
Les trois livres dont j’aimerais vous parler sont singuliers. Ce sont des livres de qualité, rares, tant leur contenu se dégage de l’énorme masse des livres qui sortent chaque année. Ces livres font partie de ceux qui peuvent le plus impacter une vie. Et ils ont clairement impacté la mienne en changé ma vision de la vie.
Le premier a changé ma vision du monde, ou plutôt ma vision de l’état du monde. Et il permet en plus de faire plusieurs parallèles intéressants avec l’investissement.
Le second a changé ma vision de mon monde intérieur. Ma vision de mon moi interne, de celui qui pense, mais aussi de celui qui est. Ce livre se situe en dehors de la matière, et pourtant !
Le troisième livre a changé non pas ma vision du monde, mais de l’Univers cette fois (oui, avec un grand « U » !). Il me rappelle que face à l’immensité de l’univers connu et inconnu, nous ne sommes pas grand-chose. Cela permet de remettre les choses en perspective.
1. Factfulness

Le terme « factfulness » est difficilement traduisible en français. Le livre de Hans Rosling, qui en porte le titre, apporte la définition suivante:
Factfulness: Saine habitude de fonder son opinion sur des faits.
Baser son opinion sur des faits, afin de penser clairement. Cela semble évident, pourtant personne ne le fait lorsqu’on pense à l’état du monde: richesse, espérance de vie, mortalité infantile, maladies. On aurait tendance croire que le monde va de mal en pis, ou au moins toujours aussi mal.
C’est du moins l’opinion de la plupart des gens. Et curieusement, les médias, qui déforment souvent la réalité objective, n’en sont pas les principaux responsables.
Notre vision déformée du monde nous vient avant tout de différents instincts, qui se sont profondément ancrés en nous au fil de notre évolution. Si ces instincts ont permis à l’humanité de survivre, aujourd’hui, ils nous empêchent de voir le monde tel qu’il est.
Hans Rosling nous offre les clés pour contrer nos instincts primaires et développer notre factualité, notre capacité à baser nos opinions sur les faits. Et notre esprit critique.
C’est un livre que je mettrais volontiers entre les mains des gens qui pensent que le monde va mal, que rien ne s’arrange, et qui ont perdu fois en l’humanité. Car les faits leur donnent tord !
Il est facile d’être au courant de toutes les choses qui vont mal dans le monde. Il est plus difficile, en revanche, d’être conscient de ce qui va bien.
Hans Rosling
Les dix instincts présentés par Hans Rosling sont vraiment très intéressants, et j’espère vous avoir donné envie de les découvrir en lisant ce livre génial.
Je vais vous en présenter trois, le rôle qu’ils jouent dans nos vies, et comment les contrer.
L’instinct négatif
L’instinct négatif: notre tendance à repérer le mal plutôt que le bien.
Nous avons hérité cet instinct de nos ancêtres les premiers hommes, lors de la préhistoire. À cette époque, les dangers étaient multiples, et les hommes étaient bien fragiles face à la nature et à toutes ces menaces: bêtes féroces, tribus rivales, froid, faim…
Nous avons hérité d’un cerveau conditionné à évaluer en permanence si nous faisons face à une menace. Dans la société d’aujourd’hui, les menaces qui pèsent sur notre vie sont quasiment inexistantes, et nous n’avons jamais vécu aussi longtemps, ni vécu autant en paix qu’aujourd’hui.
Pourtant, note instinct négatif nous pousse à nous concentrer sur tout ce qui va mal dans le monde: catastrophes naturelles, terrorisme, épidémies, guerres, pollution…
Ainsi, notre instinct négatif écarte de notre attention tout progrès et tout amélioration mesurée, quel que soit le domaine. C’est la raison pour laquelle nous prêtons plus attention aux médias lorsqu’ils annoncent une mauvaise nouvelle, que lorsqu’ils en présentent une bonne.
Les médias biaisent notre vision du monde en choisissant quelles informations présenter en priorité: leur but étant de faire de l’audience, ils savent bien que parler d’une catastrophe à l’autre bout du monde fera plus d’audience que d’annoncer que l’accès à l’eau, à l’électricité et aux vaccins est en constante augmentation, et que nous devrions nous en réjouir.
