Cet article résume les points-clés du livre « Nous parlons de millions ! 12 façons simples de booster votre retraite » (We’re Talking Millions ! 12 Ways to Supercharge Your Retirement), de Paul Merriman et Richard Buck, 2020.
Introduction
Il n’y a aucune magie ici, seulement du bon sens.
L’objectif de ce livre est de vous montrer comment vous pouvez changer votre vie avec quelques bons choix, qui pourraient vous permettre d’accumuler des millions pour votre retraite et à laisser à vos héritiers.
Il ne s’agit pas de vous donner une parfaite compréhension des notions de risque, de classes d’actifs et d’analyse des fonds. Il s’agit de fournir une explication simple sur les choses les plus importantes que tout investisseur devrait faire – et comment les faire.
La meilleure façon d’investir pour le long terme
L’objectif est d’adopter un plan simple pour les années à venir, jusqu’à votre retraite.
Aujourd’hui, il est facile de constater que très peu de personnes sont en bonne voie d’avoir suffisamment d’argent pour leur retraite.
Vous trouverez ici 12 petits pas qui pourront faire une grande différence. Chacun d’eux peut potentiellement ajouter 1 million d’euros dans le pécule de retraite de toute personne qui les appliqueraient, en commençant à 20 ou 30 ans.
Il n’y a aucun mystère. Ces petits pas sont bien connus des investisseurs intelligents. Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il est possible de tous les appliquer ensemble, facilement.
Les recherches universitaires disponibles montrent que le meilleur moyen d’obtenir une croissance à long terme sur le marché boursier consiste mettre en place un portefeuille d’actions à faible coût, massivement diversifié.
Crise économique et incertitude
La crise qui a débuté en 2020 nous affecte tous, et rend l’avenir économique très incertain. Pourtant, historiquement, les crises sont le point de départ des investissements fructueux et des opportunités.
Même si vous avez seulement 100 € par mois à investir, vous pouvez commencer dès maintenant. Le marché boursier a tendance à récompenser ceux qui ont confiance pour investir à long terme.
Il n’est jamais trop tard pour commencer. Il n’est jamais trop tôt pour commencer. Et il n’y a aucune honte à commencer petit.
Si vous avez déjà un portefeuille d’investissement, les unes ou deux heures que vous passerez à mettre en place ces recommandations pourraient vous rapporter plusieurs millions d’euros au cours de votre vie.
L’éléphant dans la pièce : l’inflation
Ajouter des millions à votre épargne retraite peut sembler grotesque. Mais cela ne l’est plus lorsque vous comprenez les nombres. Cela passe par comprendre l’inflation.
Une inflation de 3%/an réduirait en 50 ans 1 million d’euros à 228 000 € en valeur d’achat.
La bonne nouvelle est que les recommandations présentées ici sont susceptibles de faire grossir votre capital à un rythme supérieur à l’inflation. Ainsi, un rendement brut de 10%/an, soit de 7%/an net d’inflation, est réaliste pour les actions, car cela correspond à une moyenne historique.
Par exemple, 100 € se transformeront en quasiment 1 500 € en valeur réelle (nette d’inflation) après 40 ans. Les grands nombres ne sont pas si grotesques, et chaque euro investi pourra contribuer à augmenter votre pouvoir d’achat.
Bien sûr, un million d’euros ne se matérialisera pas à partir de rien. Vous devrez économiser de l’argent, l’investir judicieusement, et lui donner du temps.
Chaque petit pas présenté ici est simple à comprendre à exécuter, et peut avoir une grande influence sur votre future situation financière.
1. Épargnez au lieu de dépenser
N’épargnez pas ce qu’il reste après avoir dépensé. À la place, dépensez ce qu’il reste après avoir épargné.
Warren Buffett
Ce petit pas est le plus impactant, car il a le pouvoir de séparer ceux qui atteindront l’indépendance financière de ceux qui ne l’atteindront pas.
Vous ne pouvez pas investir ce que vous n’avez pas épargné, mais vous ne pouvez évidemment pas investir tout ce que vous gagnez.
Il vous faut également vivre et apprécier votre vie. Mais vous avez compris les enjeux.
Les plus jeunes auront l’avantage de pouvoir commencer plus tôt, mais épargner reste difficile dans un monde qui nous pousse à dépenser en permanence.
