Les ETF sont devenus en quelques années l’une des formes d’investissement à long terme parmi les plus populaires. Pour autant, on trouve aujourd’hui tellement de matière sur les ETF, qu’il peut être facile de s’y perdre.
Comme ils sont très simples à acheter, on a vite fait de se retrouver avec un ou plusieurs ETF en portefeuille, sans forcément en comprendre toutes les implications.
Cet article cherchera à éclaircir un peu le vaste et passionnant sujet des ETF, pour l’investissement à long terme.
Qu’est-ce qu’un ETF (FNB) ?
Vous le savez déjà probablement. ETF signifie « Exchange Trading Fund ».
Pour la traduction, tournons-nous vers les Québécois, qui rechignent à utiliser les acronymes anglais, et qui préfèrent l’expression « Fonds Négociés en Bourse », ou FNB.
Cette définition nous donne une première information. Un ETF est avant tout un fond négocié en bourse tout au long de la journée. Les fonds communs de placement, également cotés en bourse, ne sont pas forcément négociables dans la journée. Il n’est pas possible d’y investir (ni d’en sortir) directement, il faut en faire la demande, puis patienter quelques jours.
Par ailleurs, les fonds communs de placement ont souvent des frais d’entrée, ainsi que des frais de gestion annuels très élevés. C’est la raison pour laquelle je conseille de fuir absolument les fonds communs de placement.
De leur côté, les ETF n’ont aucun frais d’entrée. Si leurs documents d’information indiquent parfois des frais d’entrée, il s’agit de frais sur le marché primaire (dans lequel sont vendues pour la première fois les parts d’ETF nouvellement créées), qui ne s’appliquent pas aux particuliers.
En tant qu’investisseur particulier, vous achetez vos ETF sur le marché secondaire (dans lequel peuvent être échangées les parts d’ETF) : la bourse. Vous achetez des parts d’ETF qui existent déjà, potentiellement à un autre investisseur, qui revend les siennes.
Il n’y a donc aucun frais d’entrée possible, car un ETF s’achète toujours au prix du marché, qui est son prix de cotation. Pour un ETF dont le prix de la part est de 50 €, vous devrez investir 50 € (moins les éventuels frais d’ordre du courtier).
Les autres fonds communs (hors ETF) ont des frais d’entrée, car ils opèrent sur le marché primaire : ces fonds créent de nouvelles parts pour que vous puissiez y investir. Ils peuvent alors vous facturer des frais d’entrée (et c’est ce qu’ils font la plupart du temps).
Le fait que les ETF s’achètent (et se vendent) sur les places boursières confère plusieurs avantages (en plus de ceux cités plus bas) :
- Vous pouvez maîtriser le prix d’achat / de vente
- Votre transaction est immédiate. Acheter un ETF se fait « en un clic », aussi facilement qu’acheter une action.
ETF, fonds indiciels et gestion passive
On entend souvent que les ETF permettent d’investir de manière passive. C’est vrai, dans la plupart des cas.
En effet, la majorité des ETF permettent d’investir dans de grands indices boursiers : CAC 40, S&P 500, EURO STOXX 50, FTSE 100, Nikkei, SMI, DAX 30, NASDAQ, MSCI World, etc.
Les indices boursiers représentent différents marchés, plus ou moins larges. Ils sont définis, gérés et mis à jour par de grandes sociétés : Morgan Stanley pour les indices MSCI, Standard & Poor’s pour les indices S&P, le Financial Times pour les indices FTSE, Euronext pour le CAC 40, Solactive, etc.
Certains indices sont connus du grand public, mais il existe une très grande variété d’indices boursiers : indices thématiques (énergies renouvelables, intelligence artificielle…) ou sectoriels (santé, énergie, technologie…), indices de petites entreprises (small cap index), indices factoriels (valeur, momentum…), indices responsables (ESG, ISR…).
Concrètement, les ETF qui suivent des indices répliquent leur performance. Investir dans un ETF qui suit un indice permet donc d’obtenir la performance de l’indice. Ces ETF permettent ainsi d’investir passivement, dans un grand nombre de marchés différents.