Le résultat est le suivant: nous avons une vision biaisée du monde, qui se porte pourtant de mieux en mieux.
Quel parallèle faire avec l’investissement ?
Notre attention est également entièrement focalisée sur les événements négatifs (l’instinct négatif, toujours lui !):
L’effondrement du marché du logement américain en 2008, qu’aucun organisme n’avait prévu, a été causé par l’illusion largement partagée selon laquelle des investissements abstraits, que presque personne ne comprenait, étaient sûrs.
Voilà une bien mauvaise nouvelle, et qui réveille notre instinct négatif…
Cet effondrement immobilier a débouché sur une crise financière mondiale, que tout le monde a encore en mémoire aujourd’hui.
Concrètement, lors de cette crise, les marchés financiers ont perdu 50% de leur valeur en quelques mois. Cependant, personne ou presque n’a entendu parler du fabuleux marché haussier qui a suivi, initié en 2009. Ce marché haussier représente une hausse de +370% à la mi-2019.
-50% d’un côté, +379% de l’autre: vous commencez à comprendre où je veux en venir ?
L’explosion de la bulle technologique (ou bulle Internet) en 2001-2002 a vu le marché perdre 45% de sa valeur. On oublie de dire que ce même marché venait de connaître une évolution de +748% dans les années 90.

Ce graphique est plus que parlant. Si l’on ne se focalise plus sur les crises, mais sur l’ensemble des cycles haussiers et baissiers dans l’histoire, on ne rend compte de deux choses:
- La plupart du temps, nous sommes en marché haussier (Bull Market).
- Les marchés haussiers sont bien plus forts que les marchés baissiers (Bear Markets), et ils durent beaucoup plus longtemps en moyenne.
Marchés haussiers | Marchés baissiers | |
---|---|---|
Évolution moyenne | +387% | -35% |
Durée moyenne | 8,1 ans | 1,5 ans |
Historiquement, les périodes fastes durent plus longtemps et ont un effet bien supérieur aux périodes de crise.
Pourtant, sur quoi se porte plus volontiers notre attention: sur les marchés haussiers ou sur les crises ? Vous connaissez la réponse !
Comment contrer l’instinct négatif ?
Les bonnes nouvelles et les progrès graduels ne font pas la une. Hans Rosling conseille les statistiques comme thérapie: en connaissant les chiffres, il est plus facile de garder en tête la vue globale positive plutôt qu’un point négatif.
L’auteur nous conseille aussi de nous attendre à recevoir de mauvaises nouvelles (les médias en vivent), et d’être conscient qu’on a plus de chance d’en recevoir.
L’instinct de la ligne droite
Lorsque nous voyons une ligne droite sur un graphique, nous nous attendons naturellement à ce qu’elle continue dans la même direction à l’avenir.
Par exemple, le nombre d’enfants dans le monde a continuellement augmenté jusqu’en 2000. La plupart des gens s’attendent à ce que cette courbe continue d’augmenter, ainsi que la population mondiale.
Or, le nombre d’enfants s’est stabilisé à hauteur de 2 milliards depuis 2000. Les prévisions de l’ONU indiquent que ce nombre sera toujours de 2 milliards en 2100.
Mécaniquement, la population mondiale va donc se stabiliser progressivement. Pourtant, en regardant la courbe de croissance de la population mondiale, la plupart des gens s’attendent à ce qu’elle continue de monter au même rythme, indéfiniment.
Quel parallèle faire avec l’investissement ?
Lorsqu’un actif entre dans un puissant marché haussier, les gens pensent que c’est un nouveau paradigme, que ça va continuer de monter indéfiniment. Ils se diront que la bourse va les rendre riches, et penseront avoir trouvé la formule magique.
