Il y a quelques semaines, j’ai rédigé un article dévoilant 7 manières de battre le marché, et qui ont fait leurs preuves historiquement. Aujourd’hui, nous allons aller complètement à l’opposé et voir comment être battu par le marché, et quelles stratégies vous assureront de ne pas battre le marché.
Cet article a donc pour but de vous montrer ce que vous pouvez faire pour obtenir une performance médiocre sur le long terme (et je suis sûr que beaucoup de personnes se posent la question !).
1. Ne pas investir
La façon la plus sûre d’être battu par le marché est de ne pas investir du tout.
Alors ce n’était certes pas bien difficile à deviner, mais laisser votre argent sur votre compte courant, sous votre matelas, ou enterré au fond du jardin ne vous rapportera rien.
À peine mieux mais pour une performance plus que médiocre, vous pouvez placer votre argent sur un Livret A ou un LDD (Livret de Développement Durable).
Aujourd’hui, ces livrets d’épargne rémunèrent à hauteur de 0,75%/an, ce qui vous permettra de doubler votre capital d’ici 96 ans au rythme actuel !
Vous l’aurez compris, les livrets d’épargne ne sont pas un investissement. Ils servent tout au plus à vous protéger contre l’inflation (et encore, certaines années comme en 2018, le niveau d’inflation a bien dépassé 0,75%).
Cela dit, les livrets d’épargne rémunérés ne sont pas inutiles. Ils constituent un bon moyen de conserver une épargne de précaution à portée de main.
En revanche, oubliez-les si vous souhaitez faire fructifier votre argent.
2. Placer votre argent dans le fonds en euros d’une assurance vie
Les fonds en euros séduisent beaucoup car ils offrent une rémunération supérieure au Livret A, tout en étant garantis à 100%.
80% de l’encours total des assurances vie est placé dans des fonds en euros. Mais seules les unités de compte (les 20% restant) permettent d’investir en bourse.
Malgré leur popularité, le rendement des fonds en euros est en baisse constante depuis plusieurs années, du fait de la politique monétaire de la BCE (la Banque Centrale Européenne).
Pour 2018, le rendement moyen des fonds en euros des assurances vie était de 1,8% seulement. Et l’année 2019 pourrait les voir chuter à 1,4%. Autant dire que les fonds en euros sont battus à plate couture par le marché.
Si les fonds en euros sont loin d’être des supports d’investissement intéressants et performants, ils peuvent cependant constituer un support idéal pour de l’épargne projets.
3. Faire du trading, sélectionner vos actions vous-même
Le trading est largement présent dans l’esprit des gens lorsqu’on parle de bourse. Pour d’autres, il ne s’agira que de « boursicoter », c’est-à-dire se constituer un portefeuille de bon père de famille en sélectionnant quelques actions que l’on pense solides.
Dans les deux cas, il s’agit de faire des choix, et donc de spéculer sur la valeur de quelques titres.
Les études sur la sélection manuelle de titres tendent à prouver que la grande majorité des traders et boursicoteurs sous-performent le marché.
Une étude de l’Université de Berkeley a montré que le trader moyen avait sous-performé le marché de 6,5 points dans les années 90.
Le marché des devises (le Forex) n’est pas mieux loti puisque selon l’AMF (l’Autorité des Marchés Financiers), 89% des traders sont perdants, et leur perte moyenne est de 10.900€.
Il y a probablement deux raisons majeures à cela:
- Il est impossible de deviner l’évolution du cours d’un titre : aucun indicateur technique ne peut faire cela, et personne n’a de boule de cristal.
- Nous sommes tous soumis aux mêmes biais psychologiques qui nous poussent à acheter haut et à vendre bas.
Et c’est sans compter les frais de transaction qui viennent miner la performance.
Non seulement sélectionner sois-même ses titres constitue presque toujours une stratégie perdante, mais en plus cela demande d’y passer du temps (que ce soit pour analyser des graphiques ou évaluer la valeur fondamentale d’un titre).