Toutefois, les ETF permettent également d’investir dans d’autres classes d’actifs que les actions. Par exemple, on trouve :
- Des ETF d’obligations, classés par émetteur (gouvernements ou entreprise), maturités (obligations à court, moyen, ou long terme) et niveau de risque (obligations investment grade ou high yield).
- Des ETF adossés au cours de l’or ou d’autres matières premières. Techniquement, il s’agit souvent d’ETC – Exchange Traded Commodities – mais le principe est le même qu’un ETF : répliquer le cours d’un actif donné.
- Des ETF de cryptomonnaies (Bitcoin, Ethereum, indices comportant plusieurs crypto…)
- Des ETF mixtes (ou multi-actifs), qui intègrent à la fois des actions et des obligations.
Les ETF sont émis par des sociétés, que l’on appelle « émetteurs d’ETF ». Certaines sont très connues (Amundi, BNP, BlackRock/iShares, Vanguard), d’autres beaucoup moins (VanEck, Xtrackers, State Street).
Lorsqu’un ETF suit un indice, on parle de tracker, ou de fonds indiciel. Dans les faits, la plupart des ETF sont des trackers / fonds indiciels (mais un fonds indiciel n’est pas forcément un ETF, s’il n’est pas négocié en bourse).
Pour autant, il existe également des ETF à gestion active. ETF n’est donc pas forcément synonyme de gestion passive, ni d’investissement à long terme. Il est tout à fait possible de faire du trading sur ETF, et donc d’investir à (très) court terme, car ils peuvent être achetés puis revendus presque instantanément.
Toutefois, le trading n’est pas quelque chose que je recommande. Les études montrent de manière très claire que les traders sont statistiquement perdants à long terme.
Parmi les exemples d’ETF à gestion active les plus connus, les ETF ARK de Cathie Wood sont souvent cités. Les ETF gérés activement ne répliquent pas un indice : une équipe de gestion choisit les titres qui composent chaque ETF, et fait ensuite évoluer cette composition dans le temps.
Les ETF à gestion active sont plus risqués (car la plupart des gestionnaires font moins bien que le marché), moins diversifiés (les ETF actifs comportent moins de titres, qui sont généralement concentrés sur un seul secteur) et plus chers (il faut bien rémunérer le travail de gestion) que les ETF indiciels.
À titre d’exemple, certains ETF ARK ont connu une énorme bulle en 2020, qui a ensuite explosé en 2021/2022. Cette bulle dénote une forte concentration sur un secteur particulier (l’innovation technologique dans cet exemple) et une faible diversification globale.
Si on observe leur performance sur une période de temps suffisamment représentative, on constate que les ETF à gestion active ne font pas mieux que les indices boursiers de la même catégorie. Ils sont simplement bien plus volatils (donc plus risqués), et relativement plus chers que les ETF à gestion passive : l’ETF ARK Innovation facture 0,75 % de frais de gestion annuels, contre entre 0,2 % et 0,3 % pour un ETF passif classique.
Par ailleurs, la volatilité crée du buzz lorsqu’elle s’accompagne d’une forte hausse, attirant alors un grand nombre d’investisseurs. Mais, arrivant souvent après la hausse, ils n’obtiennent souvent que la baisse qui s’ensuit, parfois très forte, qui marque le retour à la moyenne.
Ce type d’ETF à gestion active est donc particulièrement dangereux pour les investisseurs, qui y investissent sous l’influence de leurs biais psychologiques (appât de gain, etc). En investissant au pire moment, après une hausse, ils en viennent à sous-performer l’ETF dans lequel ils investissent (sachant qu’un ETF actif a lui-même de grandes chances de sous-performer le marché).
Ainsi, seuls les ETF indiciels (à gestion passive) permettent de mettre en place une stratégie diversifiée, cohérente et efficiente à long terme, pour investir avec bon sens.