Fin 2017, l’évolution du prix du Bitcoin ressemblait à ça:

Instinctivement, on pouvait s’attendre à voir l’évolution vers le haut se poursuivre. Pourtant, voilà comment la courbe a évolué:

Ce n’est pas forcément ce à quoi s’attendaient bon nombre de personnes…
Mais si ce même actif connait une baisse soudaine et violente sur plusieurs mois, les gens s’attendront à ce qu’il continue de baisser. Ils se diront que la bourse ça devient n’importe quoi, que le marché est fou ou que les investisseurs sont débiles… Jusqu’à ce que l’actif remonte à nouveau, comme sur le graphique du Bitcoin en 2019.
Ils ne comprennent tout simplement pas que le marché évolue par cycles, qu’il n’y a pas de lignes droites. En fait, les courbes des actifs (actions, obligations, or) vont bien vers le haut à long terme, mais pas en ligne droite.
Ces grands actifs connaissent une évolution cyclique, qui pourrait être représentée par une courbe qui ondule.
Si vous souhaitez mieux comprendre pourquoi la bourse, et plus largement l’économie fonctionnent par cycles, je vous conseille de regarder l’excellente vidéo suivante : La mécanique de la machine économique en 30 minutes (How the economic machine works), réalisée par Ray Dalio.
Comment contrer l’instinct de la ligne droite ?
En réalité, les lignes droites sont rares dans le monde réel, car il y a peu de phénomènes qui évoluent de cette manière. Donc méfiez-vous si vous pensez en voir une !
Souvent, ce qui peut ressembler à une ligne droite n’est qu’une partie d’une courbe en S, d’une courbe bosselée ou d’une courbe exponentielle.
L’instinct de la peur
L’instinct de la peur nous vient aussi de notre évolution, et nous conditionne à essayer de survivre dans un environnement… Aujourd’hui sans danger ou presque.
Les peurs les plus courantes sont la peur des serpents, des araignées, des hauteurs et de se retrouver coincé dans un petit espace.
Ces peurs sont déconnectées des principales causes de mortalité aujourd’hui. Nous sommes pourtant très sensibles à toutes les nouvelles d’agression, de captivité ou de contamination.
Et pourtant, voici le paradoxe: l’image d’un monde dangereux na jamais été aussi diffusée, alors que le monde n’a jamais été moins violent ni plus sûr.
Le nombre de décès lié aux catastrophes, au terrorisme, à la guerre ou aux accidents d’avions ne cesse de baisser. Ce sont des données factuelles. Pourtant, les médias continuent de présenter le monde comme étant plus dangereux que jamais.
Quel parallèle faire avec l’investissement ?
L’instinct de la peur des crises focalise notre attention. Nous leur accordons bien plus de poids dans notre esprit qu’elles n’en ont en réalité.
Demandons à Google de nous aider:
La requête Google « Bull Markets » (marchés haussiers) génère 70,6 millions de résultats. La requête Google « Bear Markets » (marchés baissiers) génère 169 millions de résultats.
Rapportons ces chiffre à la vélocité des marchés baissiers et haussiers, en analysant l’impact d’un gain de 1% ou d’une perte de 1% sur les résultats des requêtes Google.
70,6 millions de résultats Google pour des marchés haussiers de +387% en moyenne, cela fait 182.429 résultats pour chaque gain de 1%. 169 millions de résultats Google pour des marchés baissiers de -35% en moyenne, cela fait 4,8 millions de résultats pour chaque perte de 1%.
Ce ne sont que des moyennes, mais il est quand même révélateur de constater qu’une perte de 1% sur les marchés financiers génère 26 fois plus d’articles sur Google qu’un gain de 1%.
C’est également un bel exemple de l’Effet Pareto: depuis 1903, nous avons été en marché haussier 85,9% du temps. Pourtant, seulement 29,5% des articles parlent des marchés haussiers.
En cause: l’instinct de la peur.
Avoir un peu de peur ou d’appréhension quand on investit est normal, cela permet de rester vigilant sur nos actions.
Inversement, une trop grande peur peut nous pousser à prendre des décisions mal avisées et regrettables. C’est ce qui se passe lors de chaque crise boursière. Les actions chutent, les gens prennent peur, vendeur par peur et amplifient ainsi la chute, qui amplifie en retour leur peur.
