Investir en bourse n’est pas vraiment dans la culture française.
Selon l’INSEE, en 2016, les Français détenaient 1 412 milliards d’euros d’actions, de parts de fonds et de titres de créances. Dans le même temps, l’équivalent (1 433 milliards d’euros) dormaient sur leurs comptes courant ou dans des livrets d’épargne faiblement rémunérés.
Cette frilosité à l’investissement est liée à la peur du risque et au manque de culture financière, qui place la France à la dernière place des pays européens interrogés.
Pourtant, investir est aujourd’hui capital si vous souhaitez jouir d’une bonne santé financière sur le long terme.
Oui, investir changera votre avenir financier. Voyons pourquoi avec 7 raisons pour lesquelles vous devriez investir en bourse.
1. La bourse monte à long terme
L’expression selon laquelle « la bourse monte à long terme » est bien connue.
L’avoir entendu, c’est bien, l’appréhender concrètement, c’est mieux.
La courbe suivante représente l’évolution du Dow Jones, l’un des principaux indices boursiers américains, depuis plus de 100 ans:
Certes, l’évolution n’est pas linéaire, et les crises de 1929 et de 2008 sont bien visibles. Néanmoins, la direction de la courbe, en croissance perpétuelle, est peu discutable.
50$ investis dans le Dow Jones en 1915 représenteraient aujourd’hui 26.000$. Cela représente une croissance moyenne de 6%/an, sans compter tous les dividendes distribués.
En France, le CAC40 avec dividendes bruts réinvestis affiche une croissance moyenne de 9%/an depuis sa création en 1987.
Pourquoi cette hausse ? Pourquoi la bourse monte-elle à long terme ?
En fait les indices boursiers comme le CAC40 ou le Dow Jones sont structurellement faits pour monter. Ils sont composés par les entreprises les plus représentatives et les plus performantes de l’économie de leur pays.
Leur composition change régulièrement, pour écarter les entreprises en déclin et intégrer les nouveaux champions à leur place.
C’est pour cela que les indices sont faits pour monter à long terme, et c’est ce qu’ils font. Que vous preniez l’indice allemand, australien, ou chinois, il monte.
Attention cependant: les actions, prises individuellement, ne montent pas toutes à long terme, loin de là. C’est pour cela qu’il est préférable d’investir dans des indices larges composés d’entreprises performantes (comme le CAC40), plutôt que de choisir quelques actions individuelles.
2. Il n’a jamais été aussi facile d’investir en bourse
J’y ai déjà consacré un article entier : investir en bourse est aujourd’hui particulièrement facile, accessible et rentable.
Frais en baisse
Les frais de courtage sont au plus bas. Il est aujourd’hui possible de réaliser une opération (achat de titres par exemple) pour moins de 5€. Dans les années 80, réaliser une opération coûtait en moyenne de 40 à 50$.
Nous venons de parler de l’intérêt d’investir dans des indices. Cela tombe bien, les frais de gestion des fonds indiciels sont au ras des pâquerettes. Vous pouvez par exemple investir dans un indice représentant 600 entreprises européennes, pour des frais annuels de 0,07%. Oui, je ne me suis pas trompé, j’ai bien écrit 0,07%.
Si vous investissez dans un fonds commun de placement ayant 1,5% ou 2% de frais annuels, la différence en termes de retour sur investissements sur 20 ans sera énorme.
Fiscalité adoucie
Il est aujourd’hui possible d’investir en bourse sans être taxé sur les gains en capitaux ou sur les dividendes, pendant tout le processus de création de richesse.
C’est ce que permet l’assurance vie, qui donne accès à un large choix de trackers d’indices. Et les frais de gestion sont minimes.
Le PEA permet également d’éviter de se faire taxer sur ses gains, tant que l’on ne retire pas d’argent, et de ne payer à terme que les prélèvements sociaux.
Et le jour où vous commencerez à retirer de l’argent pour vivre de votre capital, le PEA et l’assurance vie vous offriront une taxation adoucie par rapport au Compte Titre Ordinaire (CTO).
La fiscalité de ce dernier, moins avantageuse, a cependant été plafonnée à 30% maximum avec la Flat Taxe.
Cependant, même sur un compte titre (qui n’offre aucun avantage fiscal), si vous avez une stratégie d’achat-conservation, vous ne serez pas taxé sur les gains en capitaux tant que vous ne revendez pas vos titres.