Vous devez donc arriver à reporter une partie de vos gratifications immédiates en vivant en dessous de vos moyens, car autrement, vous ne pourrez jamais investir.
2. Commencez à épargner tôt plutôt que tard
Il n’est pas nécessaire de voir tout l’escalier pour faire le premier pas.
Martin Luther King Jr.
Plus vous investissez tôt, plus votre récompense sera grande. Par exemple, pour un investissement à 8%/an :
- Avec 100 € investis à 20 ans, vous aurez 3 192 € à 65 ans.
- Avec 100 € investis à 30 ans, vous aurez 1 478 € à 65 ans.
- Avec 100 € investis à 40 ans, vous aurez 684 € à 65 ans.
Les premières années d’épargne sont les plus importantes, car ce sont vos investissements qui auront le plus de temps pour fructifier.
Ainsi, si vous commencez à investir 5 000 € par an à 8% à 31 ans au lieu de 21 ans, votre pécule pour la retraite sera de 860 000 €, au lieu de 1 930 000 €.
Autrement dit, si reportez vos investissements de 10 ans, le capital que vous pourrez obtenir pourrait être plus que divisé par deux.
Mettez le temps de votre côté, même si cela implique de commencer petit.
Voici deux astuces presque radicales pour commencer encore plus tôt que ce que vos propres moyens vous permettent de faire :
- Empruntez de l’argent à vos parents ou grands-parents, en leur proposant un taux d’intérêt supérieur à celui qu’ils touchent actuellement, s’il est bas.
- S’ils en ont les moyens, demandez-leur une avance sur votre héritage, sur lequel vous leur paierez quelques intérêts (qui vous reviendront un jour).
Car votre héritage aura bien plus de valeur si vous le toucher aujourd’hui pour l’investir, que si vous le touchez seulement dans 30 ou 40 ans. Dans les deux cas, montrez-leur que vous êtes responsable financièrement et prévoyant.
3. Investissez dans des actions, pas dans des obligations
Si je devais choisir entre des actions et des obligations, je choisirai immédiatement les actions.
Warren Buffett
Les portefeuilles d’investissement se divisent souvent entre actions et obligations.
Les actions représentent un titre de propriété d’une entreprise. Si tout va bien, l’action prend de la valeur et distribue une partie de ses bénéfices. Le risque étant que l’entreprise peut péricliter.
Les obligations représentent des prêts aux entreprises ou aux états, accompagnés par le paiement d’un intérêt. Le risque étant que l’emprunteur fasse défaut.
Historiquement, les actions, bien que plus risquées, sont plus performantes que les obligations. En effet, depuis 1928, le rendement moyen sur 40 ans a été de 5,5 % / an pour les obligations, contre 10,9 % pour les actions américaines (indice S&P 500).
De vos 20 ans jusqu’à vos 60 ans, un portefeuille majoritairement composé d’actions est potentiellement une décision à un million d’euros.
Cependant, si les jeunes investisseurs ont besoin de croissance (et devraient investir dans des actions), ceux qui sont à la retraite peuvent introduire une part d’obligations dans leur portefeuille, afin de réduire l’impact de la volatilité du marché des actions.
4. Possédez de nombreuses actions plutôt que quelques-unes seulement.
Ne cherchez pas l’aiguille dans la botte de foin. Achetez simplement la botte de foin.
John Bogle
Vouloir gagner gros en bourse en investissant dans la bonne action est une des principales erreurs que font les jeunes investisseurs.
Il est particulièrement difficile de deviner quelle action sera le prochain Apple, IBM ou Amazon. Et le risque de perdre gros est bien présent en procédant ainsi.
À la place, en investissant dans un grand nombre d’actions, vous êtes protégé si l’une d’entre elles vient à chuter. La diversification vous protège.
Une étude académique de référence a montré que le rendement du marché américain (environ 10%/an sur les 90 dernières années) pouvait être attribué à moins de 4% des actions.
Inversement, 96% des actions ont un rendement moyen d’environ 3%/an, similaire à celui des bons du Trésor.
Cela signifie que les chances de trouver une valeur vedette sont de 1 sur 25. Alors qu’en investissant dans l’ensemble des actions, vous vous seriez assuré d’avoir obtenu le rendement historique du marché, 10%/an.