Note: Je ne suggère pas ici ce qu’il faut faire quand survient une crise sur les marchés financiers: je me borne à constater ce que font les gens. En revanche, adopter une stratégie qui n’est pas impacté par les crises permet de ne pas avoir à se poser la question « que faire quand ça chute ?« , et de ne pas réveiller son instinct de la peur.
Comment contrer l’instinct de la peur ?
Ce qui fait le plus peur (serpents, araignées) n’est pas ce qui cause le plus de décès: nous devons apprendre à calculer et mesurer les risques.
Le risque n’est pas lié à la peur, mais correspond à un danger multiplié par notre exposition à ce danger.
Dans tous les cas, Hans Rosling recommande de ne jamais prendre de décisions lorsque nous sentons que nous paniquons, et d’attendre que la panique cesse pour en prendre.
2. Le Pouvoir du Moment Présent

Si « Factfulness » a le pouvoir de transformer votre vision du monde extérieur, « Le pouvoir du Moment Présent » transformera quant à lui votre vie intérieure.
Ce livre est un sorte de guide d’éveil spirituel (au sens non religieux du terme) qui nous amène à découvrir comment vivre pleinement notre vie en faisant émerger notre vrai moi, en plongeant dans le moment présent.
J’ai choisi de développer ici trois des principaux enseignements de ce livre:
Nous ne sommes pas notre mental
C’est peut-être la chose la plus importante à comprendre: l’illusion du mental. Descartes disait:
Je pense, donc je suis.
Descartes
En réalité, l’illusion est de croire que notre voix intérieure, celle qui parle dans notre tête en disant « je », c’est nous.
Nous ne sommes pas notre mental. Nous pouvons nous arrêter de penser, mais nous ne pouvons pas nous arrêter d’être.
Le problème est que notre mental produit des milliers de pensées chaque jour, auxquelles nous nous identifions.
Nous ne sommes pas ces pensées, mais la présence ou l’être qui est derrière. Cette présence est bien souvent étouffée par le flux continuel de pensées. Pourtant, c’est ici que réside notre vrai moi.
En fait, Descartes aurait mieux fait de dire: « Je suis, donc je pense« . Autrement dit, c’est parce que je suis que j’ai la faculté de penser (ou de ne pas penser, même si c’est plus difficile). Cependant, je ne me définis pas uniquement par cette faculté de penser.
Le mental est en fait un magnifique outil, nous permettant de raisonner et de conceptualiser. Il est très utile pour nous organiser, et résoudre des problèmes.
Ce qui est problématique, c’est lorsqu’il fonctionne en permanence et que l’on finit par s’identifier à lui.
Observer ses pensées et vivre dans le moment présent
Que peut-on faire pour se désidentifier de notre mental ?
Nous pouvons tout simplement observer nos pensées, sans les juger. Comme si ces pensées étaient celles d’une autre personne. Ne pas les juger et les laisser simplement traverser notre esprit, puis s’en aller.
Ne pas juger ses pensées est très important, cela permet de se poser en tant qu’observateur neutre, de se mettre au-dessus ou derrière le penseur, et donc de se désidentifier du mental.
Vivre dans le moment présent, c’est focaliser son attention sur ce que l’on ressent en ce moment même. Donc ne plus s’inquiéter du futur, et ne plus ressasser le passé.
Dans le présent, il n’y a plus de peur ni d’anxiété. L’ego ne cherche plus à se manifester, car nous sommes complet.
Le moment présent ne consiste pas à rester immobile, sans bouger ni penser. Il consiste à plonger complètement dans l’activité qui nous occupe, à être totalement présent dans ce que nous faisons.
Le mental n’a alors plus sa place, notre joie intérieure et notre créativité sont libérées.
Note: Certains appellent cet état « l’état de flow. C’est un état de concentration extrême dans lequel le mental disparaît pour laisser place à une présence ultra-consciente. Les sportifs de haut-niveau atteignent souvent cet état lorsqu’ils font des mouvements qui demandent une très grande concentration. »
La clé pour accéder au moment présent est de se concentrer sur sa respiration, sur ses sensations corporelles.