Avantages des ETF
Diversification
L’un des avantages majeurs des ETF est qu’ils permettent de construire un portefeuille très diversifié, pour une somme modique. En effet, la plupart des ETF ont une valeur de part comprise entre 1 € et 100 €. Mettre en place un portefeuille de quelques ETF est donc accessible à toutes les bourses.
Le niveau de diversification que permettent d’atteindre les ETF est très élevé, et serait impossible à égaler en achetant des actions individuelles.
Prenons l’exemple d’un ETF MSCI World, qui permet d’investir simultanément dans plus de 1 500 entreprises à travers le monde, offrant une diversification instantanée qu’un investisseur individuel ne pourrait absolument pas reproduire seul.
Construire un portefeuille diversifié d’actions individuelles, sans passer par un ETF, serait un vrai casse-tête, même en se limitant au marché français. À l’heure où j’écris ces lignes, une action Hermès vaut plus de 1 800 €, contre 11 € pour une action Orange. Entre les deux, on trouve tous les intermédiaires de prix possibles.
Pour investir dans une seule action de chaque entreprise du CAC 40, il faudrait déjà débourser plusieurs milliers d’euros, sans compter qu’on obtiendrait un portefeuille très déséquilibré : Hermès serait 164 fois plus représentée que Orange. Pour l’équilibrer à peu près correctement, il faudrait acheter minimum plus de 1 000 € d’actions par entreprise. Le calcul est rapide : 40 entreprises, 40 000 € pour construire un portefeuille d’actions cohérent, mais dont la diversification géographique resterait limitée à un seul pays.
Ce serait encore pire pour le S&P 500, le principal indice boursier américain, qui compte 505 entreprises américaines dont le prix des actions peut varier énormément : 8 $ pour une action Warner Bros, 3 500 $ pour une action Booking.
Un ETF résout le problème de la diversification, en nous permettant d’investir, souvent pour moins de 100 €, dans des dizaines, centaines ou milliers de titres individuels à la fois, avec des frais d’ordre similaires à l’achat d’une seule action.
Acheter 40 actions d’entreprises différentes coûterait 40 fois plus cher qu’acheter un seul ETF dont la composition intègre ces mêmes 40 actions. Ainsi, on comprend vite qu’il est très difficile de construire un portefeuille diversifié en achetant des actions individuelles.
Transparence
Contrairement à un fonds actif piloté par un gérant, les ETF sont transparents : on connaît leur composition, qui reflète exactement celle de l’indice suivi (CAC 40, STOXX Europe 600, MSCI Emerging Markets…), les entreprises qui y figurent et leur poids dans l’ETF. Voici un exemple avec un ETF suivant l’indice STOXX Europe 600 :
On sait aussi que leur composition ne changera pas en fonction des choix d’une personne. Si elle évolue, ce sera uniquement parce que l’indice suivi se sera renouvelé : quelques entreprises en seront sorties, et auront été remplacées par d’autres.
Mais dans tous les cas, l’ETF suivra toujours son indice, qui est représentatif d’un marché auquel on souhaite être exposé. Il n’y a aucun risque de subir un changement de stratégie, ou les choix loufoques d’un gérant peu inspiré.
Frais minimes
En échange de l’avantage de pouvoir diversifier facilement, les ETF prélèvent des frais de gestion relativement modiques : entre 0,1 % et 0,4 % par an, soit environ 10 à 20 fois moins qu’un fonds commun de placement classique, dont les frais annuels sont souvent compris entre 1 % et 2 % par an.
L’impact des frais excessifs est sous-estimé à long terme. Le graphique suivant permet de constater l’énorme différence qui apparaît entre deux investissements au rendement identique (8 %), mais ayant des frais différents :
- Un ETF dont les frais de gestion sont de 0,2 % / an
- Un fonds commun de placement avec des frais d’entrée de 2 % et de frais de gestion de 1,5 % /an
Pour une somme initiale de 50 000 € placée pendant 40 ans à 8 % (soit le rendement annuel moyen des actions à long terme), un ETF prélevant 0,2 % de frais annuels permettra d’obtenir 1 120 944 €, tandis qu’un fonds commun classique prélevant 2 % à l’entrée puis 1,5 % chaque année ne permettra d’obtenir que 655 110 €.