Les probabilités indiquent donc que vous obtiendrez certainement un meilleur rendement en possédant plusieurs centaines ou milliers d’actions, que quelques-unes.
Placer votre argent dans une seule entreprise est considéré comme de la spéculation, tandis que posséder des centaines d’entreprises est considéré comme un investissement.
Investir dans un grand nombre d’actions est donc également une décision à un million d’euros. Et grâce aux fonds indiciels, il est aussi facile d’investir dans des centaines d’actions à la fois que dans une seule.
5. Réduisez vos frais d’investissement
Les deux grands ennemis de l’investisseur en actions sont les frais et les émotions.
John Bogle
Réduire vos frais est un des premiers moyens d’obtenir de plus hauts rendements. En effet, chaque euro qui ne part pas en frais d’investissement est un euro qui pourra fructifier.
En réduisant vos frais annuels de 0,50%, à l’échelle d’une vie, c’est jusqu’à un million d’euros en plus qui pourront s’additionner à votre pécule.
Choisissez des fonds dont les frais sont faibles, autour de 0,20%/an, et qui n’ont pas de frais cachés. Les fonds indiciels sont tout indiqués, et ont généralement des frais bien inférieurs aux fonds gérés activement.
6. Choisissez les fonds indiciels
Les fonds indiciels ont régulièrement produit des rendements dépassant de 2% ceux des gestionnaires actifs.
Burton Malkiel
Les fonds indiciels sont conçus pour répliquer, à faible coût, la performance d’indices boursiers, comme le CAC 40 ou le S&P 500.
À l’opposé, les fonds actifs contiennent uniquement des actions qui ont été sélectionnées par un gestionnaire. Pour ce travail, ils facturent des frais qui sont en moyenne 1% supérieurs à ceux des fonds indiciels.
En ce qui concerne leur performance, une étude sur 15 ans a démontré qu’un fonds indiciel S&P 500 avait battu 92% des fonds d’actions gérés activement.
Les fonds indiciels sont donc en moyenne moins chers, et plus performants que les fonds actifs. De plus, comme ils contiennent plus d’actions, leur diversification diminue les risques.
Les fonds indiciels permettent d’investir dans tous les types d’actions (croissance, valeur, grandes et petites entreprises, internationales, pays émergents…) et d’obligations.
7. Investissez dans des actions de petites entreprises
Les actions de petites entreprises ont un historique de rendement supérieur à celui de leurs homologues de plus grande taille. Nous pensons qu’elles devraient jouer un rôle important dans vos investissements.
Toutes les grandes entreprises d’aujourd’hui (Google, Facebook…) ont un jour été de petites entreprises, avec un fort potentiel de hausse.
Les petites entreprises peuvent potentiellement doubler, tripler ou quadrupler leur taille en quelques années.
Comme pour les autres types d’actions, il est préférable d’investir dans des centaines de petites entreprises à la fois (via un fonds indiciel), afin de réduire les risques.
Depuis 1928, le rendement annuel moyen sur 40 ans pour les actions de petites entreprises a été de 13,8%, contre 11% pour le S&P 500 (grandes entreprises).
Généralement, on considère qu’une small cap (petite entreprise), a une capitalisation boursière (le prix de l’action multiplié par le nombre d’actions) inférieure à 3 milliards d’euros.
8. Investissez dans des actions de valeur
Le secret de l’investissement est de déterminer la valeur de quelque chose – puis de payer beaucoup moins cher.
John Greenblatt
Les actions de valeur se définissent pas rapport aux actions de croissance. Une action de croissance est une action qui a d’excellents chiffres : des revenus en hausse, de large part de marché et de belles perspectives.
Ainsi, les actions de croissance sont populaires, mais chères, parce que tout le monde sait qu’il s’agit de très bonnes entreprises. Inversement, les actions de valeur sont bien moins chères, car moins populaires, pour différentes raisons.
Le ratio cours/bénéfices détermine si une action est orientée croissance ou valeur. Par exemple, le ratio cours/bénéfices (ou price/earnings ratio) d’Amazon, action de croissance, est de 116.
Cela signifie qu’Amazon coute 116 fois ses bénéfices annuels par action. Dans le même temps, Bank of America, action de valeur, coute seulement 10 fois ses bénéfices annuels par action.