Le temps n’existe pas
Le temps est une construction psychologique: il n’y a ni passé ni futur, tout se passe toujours au présent.
Rien ne s’est jamais produit dans le passé: cela s’est produit dans le présent. Rien ne se produira jamais dans le futur: cela produira dans le présent.
L’ego nous plonge dans le passé en nous faisant ressasser notre histoire, ou dans le futur en projetant des scénarios hypothétiques. Mais le temps crée de la souffrance, en nous rappelant d’anciens problèmes, ou en en anticipant de nouveaux qui n’existent pas.
Notre mental est utile pour planifier des actions à venir, mais son utilité prend fin dès lors que nous lui donnons la liberté d’imaginer toute sorte de scénarios négatifs.
Le présent est le seul moment que nous vivons, et le seul que nous vivrons. Toute notre vie se déroulera toujours au présent.
Le temps reporte notre bonheur en l’associant à des actions ou possessions futures: « Quand j’aurai ceci ou que j’aurais fait cela, je serai heureux ». Ce bonheur est dépendant de conditions extérieures.
Se débarrasser de l’illusion du temps permet d’accéder à la joie et à la paix intérieure qui sont déjà présentes en nous. Elles sont durables car elles ne dépendent pas des circonstances extérieures.
Vivre dans le présent, c’est vivre dans un état de pleine conscience. Nous voyons et ressentons tous, mais nous ne jugeons rien. Dès lors, notre ego n’a plus de prise sur nous, et la peur disparaît.
Comprendre que les autres sont aussi identifiés à leur mental et sous l’emprise de leur ego, nous permet de développer plus de compassion à leur égard, et de moins être dans le jugement.
Le « Pouvoir du Moment Présent » est un livre qui permet de comprendre qui l’on est, et qui l’on n’est pas (notre ego, nos pensées). Ainsi, le moment présent est synonyme de bien-être, de paix intérieure. Le moment présent, c’est vivre pleinement sa vie, plutôt que de la passer à se demander ce qu’elle aurait pu être, ou à anticiper les incertitudes du futur.
3. L’Univers à portée de main

Les deux premiers livres explorent notre vision du monde et de notre moi intérieur. Ce troisième livre prend place à une échelle beaucoup plus grande: L’Univers, et même au-delà.
« L’Univers à portée de main » a été écrit par Christophe Galfard, un physicien français qui fut l’élève de Stephen Hawking.
Ce livre est en fait un roman qui nous plonge dans la peau d’une personne qui explore l’immensité qui commence au-delà de notre atmosphère terrestre.
Notre place dans l’Univers
Cette histoire nous fait prendre conscience que nous vivons sur un minuscule îlot de vie, perdu dans l’immensité de l’espace. Et donc, de la rareté et de la préciosité de la vie, qui nous donne la chance d’exister ici, sur Terre.
Dans l’Univers, tout est vertigineux: les nombres, les distances, la durée de vie des corps célestes. Tout se déroule à une échelle inconcevable pour nous. Un peu de la même manière que notre échelle de vie est inconcevable par rapport à celle d’une cellule.
On pourrait se dire que tout ce qui se passe en dehors de la Terre n’a aucun intérêt, puisque l’on a peu de chance d’y aller un jour. Je pense en fait tout le contraire, que c’est précisément en prenant conscience de notre place et du contexte dans lequel nous évoluons, que nous sommes à même de vivre une vie épanouie et pleine de sens.
Que représentent nos petites contrariétés quotidiennes face à la puissance d’un trou noir ou face à la violence de l’explosion d’une étoile ? N’est-il pas fascinant de savoir qu’une somme de conditions extrêmement improbables se sont réunies ici, dans cet endroit précis de l’Univers, pour former la vie ?
Ou encore de savoir que nous sommes fait de poussière d’étoiles ? J’aurai d’ailleurs pu choisir le livre éponyme d’Hubert Reeves, « Poussières d’étoiles », qui a produit le même effet sur moi que celui de Christophe Galfard.