Sur 40 ans, l’impact des frais excessifs se chiffre dans cet exemple à 465 834 €, ce qui représente plus de 40 % de capital en moins. Sur le long terme, un ETF permet ainsi d’éviter que plus de 40 % du capital ne soit mangé par les frais.
Liquidité
La liquidité désigne la capacité d’un investissement à être acheté ou vendu facilement et rapidement. Une action est généralement très liquide, contrairement à un bien immobilier, qui est par essence très peu liquide.
Les ETF sont très liquides : il est très peu probable que vous vous retrouviez bloqué avec un ETF impossible à revendre.
Les market makers (teneurs de marché) s’assurent que chaque vendeur puisse trouver un acheteur en face de lui, et inversement, en fournissant de la liquidité. Si besoin, ils peuvent également mobiliser les réserves de liquidité prévues pour les échanges OTC (Over The Counter, c’est-à-dire de gré à gré, hors marché).
En outre, certaines bourses, comme le SIX (bourse suisse), ont mis en place un système de cotation sur demande, qui permet de créer de la liquidité depuis le marché primaire. À partir des actifs sous-jacents d’un ETF (les titres contenus dans l’ETF), ils ont la possibilité de créer de nouvelles parts d’ETF, pour faire face à la demande, ou d’en détruire, s’il y en a trop.
Les ETF possèdent ainsi plusieurs couches de liquidité. La liquidité visible dans un carnet d’ordres (acheteurs, vendeurs, market makers) n’est donc qu’une partie de la liquidité réellement disponible.
Disponibilité
Les ETF sont présents dans toutes les enveloppes fiscales et les principaux types de comptes d’investissement : compte-titres, PEA, assurance vie (dans les meilleurs contrats), PER, contrat de capitalisation.
Il n’y a que les PEE (Plans d’Epargne Entreprise) qui ne proposent pas d’ETF : souvent, les ressources humaines ne connaissent pas les ETF, et les entreprises sont des cibles faciles pour les commerciaux des sociétés qui proposent des fonds communs de placement bien chargés en frais.
Mais globalement, quels que soient l’objectif et l’horizon d’investissement ou les modalités fiscales privilégiées, des ETF sont accessibles pour construire un portefeuille.
Capitalisation des dividendes (ou distribution, il y en a pour tous les goûts)
Certains ETF permettent de capitaliser les dividendes, plutôt que de les percevoir.
Concrètement, les dividendes distribués par les actions contenues dans un ETF sont réinvestis automatiquement dans l’ETF, produisant ainsi une légère augmentation du prix de la part.
Pour les investisseurs qui ne cherchent pas à percevoir un revenu immédiat, cela permet de ne pas avoir à réinvestir manuellement le produit des dividendes, et d’économiser quelques frais d’ordre.
Il en va de même pour les ETF obligataires : certains capitalisent les coupons délivrés par les obligations, d’autres les distribuent, laissant le choix à l’investisseur en fonction de la stratégie qu’il souhaite privilégier : distribution de revenus ou croissance du capital.
La capitalisation des dividendes est très intéressante pour les investisseurs à long terme, qui veulent faire fonctionner au mieux les intérêts composés pour faire croître leur capital. La distribution des dividendes est intéressante pour les investisseurs qui veulent tirer des revenus d’un capital existant (voici quelques ETF qui distribuent un dividende, même si c’est loin d’être la seule stratégie possible).
Bon à savoir : la capitalisation des dividendes ne permet pas d’éviter la majeure partie de leur imposition, car les émetteurs d’ETF sont souvent imposés sur les dividendes par le pays d’origine des actifs qui composent l’ETF. C’est autant valable pour les ETF distribuants que pour les capitalisants (pour ces derniers, les dividendes sont capitalisés après imposition).