Les actions de valeur s’achètent donc à un prix d’occasion, ce qui est synonyme d’un plus grand potentiel de hausse.
Depuis 1928, le rendement annuel moyen sur 40 ans pour les actions de valeur a été de 13,5%, contre 10,9% pour le S&P 500.
Ce petit pas peut aussi potentiellement ajouter un million d’euros dans votre portefeuille.
9. Achetez et conservez
Si vous répartissez correctement vos investissements et que vous les conservez contre vents et marées, vous avez de fortes chances d’obtenir des rendements supérieurs à la moyenne.
Acheter et conserver (buy and hold) signifie ne plus rien faire après avoir acheté. L’opposé consiste à pratiquer le market timing, c’est-à-dire acheter et vendre quand vous pensez que c’est le bon moment.
La grande majorité des tentatives de market timing sont contreproductives, et peuvent vous faire perdre beaucoup.
Les investisseurs sont généralement tentés de faire du market timing quand les cours s’effondrent : ils ont peur et coupent leurs pertes en revendant leurs actions.
Mais les baisses sont suivies de hausses, et comme on ne sait jamais à l’avance jusqu’où le marché va chuter, ni quand il va revenir à son niveau d’avant, il est impossible de deviner le meilleur moment pour rentrer à nouveau. Vous pourriez alors manquer la hausse à venir.
Tenter de deviner ce que va faire le marché à court terme revient à s’exposer à ses émotions, et risque de vous faire faire l’inverse de ce qu’il faudrait faire : acheter bas, vendre haut.
DALBAR, un cabinet de recherche de Boston, a mis en évidence dans une étude courant sur 36 ans, que les investisseurs qui achètent puis conservent leurs actions à long terme ont de bien meilleurs rendements que ceux qui cherchent à acheter/vendre à court terme.
10. Mettez les mathématiques simples à votre service
Des investissements réguliers utilisant le dollar-cost averaging dans un groupe d’actions dont les prix fluctuent fortement peuvent transformer un investissement perdant en investissement gagnant.
Le dollar-cost averaging consiste à investir régulièrement avec la même somme.
Si le prix du fonds dans lequel vous investissez baisse, vous pourrez acheter plus de parts. Si le prix monte, vous achèterez moins de parts. Votre coût d’achat se trouve ainsi moyenné dans le temps.
Le dollar-cost averaging vous garantit d’avoir un coût d’achat moyen qui restera bas, en profitant des baisses temporaires.
Entre 1929 et 1938, les small caps value (actions valeur de petites entreprises) ont perdu 52%. Pour autant, un investisseur qui aurait investi chaque année durant ces 10 ans aurait obtenu un gain de 52,4%.
Comment est-ce possible ? Le dollar-cost averaging a simplement permis de profiter de coûts d’achats très faibles lors des années de fortes baisses des small caps.
Au fil des années, il a donc été possible d’acheter plus de parts de small caps, qui, lorsqu’elles sont reparties à la hausse, ont transformé l’investissement en bénéfice malgré la baisse globale.
Cet exemple est extrême, car il est très rare d’observer une telle baisse sur 10 ans. Mais il montre que le dollar-cost averaging est particulièrement efficace avec les actions qui sont très volatiles.
Si vous vous demandez si aujourd’hui est le bon moment pour commencer à investir, le dollar-cost averaging est la réponse : commencez maintenant, puis continuez régulièrement.
Cela demande néanmoins de la patience (lorsque le marché baisse) et de la discipline (continuer à acheter peu importe la direction des cours), mais qui finiront par être récompensées.
11. Minimisez le poids des impôts
On l’a dit à maintes reprises : quoi que vous fassiez, vous ne pouvez échapper à la mort et aux impôts. Mais vous n’avez pas à surpayer.
Si payez des impôts est obligatoire, négliger l’impact de la fiscalité peut vous coûter beaucoup d’argent. La fiscalité est complexe, mais voici les principes essentiels à comprendre.
Il existe deux types de comptes d’investissement : les comptes qui taxent pleinement les plus-values, et ceux qui bénéficient d’une fiscalité avantageuse.
Parmi ces derniers, on trouve le PEA et l’assurance vie (note : j’ai remplacé la terminologie américaine par la française, notamment en ce qui concerne les enveloppes fiscales).