Plus grande accessibilité
Toutes les démarches d’investissement sont aujourd’hui très simplifiées. Vous n’avez plus besoin de vous rendre chez un courtier, ou de passer des ordres par téléphone.
Tout se passe en ligne, et les courtiers comme les assureurs ont simplifié les démarches, les interfaces de gestion sont claires et agréables. Comme pour les nouvelles banques ou de plus en plus de services, l’accent est mis sur la facilitation de l’expérience de l’utilisateur.
Moins de risques
Les trackers d’indices ont non seulement l’avantage de croître sur le long terme et de ne presque rien coûter, mais ils permettent également de réduire les risques.
Investir dans un tracker qui suit plusieurs centaines d’actions permet d’être diversifié, et donc de minimiser les risques.
Avant que les trackers d’indices n’existent, il fallait acheter soi-même des centaines d’actions pour obtenir le même niveau de diversification, tout en pensant à rééquilibrer son portefeuille d’actions régulièrement, selon les performances de chaque action. Bonjour le travail !
Il est néanmoins important de diversifier au-delà de la classe actions. Il existe d’ailleurs des trackers pour toutes les classes d’actifs : actions, obligations, matières premières, immobilier.
3. Ne pas investir vous coûte de l’argent
On appelle cela le coût d’opportunité.
Le coût d’opportunité d’une action ou d’une décision économique est la mesure de la valeur de chacune des autres actions ou décisions auxquelles on renonce.
Définition: Wikibéral
Rapporté à l’investissement, le coût d’opportunité désigne les gains auxquels on renonce en n’investissant pas. On peut le calculer de deux manières.
De l’épargne mal placée
La première consiste à évaluer le gain auquel on renonce à une date future donnée. Par exemple, on peut calculer le coût d’opportunité de ne pas investir et de mettre de côté 200€/mois dans ses livrets d’épargne, sur une période de 30 ans, par rapport à un scénario dans lequel nous investissons.
Les livrets d’épargne sont actuellement rémunérés à auteur de 0,75%. Nous estimerons que sur 30 ans, les taux remonteront et qu’ils seront en moyenne de 2%.
Un simple calcul de taux d’intérêt nous montre que placer 200€/mois rémunérés à 2% sur 30 ans rapportera 98.053€.
Historiquement, les rendements boursiers sont proches de 9%/an. Si l’on considère des frais d’investissement de 1%/an, investir en bourse rapportera donc 8%/an.
Le calcul de taux d’intérêt montre qu’investir 200€/mois à 8% sur 30 ans rapportera 281.510€.
Le coût d’opportunité est la différence entre les deux scénarios (placement sur livrets d’épargne ou investissement en bourse). Dans ce cas précis, placer son argent sur un livret peu rémunéré nous rapportera 98k€, mais nous privera de 281k€.
Le coût d’opportunité est donc de 281k€ – 98k€ = -183k€.
Dans ce cas, ne pas investir coûte 183.000€.
Un héritage qui aurait pu être plus profitable
La seconde manière consiste à faire un calcul similaire de manière rétroactive.
Par exemple, supposons que votre grande tante vous ai légué 50.000€ il y a 20 ans, et que vous avez placé cette somme dans le fonds en euros de votre assurance vie, qui a rémunéré votre placement à hauteur de 3,5%/an en moyenne.
20 ans plus tard, le legs de votre grande tante a fructifié et vaut maintenant 99.489€, soit près de 100k€.
Pas mal, pensez-vous, jusqu’à ce que votre cousin ne vienne vous dire que son placement en bourse lui a rapporté en moyenne 8,5%/an sur les 20 dernières années.
Naturellement, vous voulez savoir ce que l’argent de « grand tatie » vous aurait rapporté si vous l’aviez placé comme votre cousin.
Vous calculez que les 50k€ initiaux placés à 8,5%/an sur 20 ans vous aurait rapporté 233.048€, soit 133k€ de plus que votre assurance vie.
Ces 133k€ sont le coût d’opportunité que vous avez payé pour avoir adopté une stratégie moins efficace que celle de votre cousin pendant 20 ans. Et son prix se chiffre à presque 3 fois le montant du legs de votre grande tante.
Voilà donc en deux exemples à quoi correspond le coût d’opportunité de ne pas investir.
4. Vous n’avez pas besoin de devenir un expert pour investir en bourse
C’est sûrement un grand mythe de l’investissement en bourse: il faut être un expert en économie ou en finance pour investir en bourse.