4. Suivre les conseils des « experts » (journaux, TV)
Les « expert » qui passent à la TV sur les chaînes économiques, ou qui écrivent des articles dans des revues spécialisées prodiguent avis et conseils pour permettre à monsieur Tout-le-monde de se constituer un portefeuille.
Que valent leurs conseils ? Eh bien disons que leur boule de cristal est probablement cassée !
Si l’on prend les 8 actions françaises recommandées par Le Revenu pour 2019, la moyenne de leur performance 11 mois plus tard est de 14,83% depuis le 1er janvier.
Dans le même temps, le CAC 40 a progressé de 25,68%. La sélection des « experts » de ce magazine a donc sous-performé l’indice national de 10,85 points.
Mieux Vivre Votre Argent et sa sélection des 10 actions sur lesquelles miser en 2019 fait mieux avec une performance de 23,8%, mais le CAC 40 fait toujours mieux de 1,89 points.
Les magazines et les médias financiers regorgent de conseils et de sélections d’actions aux dont le résultat est souvent médiocre. J’aurai également pu citer BFM Business et son portefeuille PEA en perte de -9,75% sur plusieurs années…
Être un expert de l’actualité financière et savoir analyser les phénomènes économiques ne permet pas pour autant d’anticiper l’avenir.
5. Confier votre argent à un fonds commun de placement
Les fonds communs de placement ne sont pas seulement connus pour leurs frais multiples et indécents : leur performance moyenne est le plus souvent très médiocre.
Les statistiques montrent que sur 15 ans, 92% des fonds communs de placement sont battus par le marché.
Mais la réalité est probablement encore pire, à cause du « biais du survivant ». Les études sur de longues périodes excluent de fait les fonds qui ont disparus entre-temps, souvent pour cause de mauvaises performances.
Comme si cela ne suffisait pas, les investisseurs sous-performent les fonds dans lesquels ils investissent. Comment est-ce possible ? Tout simplement parce qu’ils achètent des fonds qui ont bien performé et vendent ceux qui ont récemment chuté.
Acheter haut et vendre bas et le résultat de la soumission aux biais psychologiques évoqués dans le point n°3 (la sélection d’actions).
6. Investir dans les valeurs de croissance
Les valeurs de croissance sont des titres de sociétés en plein essor, dont les bénéfices sont en forte croissance.
Leur prix est souvent déjà élevé, et elles performent historiquement moins bien que les actions « valeur », qui sont sous-cotés.
La sous-performance des actions de croissance est plus largement marquée pour les petites capitalisations.
L’investissement par la croissance est donc le contraire de l’investissement par la valeur, popularisé par Benjamin Graham, et appliqué à la lettre par Warren Buffett dans ses premières années d’investisseur.
Sur les dernières années, l’écart de performance entre valeur et croissance semble cependant en diminution.
Conclusion : comment être battu par le marché
Pour quelles raisons ces différentes façons d’être battu par le marché se font-elles effectivement battre par le marché ?
Dans les deux premiers cas (ne pas investir et les fonds en euros), la raison est simple: il n’y a pas d’exposition au marché. Et sans exposition au marché, point (ou peu) de rendement.
La sécurité se paye très cher, au prix de la performance.
Cependant, à long terme, l’investissement le plus sécurisé n’est-il pas celui qui est susceptible de générer le plus de performance ? Permettant ainsi de se protéger efficacement contre l’inflation ?
Sélectionner soi-même ses titres et suivre les conseils de « experts » revient à s’exposer aux biais psychologiques de l’investisseur et à la tentation d’anticiper l’avenir. À long terme, cela ne fonctionne tout simplement pas.
Les fonds communs de placement cumulent plusieurs handicaps : non seulement la gestion active sous-performe la gestion passive et les indices, mais elle est en plus plombée par les frais, ainsi que par les biais psychologiques des investisseurs.
Enfin, les valeurs de croissance s’achètent à un prix supérieur à leur valeur intrinsèque réelle. Le retour à la normale se paye par une moindre performance.
Il existe probablement bien d’autres manières d’obtenir une performance inférieure à celle du marché, et que l’on pourrait répertorier. Mais après avoir lu cet article, vous avez déjà toutes les cartes en main pour être battu par le marché. 🙂