Les comptes qui bénéficient d’une fiscalité avantageuse ont souvent des restrictions (plafond à ne pas dépasser, temps d’attente avant de pouvoir faire des retraits sans pénalités, ou liste restreinte de fonds d’investissement disponibles).
Pour votre épargne-retraite, l’essentiel à retenir est d’utiliser au maximum de vos capacités les comptes qui bénéficient d’une fiscalité avantageuse.
12. Utilisez un fonds de retraite à date cible
Les fonds de retraites à date cible (target-date funds) sont construits pour diminuer progressivement l’exposition au risque des actions (en augmentant la proportion d’obligations), à mesure que la date prévue de départ à la retraite approche.
Les fonds de retraite à date cible visent des dates de départ en retraite spécifiques, par incrément de 5 ans (2045, 2050, 2055…).
Ils permettent de mettre en place nombres d’étapes vues précédemment, ainsi que d’éviter les erreurs commises par la plupart des investisseurs.
Des chercheurs de la Wharton School of Business ont publié une étude en 2020 qui a suivi un million de participants sur 12 ans.
Ils ont mis en évidence que les investisseurs qui privilégient les fonds à date cible ont obtenu en moyenne 2,3% de rendement annuel en plus que les investisseurs utilisant d’autres types de fonds (2,3% de rendement annuel en plus permet d’obtenir un capital deux fois supérieur sur 30 ans).
Les fonds à date cible permettent finalement de simplifier l’investissement, tout en maximisant les chances d’atteindre les résultats voulus.
Ils ont cependant quelques défauts :
- Une faible exposition aux actions de valeur et aux actions de petites entreprises.
- Le mix d’actions est identique pour tous les investisseurs, peu importe leur âge.
- Ils ne prennent en compte que l’âge des investisseurs, et non leur tolérance au risque, qui peut varier.
- Ils contiennent des obligations, même pour les plus jeunes investisseurs.
Note : Les fonds à date cible sont plus développés en Amérique du Nord qu’en Europe, où il sera probablement plus difficile d’en trouver.
Les recettes du succès
Vous avez pu découvrir jusqu’ici comment mettre en place des petits pas en vue d’obtenir des résultats supérieurs à long terme.
Cette partie complémentaire met l’accent sur quelques éléments spécifiques, qui participeront au succès de vos investissements.
La magie des actions valeur des petites entreprises
Si vous voulez avoir une chance raisonnable d’obtenir une performance vraiment supérieure, que vous êtes patient et avez foi en l’avenir sur un long horizon de temps, nous pensons que les actions de valeur des petites entreprises constitue votre meilleur choix.
Nous avons vu que les actions de petites entreprises ont historiquement surpassé les grandes, et que les actions de valeur ont surpassé les actions de croissance.
Il s’avère donc très judicieux de combiner les deux en investissant dans les small caps value, les actions valeur des petites entreprises.
Entre 1928 et 2019, le rendement annuel moyen des small caps value a été de 13,2%, contre 9,9% pour le S&P 500. Mieux, leur plus mauvaise période de 40 ans a engendré un rendement de 11,6%, soit toujours supérieur au S&P 500.
Il y a cependant des périodes durant lesquelles les actions des grandes entreprises font mieux que les petites, et ou les actions de croissance font mieux que les actions valeur.
C’est pourquoi il peut être intéressant de combiner dans votre allocation :
- Un fonds de retraite à date cible (80-90% de votre portefeuille).
- Un fonds indiciel small caps value (10-20% de votre portefeuille).
Ainsi, vous bénéficierez du confort mental d’un portefeuille classique, associé à un fonds qui vise à obtenir une surperformance significative à long terme.
Pour que les jeunes investisseurs puissent davantage s’exposer aux small caps value, et pour que les investisseurs proches de la retraite diminuent leur risque, vous pouvez multiplier votre âge par 1,5.
Le chiffre obtenu vous donnera le pourcentage à allouer au fonds de retraite à date cible, le reste allant aux actions valeur des petites entreprises.
Depuis 1970, un investisseur investissant 1 000 € par an durant 40 ans aurait obtenu en moyenne :
- 698 800 € avec un fonds de retraite à date cible
- 972 900 € en combinant un fonds de retraite à date cible avec un fonds small caps value, soit un capital de 39% supérieur.
