
Note : cet article est un article invité écrit par Ludovic, auteur du blog , qui souhaite aborder le sujet aussi complexe qu’important de la psychologie de l’investisseur.
Ludovic est l’auteur du blog : https://projetr.fr/
Investir en bourse peut être une des expériences les plus enrichissantes, aussi bien intellectuellement que financièrement.
Avec un rendement moyen annuel de plus de 10 % sur les 45 dernières années, la bourse est un des meilleurs outils pour faire fructifier son capital à long terme. Pourtant, selon une étude de l’AMF, 89 % des traders particuliers perdent de l’argent.
Face à ces chiffres, beaucoup d’épargnants sont tentés de renoncer.
Mais faut-il abandonner la bourse par peur de perdre de l’argent ? Faut-il suivre aveuglément les conseils de « gourous » financiers ou passer des années à se former ?
Pour moi, la réponse réside dans une meilleure compréhension de la psychologie de l’investisseur.
Cette notion est cruciale : comprendre comment notre cerveau influence nos décisions est la clé pour éviter les erreurs classiques et améliorer ses performances.
Qui suis-je ?
Je m’appelle Ludovic, 45 ans, marié et papa de deux filles qui me rappellent chaque jour à quel point le temps passe vite.
J’ai commencé à investir très jeune, avec pour objectif d’atteindre l’indépendance financière avant l’âge de la retraite. Aujourd’hui, je suis à moins de trois ans de cet objectif !
Mon parcours est fait de succès, mais aussi de nombreuses erreurs. Ces erreurs, je les partage ici pour vous aider à éviter les pièges qui jalonnent le chemin de tout investisseur. Et surtout, pour vous donner les outils nécessaires pour comprendre et surmonter la psychologie de l’investisseur.
J’ai commencé à investir au sein du club d’investissement de mon école d’ingénieur et j’ai acquis mon premier immeuble à l’âge de 24 ans. J’ai ensuite continué mes investissements dans l’immobilier physique mais aussi les SCPI.
J’ai débuté un blog afin de partager mon expérience. Il m’aura fallu 20 ans pour me constituer un patrimoine très conséquent. Avec le recul, je pense que c’est réalisable en moins de 15 ans… si vous ne répétez pas les mêmes erreurs que moi.
1. Être aveuglé par ses premières réussites
En 1999, étudiant, j’étais membre du club d’investissement de mon école d’ingénieur.
Le contexte était euphorique : la bulle Internet battait son plein. Je me souviens d’une introduction en bourse, celle de Multimania, un hébergeur de sites web. En une journée, l’action avait bondi de 247 %, passant de 36 à 125 €.
Notre groupe était galvanisé. Nous avions attribué ces succès à notre intelligence et à nos choix avisés.
Erreur ! Nous étions victimes du biais d’autocomplaisance : cette tendance à attribuer ses réussites à ses compétences, tout en imputant ses échecs à des facteurs externes.
Concrètement, nous pensions que ce n’était que nos choix, notre compétence qui nous permettait de dégager d’importants gains. Alors que c’était simplement le marché qui était porteur !
Heureusement pour nous, nous avions vendu toutes nos actions avant l’éclatement de la bulle Internet, à la sortie de notre école d’ingénieur.
Quand la bulle a éclaté, le CAC 40 s’est effondré, passant de 6 900 à 3 000 points entre 2000 et 2003 !
2. Faire aveuglément confiance aux revues spécialisées
Après mes études, j’ai continué à investir, mais cette fois en suivant les conseils de revues financières. Pensant qu’elles étaient rédigées par des experts, j’ai suivi leurs recommandations à la lettre.
Pourtant, les performances de mon portefeuille étaient inférieures à celles du CAC 40 !
En effet, beaucoup de sociétés conseillées par ces magazines avaient des performances boursières négatives !
C’est le biais d’autorité qui explique cette erreur dans la psychologie de l’investisseur.
Nous avons tendance à surévaluer les avis des personnes perçues comme des figures d’autorité : parents, autorités religieuses, supérieurs hiérarchiques, médecins, scientifiques, politologues, économistes ou experts…
En effet, ces personnes sont censées, dans leurs domaines, donner de meilleurs avis, prendre de meilleures décisions et commettre moins d’erreurs.
Souvent, ce biais conduit à une confiance aveugle.