Concernant les ETF distribuants, il existe des conventions entre pays, afin d’éviter d’être à nouveau imposé par son propre gouvernement sur un dividende qui a déjà été taxé par un autre pays. En général, les courtiers proposent de remplir un simple formulaire pour en bénéficier.
Sérénité
Lorsqu’on fait du trading ou du stock picking (sélection d’actions individuelles), on se demande en permanence si on a fait les bons choix, si d’autres n’auraient pas été meilleurs, combien de temps garder un titre, par quel autre titre le remplacer, etc.
Ces questions qui tournent en permanence sont usantes sur le long terme. Investir dans un ETF qui suit un indice large et diversifié retire ces questions de l’équation.
En investissant dans des ETF, on est certain de faire le bon choix, puisqu’on sait qu’on finira par surperformer la grande majorité des traders, gestionnaires actifs et stock pickers (ceux qui investissent dans des actions individuelles).
On détient un indice qui se renouvelle tout seul, qui suit les évolutions du marché et de l’économie, et qui permet d’investir sans avoir à faire de suivi permanent.
Le fait de pouvoir investir passivement, en suivant simplement l’évolution du marché sur le long terme, apporte une tranquillité certaine. Vous pouvez investir sereinement, sans que votre investissement vous tracasse la nuit, ni sans avoir à y penser tous les jours.
Inconvénients des ETF
Aucun actif ni produit d’investissement ne comporte que des avantages. Les ETF ne font pas exception, et ont quelques inconvénients, qu’il est bon de connaître, même si à mon sens, ils sont loin de contrebalancer leurs avantages.
Leur cotation instantanée sur les marchés
C’est un avantage, mais aussi un inconvénient : la cotation en direct peut nous inciter à faire trop d’opérations, à changer de stratégie à la volée, à viser le court terme en fonction de l’évolution des cours, plutôt que le long terme.
Les courtiers nous incitent également, avec leurs interfaces, leurs newsletters et leurs émissions, à faire plus d’opérations qu’il ne faudrait. Ils cherchent à nous faire croire qu’il faut suivre l’actualité pour investir, ce qui est on ne peut plus faux lorsqu’on investit à long terme dans des ETF diversifiés.
Ce piège peut être évité en évitant de regarder l’évolution des cours de trop près : une connexion à chaque nouveau versement ou lors de chaque arbitrage (une fois par an) suffit largement. Le reste du temps, il est inutile de vous préoccuper de l’évolution des cours.
Leurs frais (dans certains cas seulement)
Il est assez rare, mais néanmoins possible, de rencontrer des ETF particulièrement chers, dont les frais de gestion annuels peuvent dépasser 0,5 % / an. C’est le cas des ETF actifs, dont nous avons vu qu’ils étaient avant tout plus risqués, sans être plus performants.
C’est aussi le cas de certains ETF passifs, qui suivent des marchés exotiques (exemple : Vietnam) ou des secteurs trop spécifiques (exemple : maisons intelligentes), par nature très peu diversifiés, et par conséquent particulièrement risqués (en plus d’être très chers pour y investir).
Vous ne devriez jamais investir dans un ETF dont les frais de gestion sont supérieurs à 0,3 %, à moins que cet ETF n’apporte quelque chose de particulier, ou qu’il puisse avoir une espérance de gain supérieure à d’autres, par exemple.
Chez les courtiers européens, on commence à trouver des ETF dont les frais de gestion annuels sont inférieurs à 0,1 %. La concurrence entre émetteurs d’ETF profite largement aux investisseurs.
Les risques potentiels de la gestion passive
Les détracteurs des ETF arguent que si tout le monde faisait de la gestion passive sur ETF, cela poserait plusieurs types de problème. Examinons-les.
Investir dans des ETF consiste à acheter des paniers d’actions, sans choisir de titres particuliers. Un panier d’action est généralement pondéré selon le poids de chaque entreprise dans l’indice qui est suivi.
Par exemple, LVMH (MC dans le graphique suivant) pèse 12 % du CAC 40, contre seulement 0,5 % pour Alstom (ALO). De même, Apple (APPL) pèse 7 % du S&P 500, contre 0,02 % pour Paramount (invisible sur le graphique).