Il n’existe bien entendu aucune formule permettant à l’avance d’être certain d’obtenir les rendements les plus élevés. Les résultats restent imprévisibles.
Le rééquilibrage : mettre les nombres au travail
La beauté du rééquilibrage est qu’il vous oblige à baser vos décisions d’investissement sur une norme simple et objective.
Benjamin Graham
Le rééquilibrage consiste à ramener périodiquement votre portefeuille vers l’allocation définie au départ. Il permet de garder votre portefeuille sur les bons rails, en lien avec vos objectifs.
Un rééquilibrage une fois par an est suffisant. Il laisse le temps aux actifs qui seront les plus performants de s’apprécier, tout en gardant le risque sous contrôle.
Par exemple, vous avez un portefeuille de 100 000 €, avec l’objectif de le répartir ainsi : 60% d’un fonds à date cible, 40% de small caps value.
Votre allocation actuelle est de 48 000 € en small caps value. La différence entre votre allocation actuelle et votre allocation cible pour les small caps value est de 8 000 € (48 000 – 40 000).
Pour rééquilibrer, il vous faut vendre 8 000 € de small caps value, puis acheter la même somme en fonds à date cible.
Si vous effectuez un rééquilibrage dans un PEA ou une assurance vie, il n’y aura aucune conséquence fiscale.
Si vous rééquilibrez votre compte-titres, chaque actif que vous vendez et qui s’est apprécié peut engendrer un gain imposable.
Pour éviter/réduire la fiscalité sur les comptes qui taxent les plus-values réalisées, vous pouvez rééquilibrer avec vos contributions, en les allouant aux fonds qui sont en dessous de leur allocation cible.
Anticipez votre retraite
Pour la bonne marche de votre plan de retraite, il est vital que vous vous posiez les questions suivantes :
- Quelles sera le montant des dépenses annuelles nécessaires pour maintenir votre style de vie ?
- Quel sera le montant de vos sources de revenus (pension de retraite, sécurité sociale, immobilier locatif, rentes, etc) ?
- Chiffrez la différence entre vos revenus et vos dépenses nécessaires. Cette différence pourra être comblée en retirant une somme annuelle de votre portefeuille d’investissement.
Si cette somme est inférieure ou égale à 4% de votre portefeuille, c’est une bonne nouvelle, car vous pourrez vivre sur vos intérêts sans toucher à votre capital (votre portefeuille continuera de fructifier pendant votre retraite).
Tout cela suppose au préalable que vous avez fait du bon boulot dans la gestion de vos investissements.
Autrement, il vous faudra soit décaler votre départ en retraite, soit réduire votre style de vie, ou encore prendre un travail à temps partiel (ou une combinaison des trois).
Penser à tous ces éléments avant de prendre votre retraite fait partie de vos devoirs. La liste n’est pas exhaustive, et peut aussi comporter des questions telles que : « Est-il important pour vous de laisser de l’argent à vos enfants et petits enfants, ou à une cause caritative ? ».
Investir pour un enfant
Les intérêts composés sont la huitième merveille du monde. Celui qui les comprend, les gagne ; celui qui ne les comprend pas les paie.
Attribué à Albert Einstein (sans preuve qu’il l’ait réellement dit)
Si vous êtes parent ou grand-parent, vous avez la possibilité d’investir pour un enfant. En commençant à investir 20 ou 25 ans avant le début de la vie active, la magie des intérêts composés pourra lui donner une longueur d’avance considérable.
Un compte d’investissement pour un enfant devrait être investi à 100% en actions, dans la mesure où son départ à la retraite est extrêmement lointain.
Or, les fonds de retraite à date cible contiennent souvent des obligations, même pour les investisseurs les plus jeunes.
Une option possible consiste à diviser le portefeuille à parts égales entre :
- Un fonds indiciel d’actions valeur de petites entreprises
- Un fonds indiciel d’actions valeur de grandes entreprises
Cette combinaison pourra être conservée jusqu’à 35 ou 40 ans, en remplaçant alors le fonds d’actions valeur de grandes entreprises par un fonds de retraite à date cible, qui commencera à introduire une part d’obligations.
Certains courtiers offrent la possibilité d’ouvrir un compte-titres pour mineurs, dont vous garderez le contrôle jusqu’à la majorité de l’enfant.