Ces revues présentaient des analyses convaincantes, mais elles étaient souvent biaisées ou mal informées.
La leçon : ne jamais externaliser sa responsabilité d’investisseur. Faites toujours vos propres recherches !
Pour approfondir cette réflexion, prenez un exemple récent : les prédictions sur les marchés financiers. Même des experts chevronnés se trompent régulièrement. Lorsqu’un « expert » annonce un krach ou une envolée du marché, il est essentiel de valider cette hypothèse avec vos propres analyses, en considérant des sources variées.
3. Moyenner à la baisse : l’une des pires erreurs
Avec l’expérience, j’ai commencé à faire mes propres analyses avant d’acheter des actions. Mais une autre erreur est venue miner mes performances : moyenner à la baisse.
Quand une action chutait, j’avais tendance à racheter pour diminuer mon prix moyen d’achat. Cette stratégie semblait logique, mais dans la réalité, elle m’a souvent piégé. La baisse se poursuivait, et je me retrouvais avec des pertes de plus en plus lourdes.
Cela illustre le biais d’engagement, qui pousse à persister dans une décision initiale, même lorsqu’elle se révèle mauvaise.
Pour contrer ce biais, il est essentiel de se fixer des limites claires : établissez un stop-loss (prix auquel vous vendez automatiquement) pour éviter de vous enliser.
Un cas classique est celui de Nokia. Lorsque le géant des téléphones mobiles a vu ses parts de marché s’effondrer face à la montée des smartphones, de nombreux investisseurs ont continué à acheter l’action, convaincus qu’elle retrouverait sa gloire d’antan. Résultat : des pertes massives pour ceux qui n’ont pas su couper leurs positions à temps.
4. Vendre trop tôt
Lorsque mes actions enregistraient un gain d’environ 30 %, je les revendais systématiquement. Mon raisonnement était simple : « mieux vaut prendre une petite plus-value que risquer de tout perdre. »
Mais le problème était que ces actions continuaient souvent de grimper. Par exemple, j’ai vendu une action à +40 % seulement… pour la voir tripler en valeur l’année suivante !
Le biais d’ancrage est en cause. Nous avons tendance à nous fixer sur un chiffre – ici, mon prix d’achat – pour déterminer si une action est « chère » ou « bon marché ».
Le biais d’ancrage est très utilisé dans le commerce. Les commerçants affichent souvent un prix « avant remise » à côté du prix de vente réel. Ce prix initial sert d’ancre, faisant paraître le prix remisé beaucoup plus attractif.
Dans le cas de l’investisseur qui souhaite maîtriser sa psychologie, la solution est de rester concentré sur les perspectives à long terme plutôt que sur des gains immédiats.
Une approche que j’ai adoptée depuis est de n’acheter que des ETF.
Un ETF (Exchange-Traded Fund) est un fonds d’investissement coté en bourse qui réplique les performances d’un indice, comme le CAC 40 ou le S&P 500.
Voici ses principales caractéristiques :
- Coté en bourse : un ETF se négocie comme une action, avec des cours qui fluctuent tout au long de la journée.
- Frais faibles : contrairement aux fonds traditionnels, les ETF ont des frais de gestion réduits, souvent inférieurs à 0,2 %.
- Répartition passive : ils suivent généralement un indice sans intervention active, ce qui réduit les coûts et les risques d’erreurs humaines.
- Accessible : les ETF permettent d’investir dans des marchés variés avec un capital modeste.
En résumé, un ETF est un outil efficace et abordable pour diversifier son portefeuille et profiter de la croissance des marchés financiers à long terme.
Personnellement, j’achète un ETF qui réplique le MSCI World (un indice des bourses mondiales) et je ne me pose plus la question de savoir quelle action je dois acheter et surtout quand je dois la vendre.
Je conserve cet ETF ad vitam æternam.
5. Se lancer dans les produits spéculatifs
Avec le temps, j’ai voulu tester des produits financiers plus complexes : options et warrants.
Ces produits promettaient des gains rapides, mais ils étaient également extrêmement risqués.
Ce sont des produits dérivés spéculatifs qui amplifient les fluctuations d’une action ou d’un indice. Ce sont des outils qui ont un effet de levier très important. Par exemple, si l’action progresse de 1 %, le warrant peut augmenter de 10 %, voire plus !
Les warrants permettent de se positionner à la hausse ou à la baisse des cours.
