L’année 2018 a été largement considérée comme une annus horribilis pour les investisseurs en bourse, c’est-à-dire une très mauvaise année.
Cela a-t-il été valable pour tout les actifs boursiers ? Ou est-ce que ce commentaire n’est qu’une généralité qui cache de belles surprises ?
En clair, est-ce la fin des haricots ou juste une mauvaise année ?
Rien ne parle mieux que des chiffres précis pour évaluer une situation, alors faisons le point en détail.
Avant tout, retrouvez ici le bilan de l’année 2019.
Les actifs qui ont souffert en 2018
Les grands indices boursiers
Notre CAC40 avec dividendes réinvestis a perdu 8,19%.
Les bourses de Londres (FTSE100) et de Francfort (DAX30) ont respectivement perdu 8,88% et 18,67%.
Outre-Atlantique, le S&P500 a perdu 4,55%, et le Nasdaq 3,18%.
Les marchés émergents (représentés par l’indice MSCI Emerging Markets) n’ont pas été à la fête non plus puisqu’ils ont reculé de 11,01%.
Les petites capitalisations
Le CAC MID & SMALL, représentant les petites et moyennes capitalisations françaises, a perdu 21,58%.
Au niveau européen, les Small Cap (petites capitalisations) ont perdu 17,36%.
Du côté des État-Unis, elles ont perdu 9,43%.
Difficile d’affirmer le contraire: 2018 a bel et bien été une annus horribilis pour les actions.
L’immobilier côté
L’immobilier côté en Europe a fini l’année à -8,45%.
Quant à l’immobilier côté des pays développés (Indice FTSE EPRA/NAREIT Global Developed), il a perdu 1,28%.
Les obligations d’entreprises
Les obligations d’entreprises des pays développés ont perdu 1,39%.
Outre-Atlantique, les obligations d’entreprises de qualité inférieure (à haut rendement) ont perdu 2,79%.
Les obligations d’état
Les obligations à court terme (de 1 à 7 ans) de la zone euro sont proches de 0% de rendement.
Celles à moyen terme (7 à 10 ans) ont progressé de 1,09%. C’est un résultat positif mais inférieur à l’inflation (1,8% selon l’INSEE): elle n’ont donc pas produit de performance.
Aux État-Unis, les obligations à court et moyen terme ont progressé de 1% et 1,35%, ce qui est inférieur à l’inflation, et les obligations à long terme ont perdu 1,9%.
L’or en dollar et les matières premières
L’or en dollar a perdu 1,6%.
Les principaux indices des matières premières (métaux, énergie, agriculture) en euro ont reculé de 6 à 7%.
Le livret A
Un taux fixé à 0,75% pour notre livret préféré face à une inflation de 1,8% : sans commentaire.
Les fonds en euros
Ils sont en baisse constante depuis plusieurs années, et avec un taux moyen de 1,8%, ils se situent en 2018 au même niveau que l’inflation.
Les cryptomonnaies
Beaucoup de cryptomonnaies étaient dans une bulle spéculative fin 2017, qui s’est effondré en 2018.
Le Bitcoin a perdu 72,69% de sa valeur, et les autres cryptomonnaies ont suivi la même direction : l’Ethereum a perdu 81,91%, le Ripple 82,06%, et l’EOS 67,23%.
Les actifs qui ont tiré leur épingle du jeu en 2018
Les fonds en euros des meilleures assurances vie
Les meilleurs fonds en euros des assurance vie dépassent les 2,5%.
L’or en euro
L’once d’or en euro a pris 2,98%.
Les obligations d’état à moyen et long terme en Europe
Les obligations en zone euro de 15 ans et plus ont progressé de 2,75%, et celles de 25 ans ou plus de 4,25%.
Assez logiquement, face à la baisse des actions, les obligations d’état européennes ont connu une année très correcte.
Et concernant les portefeuilles d’investissement équilibrés ?
Prenons pour exemple le portefeuille d’investissement All Weather, préconisé par Ray Dalio. Ce portefeuille est historiquement l’un des plus solides parmi les principaux modèles de portefeuilles d’investissement.
Il est réparti de la manière suivante:
- 30% en actions
- 40% en obligations à long terme
- 15% en obligations intermédiaires
- 7,5% en or
- 7,5% en matières premières
Nous pouvons calculer la performance de ce portefeuille pour l’année 2018 en sélectionnant des trackers correspondant à chaque classe d’actif. Par exemple:
- Actions: Lyxor MSCI World ETF (performance 2018 : -4,09%)
- Obligations long terme: Lyxor Ultra Long Duration Euro Govt FTSE MTS 25+Y (DR) UCITS ETF (performance 2018 : +4,25%)
- Obligations intermédiaires: Lyxor EuroMTS 7-10Y Investment Grade (DR) UCITS ETF (performance 2018: +1,09%)
- Or: Gold Bullion Securities (performance 2018 : +2,77%)
- Matières premières: Lyxor Commodities Thomson Reuters/CoreCommodity CRB EX-Energy TR UCITS ETF (performance 2018 : -5,93%)
Cette répartition est un très bon mix comprenant des actions internationales (américaines, européennes et japonaises principalement) des obligations européennes, et des matières premières dont l’exposition est mondiale. La devise de référence étant en euro, les fluctuations du cours de l’Euro/Dollar sur l’année 2018 ont donc influé sur la performance des actions.