Si tout le monde faisait de la gestion passive, cela figerait relativement le poids de chaque entreprise dans les indices : LVMH représenterait toujours 12 % du CAC 40, et Apple 7 % du S&P 500, peu importe la manière dont ces entreprises évoluent, empêchant ainsi les plus petites de recevoir beaucoup de capitaux.
De même, lors des crises, cela augmenterait la corrélation des actions, qui chuteraient toutes en même temps, sans prendre en compte les secteurs/pays réellement affectés par la crise.
Globalement, les marchés deviendraient moins efficients, le prix de chaque action devenant moins sensible aux nouvelles concernant une entreprise particulière.
Voilà les arguments que l’on entend parfois, et qui semblent a priori tout à fait acceptables. Pour autant, je ne crois pas que ces problèmes surviendront, pour plusieurs raisons :
- Les investisseurs ne feront jamais tous de la gestion passive. Si tout le monde en faisait, cela créerait en effet des inefficiences sur le marché, du fait des corrélations trop fortes entre actions. Ces inefficiences seraient alors facilement exploitées par des investisseurs actifs compétents, qui attireraient des investisseurs, augmentant alors la proportion de gestion active. Trop de gestion passive engendrerait donc un regain de gestion active. Par ailleurs, l’ego étant une caractéristique humaine, il y aura toujours des investisseurs qui penseront pouvoir faire mieux que le marché, en investissant activement.
- Les ETF ne sont pas tous identiques. Certains sont équipondérés (chaque entreprise a le même poids dans un indice), évitant ainsi que la majorité du flux d’argent soit dirigé sur les plus grosses entreprises. Certains sont des ETF ESG/ISR, ils ne sélectionnent que les meilleures entreprises évaluées sur des critères durables, qui peuvent évoluer. Il y a aussi les ETF Smart Beta, qui sélectionnent des titres selon des critères fondamentaux (valeur, qualité) ou techniques (Momentum, volatilité). Plus la gestion passive se développe, plus il y a de stratégies passives possibles et d’ETF différents, ce qui limite de fait les corrélations entre actions et les inefficiences du marché.
- Tous les investisseurs n’ont pas les mêmes objectifs, le même profil de risque ou le même âge. Certains investissent la totalité de leur patrimoine dans des ETF, d’autres une petite partie seulement. Certains investissent majoritairement en actions, d’autres en obligations et dans des fonds en euros. Certains sont en phase d’investissement, d’autres sont en phase de retrait (ils revendent leur capital pour en tirer des revenus). Par conséquent, tout le monde ne fait pas la même chose en même temps avec son portefeuille d’ETF.
Je ne crois donc pas du tout au risque que chaque investisseur se retrouve avec un ETF identique en poche, et en suivant exactement la même stratégie passive. La gestion passive finira probablement par plafonner à un certain stade, qui est difficile à estimer. La gestion active devrait continuer de reculer pendant encore quelque temps, mais elle ne disparaîtra pas. Cependant, il est possible qu’une sélection se fasse, et que seuls les meilleurs investisseurs actifs (ou les moins mauvais) survivront.
Dans l’idéal, la gestion active devrait être l’apanage des professionnels, tandis que les investisseurs particuliers ont tout intérêt à investir passivement.
Le seul argument contre la gestion passive sur ETF qui me semble valable concerne la gouvernance. À mesure que la gestion passive se développe, les gros émetteurs d’ETF (Vanguard, iShares, State Street, Amundi) occupent de plus en plus de poids dans les assemblées générales des entreprises, en tant qu’actionnaires.
Quel rôle peuvent-ils jouer, sachant qu’ils n’entrent pas dans une entreprise par conviction, mais simplement parce qu’ils répliquent un indice contenant l’entreprise ? La question se posera de plus en plus.
Les limites physiques de notre monde
La Terre n’est pas extensible, et on peut se demander si la croissance du marché et de l’économie ne va pas finir par heurter une limite indépassable. C’est la fameuse phrase :
Peut-on obtenir une croissance infinie dans un monde fini ?
