement de mes meilleurs investissements, mes placements ne viendraient probablement qu’en troisième position.
Car le premier, le meilleur investissement, ça a toujours été d’investir en moi.
Autant, pour la bourse ou l’immobilier, le meilleur investissement est propre à chacun, autant il y en a un qui dépasse tous les autres.
Le meilleur investissement que l’on puisse faire, et c’est valable pour tout le monde, c’est d’investir en soi (ou sur soi, si l’on se voit comme une action qui prend de la valeur, métaphore possible).
Et ce n’est pas moi qui le dit. Voici ce que Warren Buffett a déclaré lors du dernier meeting annuel de Berkshire Hathaway :
La meilleure chose que vous puissiez faire est d’être exceptionnellement bon dans quelque chose.
Warren Buffett
Autrement dit, se spécialiser dans un domaine précis, dans lequel on est particulièrement compétent. Puis, il a ajouté :
Quelles que soient les capacités que vous avez, elles ne peuvent pas vous être enlevées. (…) Le meilleur investissement, de loin, est tout ce qui vous développe vous-même, et qui n’est pas du tout taxé.
Warren Buffett
Le prix d’un actif dans lequel on investit peut baisser (et être taxé !), et ce, pour tout un tas de raisons. Au contraire, les connaissances, compétences et expériences qu’on développe, restent définitivement acquises (pour peu qu’on les entretienne un minimum).
Investir en soi : quel retour sur investissement ?
Les conseils de Warren Buffett interviennent dans un contexte de forte inflation, mais on peut tout de même les considérer comme intemporels.
Pendant longtemps, je n’ai pas été d’accord avec ce principe : pour n’importe quel placement sensé, on est certain (ou quasiment certain) d’obtenir un retour sur investissement. Seuls le rendement et le temps nécessaire pour l’obtenir peuvent varier, car nous ne les maîtrisons pas, mais on sait qu’on va finir par obtenir un gain.
Lorsqu’on investit sur soi, le gain peut sembler moins certain. « Est-ce que ces nouvelles informations vont vraiment se traduire par un retour sur investissement ? » est une question légitime qu’on peut se poser.
On peut même avoir l’impression d’avoir investi sur soi pour rien, et d’avoir définitivement perdu le temps et l’argent qu’on y a consacré. Occasionnellement, j’ai eu cette impression.
Pourtant, il y a toujours un retour sur investissement à investir sur soi, même s’il n’est pas identifiable immédiatement :
- Parfois, on n’a tout simplement pas encore assez investi en soi, et il faut continuer pour que ça paye.
- D’autres fois, il faut juste plus de temps et de pratique pour que les compétences et connaissances acquises se matérialisent en quelque chose de concret.
- Il se peut aussi qu’on n’ait pas investi sur soi dans le bon domaine. Mais c’est le fait de l’avoir fait qui permet de se rendre compte qu’on s’est trompé de voie. Dans ce cas, le retour sur investissement est tout aussi réel, puisqu’on sait désormais vers où ne pas aller (et par conséquent, on en sait un peu plus sur vers où aller).
- Enfin, on peut aussi tomber dans des culs-de-sac : la voie suivie semble ne mener nulle part, tant pour soi que pour les autres qui l’empruntent. Dans ce cas, le retour sur investissement est d’avoir pu identifier ce qui ne fonctionne pas. C’est une information sacrément importante, car en plus de savoir vers où rediriger ses efforts, on peut à présent éviter à d’autres personnes de s’engager dans la même impasse.
Je pourrai résumer l’ensemble en : trouver sa voie, investir massivement en soi, puis persévérer et être patient.
Comment investir en soi ?
Concrètement, il y a 3 grandes étapes :
- Avoir la volonté d’investir en soi : sans la volonté de s’améliorer, rien n’est possible. C’est le point de départ.
- Décider de passer à l’action en y consacrant toutes ses ressources à disposition : temps, argent, énergie, réseau…
- S’engager à aller au bout des choses, à appliquer et à mettre en place tout ce qu’on apprend, et à persévérer jusqu’à ce que ça marche. Car tout ce qui est fait superficiellement, juste pour se donner bonne conscience, ne sert à rien.
Finalement, c’est le couple investir en soi / passage à l’action qui apporte des résultats, et in fine, un retour sur investissement.