Pour calculer la performance de ce portefeuille, il suffit de calculer la moyenne des cinq actifs qui le constituent en pondérant leur poids selon leur pourcentage de répartition, indiqué plus haut.
Résultat : ce portefeuille obtient une performance de +0,4% sur l’année. C’est supérieur à 0, mais inférieur à l’inflation. Bref, 2018 n’est pas une bonne année, mais cette répartition a permis de préserver le capital, dans une année où les actions ont baissé.
On est cependant très loin d’une annus horribilis (ce portefeuille est d’ailleurs conçu pour ne jamais connaître d’année horrible). En guise de comparaison, le CAC40 a perdu plus de 8%.
Le market timing, loin d’une annus horribilis en 2018
Le market timing (timing de marché) est une stratégie qui consiste à investir dans les actions ou dans la classe d’actif qui connu la plus forte lors des derniers mois
Cette stratégie vise à obtenir des rendements supérieurs à ceux du marché. Elle consiste à se positionner sur les actifs qui ont montré la plus grande vélocité (ou croissance) à court terme. Elle permet « d’anticiper » les retournements de marché et de se positionner alors sur un support qui se comporte bien en marché baissier, comme les obligations.
A titre d’exemple, une stratégie offensive que j’utilise, basée sur le market timing, a permis de générer +15,09% alors que 2018 est considérée comme une « mauvaise année ». Ce rendement n’est pourtant pas si horrible que cela !
Du point de vue du market timing, l’année 2018 est donc très loin d’être un annus horribilis.
Ce que l’annus horribilis 2018 peut nous apprendre
La grande majorité des actifs ont terminé 2018 dans le rouge, voir dans l’écarlate pour les cryptomonnaies. 2018 est une vraie une vraie annus horribilis pour les crypto-addicts !
Cependant, cet article qui passe en revu les performances de plusieurs catégories et sous-catégories d’actifs n’est pas là pour donner tord ou raison aux prévisions passées. Il n’est pas là non plus pour prévoir 2019.
L’objectif est tout autre.
Faire des stats en partant du 1er janvier jusqu’au 31 décembre et répéter l’opération année après année est une habitude très commode qui permet des comparaisons aisées entre actif. C’est un point de repère.
Cependant, les performances affichées n’ont de sens que selon la période choisie. Retirez le mois de décembre à l’année 2018 et la plupart des actifs seront dans le vert. Incorporez janvier et février 2019 à l’année 2018 donnera le même résultat positif (la quasi-totalité des actifs sont en performance positive sur le premier trimestre 2019).
Il n’est donc au final pas si grave que l’année 2018, du 1er janvier au 31 décembre, soit dans le rouge.
D’autant que des stratégies basées sur des portefeuilles équilibrés ou sur du market timing s’en sont tiré honorablement, voir plus qu’honorablement.
Avoir une vision
L’important, c’est votre vision à long terme: on ne naît pas le 1er janvier pour mourir le 31 décembre. Prenons un peu de hauteur pour considérer les performances et la volatilité à l’aune d’une décennie, voir de deux ou trois décennies.
Car finalement, se concentrer sur une année n’a pas beaucoup plus de sens, statistiquement parlant, que de prendre en compte 11 mois, 15 mois ou 7 mois. Si ce n’est pour faire des graphiques avec lesquels nous sommes tous familiers, qui nous permettent de faire facilement des comparaisons, et qui font les choux gras des médias financiers.
Si vous avez commencé à investir en 2018, vous n’avez certes pas eu de chance (sauf si c’était le 25 décembre, Noël a marqué le début du rebond et le S&P500 a bondi de 20% en 2 mois et demi).
Mais même dans ce cas, si vous avez une stratégie d’investissement solide, 2018 n’aura engendré aucune perte, en vous permettant de rester en jeu pour profiter des prochains bons crus.
Comme tu l’as dit, regarder les performances sur l’année n’a que peu d’intérêt, si ce n’est pour comparer nos performances à celles du marché. Pour ma part, je m’étais à peine aperçu de la baisse du mois de décembre : j’étais en vacances et j’ai recommencé à regarder mon porte-feuille mi-janvier. J’aurais pu faire de bonnes affaires, tant pis…
L’avantage de pouvoir regarder son portefeuille une fois par mois, c’est qu’on n’est pas plus que ça impacté par les baisses du marché. Le portefeuille s’équilibre tout seul pendant que les journaux paniquent.
Cela va même faire deux mois que je n’ai pas regardé le mien 🙂