La finitude de la Terre n’est pas la seule limite. L’impact du changement climatique sur l’économie et les marchés est encore inconnu, et l’aplatissement de la croissance démographique peut aussi interroger : les rendements futurs seront-ils aussi bons que les rendements passés ?
Au Japon, pays vieillissant à la démographie déclinante, le marché des actions semble déjà moins performant que dans beaucoup d’autres pays. Néanmoins, il progresse toujours.
Dans un monde sans croissance, pourrait-on voir des ETF qui suivent des indices boursiers continuer de croître, ou faudra-t-il se montrer plus sélectif, si les marchés dans leur ensemble se mettent à stagner ? La question est ouverte, et il est possible que se contenter d’investir uniquement dans le MSCI World pourrait ne plus être aussi pertinent que par le passé.
Certains ETF (Smart Beta notamment) permettent déjà d’opérer un tri pour ne conserver que les actions ayant davantage d’espérance de gains que l’ensemble du marché.
Bien sûr, le sujet des rendements futurs ne se limite pas seulement aux ETF, mais concerne l’ensemble de la classe des actions, qui comprend aussi les actions individuelles, et tous les fonds d’actions qui ne sont pas des ETF.
D’autres classes d’actifs sont aussi concernées, comme l’immobilier, qui risque de chuter si la population décroît (d’un autre côté, il pourrait aussi grimper avec une politique de zéro artificialisation nette, anticiper l’évolution des prix est complexe).
À l’opposé, il existe des arguments tout aussi valables : même dans un monde sans croissance absolue du chiffre d’affaires des entreprises, parce que la population diminue (par exemple), des gains de productivité seront toujours possibles, ce qui permettrait aux bénéfices de progresser, ne serait-ce que par la réduction des coûts de production.
Par ailleurs, l’inflation est toujours positive. Même s’il ne s’agit pas de croissance, les actifs reflèteront nécessairement cette inflation, qui est orchestrée par les banques centrales (elles visent à maintenir une inflation moyenne 2 % / an).
Même sans croissance économique ni sans aucun gain de productivité, s’il y a de l’inflation, les ETF d’actions devraient toujours croître sur un rythme moyen au moins égal à l’inflation, ce qui permettra toujours de se protéger contre la dévaluation de l’argent.
Je vois donc très peu de scénarios (voire aucun) dans lesquels les ETF perdraient absolument tout intérêt et ne seraient plus du tout pertinents pour l’investissement à long terme.
Conclusion sur l’investissement à long terme dans des ETF
Les ETF sont d’excellents supports pour investir à long terme, de façon passive.
J’ai tenté d’équilibrer au maximum les avantages et les inconvénients des ETF, par souci d’objectivité. Néanmoins, tous les avantages des ETF sont certains et bien réels, tandis que les inconvénients que j’ai présentés sont soit :
- Facilement évitables (les rares ETF ayant trop de frais)
- Ils découlent d’un avantage (la cotation en direct)
- Ils représentent un risque potentiel, mais très incertain (si la gestion passive prenait trop d’importance, ou les limites du monde, sachant que pour cette dernière, l’ensemble des actifs seraient concernés, pas seulement les ETF).
Si vous êtes convaincu par l’investissement à long terme via des ETF, connaître les critères pour choisir un ETF pourrait vous intéresser.
Super article
Article super complet.
Je suis aussi un investisseur friands des ETF. J’aime beaucoup leur simplicité et la facilité de gestion. Un PEA avec 2 ou 3 lignes (bien choisies) avec une méthode DCA et on peut commencer les hostilités ????
Merci pour ce contenu.
Oui, par exemple. Après, il y a d’autres manières d’utiliser les ETF qu’en faisant un DCA sur PEA.
(Désolé, j’ai mis des « ???? » mais je voulais mettre un « ???? »).
Oui. En effet. Mais cela dépend des profil de l’investisseur et de leur objectifs.
Un smiley 🙂