C’est donc un outil qui permet de dégager de fortes plus-values en peu de temps… Mais c’est un outil qui peut aussi vous faire perdre beaucoup d’argent.
J’ai subi des pertes importantes, car je n’avais pas une maîtrise suffisante de ces instruments.
Cela relève du biais de supériorité illusoire, où l’on surestime ses propres qualités et capacités par rapport aux mêmes qualités et capacités des autres personnes.
La leçon : les produits spéculatifs ne sont pas adaptés à tous les investisseurs. Avant de vous lancer, assurez-vous de bien comprendre les mécanismes et les risques associés.
6. Sous-estimer l’impact des frais
J’ai également investi dans des OPCVM (fonds d’actions gérés par des professionnels). L’idée paraissait attrayante : laisser des experts gérer mon capital. Cependant, ces fonds prélèvent des frais de gestion souvent élevés, pouvant aller jusqu’à 3 % par an.
L’autre intérêt des OPCVM (Organismes de Placement Collectif de Valeurs Mobilières), c’est qu’il est possible d’investir dans des marchés sur lesquels il est difficile d’investir seul.
J’avais donc investi sur les marchés émergents, notamment les pays d’Europe de l’Est.
Au fil des années, ces frais ont un impact considérable. Par exemple, un fonds qui rapporte 8 % par an avant frais ne vous en laisse que 5 %, soit une différence colossale sur 20 ans.
Cette erreur est liée au biais de tribalisme : j’avais investi parce que mes proches faisaient de même.
Le biais de tribalisme est une tendance psychologique qui pousse les individus à favoriser les membres de leur propre groupe (ou « tribu ») et à se méfier ou discriminer ceux qui appartiennent à d’autres groupes.
Pour éviter cette erreur, considérez les ETF qui répliquent les performances d’un indice avec des frais bien plus faibles.
Un calcul simple peut être révélateur : avec un investissement initial de 50 000 €, un rendement annuel de 8 % pendant 20 ans vous donnera environ 233 000 € après frais de 0,2 % (ETF) contre seulement 165 000 € avec des frais de 2 % (OPCVM).
7. Confondre potentiel et réalité
Inspiré par le succès de Nvidia (+2 337 % en 5 ans !), j’ai cherché des entreprises similaires. J’ai investi dans Kalray, une startup française prometteuse dans le domaine des processeurs.
Kalray est une entreprise française spécialisée dans le développement de processeurs intelligents à très haute performance pour des applications critiques, notamment dans les domaines de l’intelligence artificielle, de l’automobile autonome et des centres de données. Elle se distingue par sa technologie unique de processeurs conçue pour offrir puissance et efficacité énergétique.
Une belle start-up… Sur le papier. La réalité a été tout autre !
Malheureusement, l’action a chuté de 95 % en 18 mois.
J’étais victime du biais de corrélation illusoire : j’avais supposé que des caractéristiques communes (secteur technologique, innovation) garantiraient le même succès.
Pour éviter ce piège, basez vos investissements sur des fondamentaux solides, et non sur des espoirs de gains rapides.
Conclusion sur la psychologie de l’investisseur : formez-vous !
Connaître les biais cognitifs ne suffit pas à les éviter. La clé est la formation et l’expérience.
Avez-vous entendu parler de l’effet Dunning-Kruger ?
L’effet Dunning-Kruger, aussi appelé effet de surconfiance, est un mécanisme cognitif par lequel les personnes les moins qualifiées d’un groupe tendent à surestimer leur compétence dans un domaine.
La formation et l’humilité sont les clés du succès !
Après 20 ans d’investissement en bourse, j’investis maintenant à plus de 90 % dans des ETF, un outil passif qui vous aide à contourner tous ces biais cognitifs.
Les ETF sont en majorité des fonds indiciels qui cherchent à suivre le plus fidèlement possible l’évolution d’un indice.
D’ailleurs, les études le prouvent, les ETF indiciels font mieux que 90 % des gérants professionnels !
Sur mon blog, je vous partage ma sélection personnelle des meilleurs ETF : https://projetr.fr/meilleur-etf-pea/
Ne laissez pas votre cerveau saboter vos performances. En comprenant les mécanismes de la psychologie de l’investisseur, vous ferez des choix plus rationnels et atteindrez vos objectifs financiers. La psychologie de l’investisseur est une arme puissante si vous l’utilisez à votre avantage.