Autrement vous pouvez simplement ouvrir une assurance vie ou un PEA en votre nom, que vous léguerez à l’enfant. Cette option vous permettra d’en garder plus longtemps le contrôle.
Conclusion
Ces 12 petits pas montrent comment il est possible de facilement booster sa retraite. Le livre sur lequel sont basés ces petits pas pouvant offrir de grands bénéfices est indisponible en français, ce qui est particulièrement dommage (d’où cet article !).
Les points-clés de l’investissement présentés ici reposent tous sur des études académiques sérieuses, accompagnées d’historiques de performance suffisamment longs pour être significatifs. Autrement dit, c’est du solide.
La plupart des investisseurs, et notamment les débutants (mais aussi les plus expérimentés qui veulent progresser) gagneraient certainement à appliquer ces principes.
J’ai d’ailleurs moi-même mis depuis plusieurs années en pratique 9 des 12 petits pas recommandés.
Concernant les trois que je n’applique pas :
- Les fonds de retraite à date cible (point 12) permettent de tout automatiser, et sont très bien pour ceux qui ne veulent pas avoir à s’occuper de leurs investissements, mais ce n’est pas mon objectif.
- Si j’ai bien un portefeuille d’achat-conservation (buy-and-hold, point 9), je possède aussi un portefeuille de market timing (bien que déconseillé par leurs auteurs – et que je ne conseillerai pas non plus aux débutants), dans lequel j’applique une forme d’allocation tactique, qui permet de faire jouer les probabilités avec soi. Force est de constater que les résultats obtenus à long terme sont relativement supérieurs au portefeuille d’achat-conservation, mais au prix d’une plus grande volatilité.
- Et enfin, je ne surpondère pas les actions de valeur par rapport aux actions de croissance (point 8), même si l’historique de performance plaide certainement en faveur des actions de valeur. Mon portefeuille de market timing étant assez concentré, je préfère rester largement diversifié (donc sans exclure les actions de croissance) sur le buy-and-hold, afin de conserver un meilleur équilibre global.
Ces points-là restent donc tout à fait pertinents à appliquer. Et je suis sûr que si les caisses de retraite et les fonds de pensions n’adoptaient seulement que la moitié de ces principes, leurs finances ne s’en porteraient que mieux.
Bonjour,
Pour moi, l’auteur oublie une autre possibilité pour la retraite dans son livre.
Le très franchouillard achat de la résidence principale dont le crédit se termine avant la retraite. Je trouve également qu’il est très pessimiste sur le rôle des obligations dans le porte feuille alors que cela semble indispensable à mes yeux pour les rééquilibrages et pas uniquement pour le grand âge. Je pense que c’est un biais Anglosaxon pour le 100% actions comme nous les français avons nos péchés mignons pour l’immobilier, les livrets et les fonds euros.
Merci pour ce résumé,
Bonjour Stéphane,
Merci pour le commentaire. Les auteurs ont évoqué très rapidement l’immobilier, mais leur spécialité est plutôt l’investissement financier. Cela dit, une fois la résidence principale payée, cela ne constitue par un revenu en soi, mais une économie dans les dépenses, ce qui est toujours appréciable pour la retraite.
Concernant les obligations, ils prennent en compte les rendements historiques qui sont plus favorables aux actions qu’aux obligations. Mais les auteurs ont je crois chacun au moins 50% d’obligations en portefeuille (+70 ans chacun). Je pense qu’aux Etats-Unis les plus âgées sont conscients du rôle des obligations, en témoigne la forte présence des life-cycle funds. C’est peut-être générationnel, car en France, je vois beaucoup de jeunes investisseurs n’ayant jamais connu de crises, être investis à 100% en actions. Je suis donc d’accord, même un jeune investisseur avec un long horizon d’investissement devrait avoir quelques obligations en portefeuille, afin de pouvoir le rééquilibrer.
Pour ce qui est des péchés mignons, il y a les bons (immobilier), les utiles seulement jusqu’à un certain point (livrets), et ceux qui peuvent sembler être une bizarrerie (les fonds euros), qui offrent un sentiment de sécurité dont le prix à payer est une performance amputée par rapport à un investissement classique en obligations. Bref, très français en soi.