Ces choses qui nous dépassent
J’ai relevé trois réalités scientifiques expliqués dans ce livre qui nous semblent folles, à nous petits terriens:
- La gravitation déforme l’espace-temps: ainsi, si vous vous trouviez à proximité d’un trou noir, dont l’attraction gravitationnelle est énorme, le temps ralentirai suffisamment pour que vous puissiez voir la mort du soleil ! (À qui il reste pourtant 5,5 milliards d’années à vivre en temps terrestre !).
- Les distances sont tellement grandes dans l’Univers que le temps que la lumière nous parviennent, regarder le ciel revient à regarder parfois jusqu’à plusieurs millions d’années dans le passé (c’est le cas si vous regardez la galaxie d’Andromède, située à 2,5 millions d’années-lumière de chez nous).
- À l’échelle de l’infiniment petit (l’échelle quantique), tout ce qui peut arriver arrive, les particules sont partout à la fois, et toutes les possibilités réalisées. C’est un peu difficile à comprendre sans avoir lu le livre (et même en l’ayant lu !), mais si toutes les possibilités se réalisent à l’échelle quantique (ce qui est scientifiquement prouvé), cela rend plausible l’existence d’un nombre quasiment infini d’univers parallèles dans lesquels nous expérimenterions toutes les vies possibles. Vertigineux, non ?
Je vous l’ai dit, nos petites préoccupations quotidiennes ne sont rien comparées à l’énigme qu’est l’Univers (les scientifiques estiment que nous connaissons et comprenons seulement 5% de l’univers !) et à sa grandeur.
Cela ne peut que nous rendre humble face à la vie.
Conclusion sur ces trois livres qui ont changé ma vision de la vie
Si le premier livre a changé ma vision du monde, le second a changé ma vision de moi-même. Le troisième est cependant plus subtil, son effet est indirect: il nous montre que la place que nous occupons dans cet univers, à la fois dans son espace et dans son existence temporelle, est infiniment petite. En comparaison, notre vie est à la fois particulièrement courte et insignifiante, d’où l’intérêt de lui donner un sens à notre échelle temporelle et humaine, et de contribuer à quelque chose de plus grand que nous, à l’humanité.
Quel serait le résumé condensé des apports de ces trois livres ? Question difficile, mais:
Savoir qu’il est possible de vivre en paix et sans stress, dans un monde qui va de mieux de mieux, tout en comprenant la chance que nous avons de vivre sur une petite sphère bleue qui est plus riche que tout ce que nous connaissons de L’Univers. Cela nous fait prendre conscience que notre rôle est de la protéger, ainsi que d’apporter notre meilleure contribution possible à l’humanité.
Voilà, quelque chose comme ça, quoi !
Si vous avez un livre en particulier qui a changé votre vie, n’hésitez pas à le partager en commentaire :-).
Bravo, c un exercice assez difficile, de choisir 3 livres et de pouvoir se dire qu’ils ont changé ta vie ! Eckhart Tolle est depuis longtemps sur ma liste d’attente….
En ce qui me concerne, ce serait plus des catégories de livres, parce que je n’arrive pas à choisir, un ensemble de livres de philo avec Nietzsche et Spinoza, un ensemble avec tous les résistants (Moulin, Camus et un moins connu, Cavaillès, un jeune agrégé, philosophe et mathématicien) qui ont montré qu’on ne peut pas déroger avec les valeurs qui nous fondent, et celui que je viens de finir de Terestchenko « un si fragile vernis d’humanité », sur la banalité du mal, et ce qui fait que certains ont le courage de s’y opposer. Il faudrait aussi citer Stephan Hessel, Henri Alleg, Etty Hillesum, Mathieu Ricard, bref, on ne s’en sort plus 😉
Oui, choisir 3 livres qui ont impacté notre vie était un exercice proposé par Olivier Roland, sur son blog.
Merci pour ton partage et pour ces idées de lecture intéressantes !
Je ne les connaît pas tous, mais je recommande aussi largement Stéphane Hessel et Mathieu Ricard. J’aurai aussi pu penser à Sylvain Tesson, Paulo Coelho, Michel Serres, et bien d’autres.