Dans mon cas, cela a consisté (dans le désordre) à : aller à des séminaires, lire des livres, écouter des podcasts, lire des articles de blogs et des publications scientifiques, regarder des web conférences (les 4 derniers souvent en anglais), rencontrer des gens, monter un blog, apporter de la valeur gratuitement, puis créer une entreprise, acheter des formations, passer des examens et certifications, servir des clients.
Ce mélange d’investissement sur soi/passage à l’action m’a permis d’obtenir un retour sur investissement bien réel, non seulement financer, mais aussi émotionnel (par la double satisfaction d’avoir aidé des gens et du travail accompli) et humain (par les rencontres extraordinaires faites sur le chemin).
Lorsqu’on investit en soi, le retour sur investissement n’est pas quantifiable précisément : il peut s’agir d’un mélange d’argent et de temps gagnés, accompagnés d’éléments qualitatif (développement de ses compétences, de son réseau, de son expérience…)
Mais la meilleure partie n’est-elle pas de savoir que rien ni personne ne peut vous enlever les connaissances et l’expérience acquises ? Je peux tout perdre, matériellement, et pourtant, je sais que je n’aurai pas à repartir de zéro si je devais tout reconstruire. Vous aussi : votre savoir est tout simplement inattaquable.
Investir dans la connaissance est un investissement solide et inébranlable. Vous pouvez en faire une citadelle imprenable.
Pour autant, l’erreur serait de considérer qu’à un certain stade, on a suffisamment investi en soi, qu’on peut arrêter, qu’il n’y a plus rien à apprendre, plus aucune marge de progression possible.
C’est un piège qui touche toutes les personnes qui arrêtent d’apprendre après leurs études, mais qui peut aussi provenir de notre ego, qui nous pousse à nous croire meilleur que les autres. Pour l’éviter, je fais en sorte de continuer à investir en moi, en m’assurant de toujours y consacrer une partie de mes ressources.
C’est comme pour les investissements « placements », l’idéal est de continuer à apprendre, sans date de fin.
Conclusion : coût d’opportunité et perspectives
Mon meilleur investissement n’est donc pas un placement particulier : c’est le cumul des centaines, voire des milliers d’heures passées à investir mon temps et mon énergie, et des milliers d’euros, pour ne pas dire plus, également investis (et non dépensés !) pour acquérir des connaissances, des compétences et de l’expérience.
Enfin, et c’est un choix à faire, investir en soi demande de sacrifier tout ce qu’on aurait pu faire à la place : passer du temps à se divertir, à sortir avec des amis, à partir en vacances ou en week-ends, et autres dépenses-plaisir, voire à se reposer, si notre emploi du temps ne nous laisse que le soir.
Cela ne veut pas dire, qu’il ne faut plus se faire plaisir, mais souvent, le temps passé à investir en soi empiète sur le temps personnel. C’est le prix à payer, et quoique l’on fasse dans la vie, il y a toujours un coût d’opportunité à ne pas avoir pu faire autre chose à la place.
J’espère que cet article vous aura apporté de nouvelles perspectives, ou qu’il vous aura conforté dans votre idée qu’investir en soi est bien le meilleur investissement possible, si nous partagions déjà le même point de vue.
Bonjour,
Je trouve cet article très intéressant. Un point sur lequel on peut appuyer et que souvent pour le passage à l’action une fois que l’on a appris quelque chose de nouveau, le plus difficile c’est le premier pas. Une fois fois ce premier pas passé même si l’utilisation des nouvelles connaissances n’est pas parfaite ont continue à apprendre et surtout cela fonctionne malgré les imperfections dans la mise en œuvre. Dans les investissements comme dans d’autres domaines, l’important c’est de faire.
Bonjour Stéphane,
Je suis d’accord, une fois qu’on a appris quelque chose, la mise en pratique est souvent difficile.
Tu as raison, le passage à l’action est essentiel, car il apporte de l’expérience qui permettra d’agir encore mieux par la suite.
Il ne faut pas rechercher la perfection immédiate, car on risque de ne jamais commencer. Mais plutôt, accepter les erreurs qui seront faites, inévitablement, et s’ancrer dans une logique d’amélioration.
Merci pour ton partage 🙂