Bonsoir Antonin 🙂
Encore un chouette résumé (j’arrive au bout des résumés, mon objectif étant de lire tes 12 résumés en 12 jours, chacun son Everest !), et j’avoue que j’ai eu un bon fou-rire au point 2 « S’ils en ont les moyens, demandez-leur une avance sur votre héritage, sur lequel vous leur paierez quelques intérêts (qui vous reviendront un jour). »
Pas folle la guêpe, on verse des intérêts, pas de panique, ça va revenir dans la poche 😉
Je me méfierai quand mon fils me fera un montage financier (il veut devenir CIF à force de me voir le nez dans tes articles !). D’ailleurs, j’en ai déniché un bon, de CIF, puisqu’il respecte 9 points sur les 12 pour mes investissements aussi, il faudra que je le félicite 😉
Ah une petite modération tout de même pour le point 10, puisqu’on sait n’est-ce-pas, que le LSI fonctionne mieux que le DCA 2 fois sur 3, il faudrait plutôt conseiller les 2, et ajuster en fonction de sa tolérance au risque (en gardant à l’esprit que le meilleur moment pour investir à long terme, de toute façon, c’est toujours aujourd’hui, et pas demain). Ensuite, c’est philosophique, le DCA au quotidien, ça distille aussi du bonheur par petites touches 😉
Et puis, de façon générale, il ne faut pas qu’anticiper sa retraite, la vie, c’est maintenant !
Bonsoir bonsoir,
L’histoire de l’avance sur héritage m’a fait drôle aussi, mais dans le principe, pourquoi pas. Il est possible en France de faire des dons jusqu’à 30 000 € à ses enfants/petits-enfants en dehors de toute imposition, et ce tous les 15 ans. En plus, les dons sont cumulables avec des abattements spécifiques liés aux liens de parentés. Cela peut être une manière de réduire l’impôt sur la succession, et de faire travailler efficacement une partie de l’argent de pépé-mémé, dont ils n’ont pas besoin.
9 sur 12, c’est un bon score, ça tu diras bravo à ce CIF de ma part :). Je vois mal les CGP-CIF non indépendants conseiller les points 5-6-7 (ils auraient donc au mieux 6 sur 12 !).
Hé oui, investir en lump sum bat statistiquement le DCA. Sauf que si on a accumulé un lump sum, c’est parce qu’on a un peu tardé à investir (sauf héritage). Dans l’absolu, on devrait donc tous être en DCA, depuis qu’on a touché notre tout premier salaire !
Justement, on anticipe bien sa retraite, et une fois en place, on met l’investissement en pilote (quasi)automatique, puis on revient à sa vie présente 🙂
Bonjour bonjour (j’ai l’impression d’être dans la peau de Ned Flanders!)
Ou alors, c’est qu’on a fait le ménage dans ses placements, fermé des AV gavées de frais, dit au revoir à son banquier et ses produits structurés, après avoir lu plein de bons articles (et des résumés !), du coup il faut bien replacer tout ça quelque part 🙂
Alors on met tout en pilote quasi-automatique, on continue à se former, à profiter d’excellents conseils, et on attend pas la retraite pour se dégager plus de temps libre et profiter à fond de la nature, des petits oiseaux, et de tous ceux qu’on aime 🙂
En effet, les assurances vies proposées par les banques sont souvent les plus mauvaises, qu’il s’agisse de leurs frais complètement abusifs ou de la qualité vraiment médiocre des produits proposées.
Il y aurai donc potentiellement beaucoup de ménage à faire pour les épargnants français, avec des sommes entières à réinvestir.
Et oui, quand on cumule les frais (entrée, gestion…) propres à l’assurance vie, très élevés chez les banquiers, avec les frais des fonds communs de placement habituellement proposées dedans par toutes les banques, on arrive à des sommets de frais, qui font grâce aux intérêts cumulés des formules magiques d’enrichissement des banques, mais pas de l’investisseur lambda….du coup, il est temps que les épargnants s’en aperçoivent, choisissent un bon conseiller en investissement financier indépendant qui pourra, largement avant leur retraite, les orienter vers des AV en ligne, à frais ultra réduits, composées d’ETF, plus performants que les FCP et dont les frais sont souvent divisés par 10 !
Si les épargnants pouvaient se représenter facilement les intérêts composés (sachant qu’en ce qui concerne les frais, il s’agit d’intérêts composés négatifs), ils ne verraient plus leurs banquiers du même œil.