D’abord, sachez que les experts en économie ne sont bien souvent pas de très bons investisseurs. Maîtriser les mécanismes qui régissent le monde économique n’a pas de lien avec le fait de bien savoir investir son argent.
Pourquoi ? Par exemple, le fait d’être un excellent mécanicien automobile ne fait pas de vous un meilleur conducteur. C’est pareil pour l’investissement. Le fait de passer sur BFM TV en costard cravate pour expliquer la baisse des taux de la FED, ne fait pas de vous un meilleur investisseur.
Si le fait d’être un expert garantissait d’être un meilleur investisseur que la moyenne, les experts seraient des gestionnaires de fonds capables de battre le marché. Or, presque aucun gestionnaire de fonds ne bat le marché.
Vous pouvez obtenir la performance du marché (et ainsi battre la quasi-totalité des experts) en détenant un simple tracker d’indice, sans vous intéresser le moins du monde à l’actualité économique, et sans même ne rien comprendre à ce que racontent les experts à la TV.
Peu vous importe, car vous êtes un meilleur investisseur qu’eux !
5. Investir en bourse, ça ne prend pas de temps
C’est un peu la suite logique des points précédents. Si vous n’avez pas besoin de devenir un expert, ni de choisir individuellement vos actions (car un tracker d’indice fera bien mieux), vous économisez du temps par rapport aux petits boursicoteurs du dimanche. Donc vous n’avez pas besoin de:
- Lire les pages saumons des journaux (les pages économiques)
- Suivre les cours de la bourse à la TV
- Écouter les experts, à l’affût d’un bon tuyau
- Passer du temps à choisir des actions
- Vous demander si vous avez fait le bon choix
Oui, une fois que vous avez acheté vos trackers d’indices, investir vous demande 0 minutes de votre temps chaque semaine. Vous pouvez partir sur Mars pendant un an sans vous soucier de ce qu’il se passe sur Terre, et pourtant vous continuerez toujours à investir.
Investir en bourse est probablement l’une des activités les moins chronophages au monde.
6. Investir en bourse, c’est bien mieux que spéculer
Nous l’avons vu, investir ne consiste à pas choisir des actions, ni à lire la presse économique ou encore à parcourir le Forum de Boursorama à la recherche de la bonne info. Ça, c’est de la spéculation.
Laissez-moi vous rappeler rapidement la différence entre investissement et spéculation.
Spéculer, c’est choisir un titre (une action) ou un actif dans l’espoir d’un gain significatif, dans l’idéal à court terme.
Investir, c’est acheter des actifs diversifiés à fin de profiter de la hausse naturelle des marchés à long terme. On ne choisit pas d’actions, on n’essaye de lire l’avenir, on investit dans l’ensemble du marché, car le marché monte à long terme.
Quelle différence en termes de résultats entre les deux ?
- Spéculation : le trading ou le boursicotage sont l’incarnation de la spéculation, et la plupart des traders/boursicoteurs perdent de l’argent.
- Investissement : 100% des investisseurs gagnent de l’argent en bourse (à condition d’avoir une stratégie diversifiée).
D’un côté, vous avez toutes les chances de perdre votre argent (spéculation), et de l’autre vous avez 100% de chance de gagner plus d’argent (investissement). Faites votre choix !
7. Un jour, vous serez heureux d’avoir commencé à investir
Que ce soit dans 5, 10 ou 20 ans, vous serez heureux d’avoir commencé aujourd’hui.
Investir, c’est comme planter un arbre: vous n’allez pas espérer manger les fruits de votre arbre dans les 6 prochains mois. Par contre, dans quelques années, vous serez content d’en récolter les fruits, et vous vous direz: « J’ai vraiment bien fait de planter cet arbre dans mon jardin ! ».
En plus, vous pourrez récupérer les graines de vos fruits pour planter d’autres arbres, qui a leur tour se mettront à produire des fruits.
Lorsque vous investissez, vos gains génèreront encore d’autres gains, c’est le principe des intérêts composés. En réinvestissant vos gains, vous avez la possibilité de faire travailler de l’argent que vous n’auriez pas eu si vous n’aviez pas investi.
Sur le long terme, cela fait une très grosse différence. Car investir, c’est une histoire d’effet cumulé.
Si le coût d’opportunité est la face sombre de l’effet cumulé (c’est un calcul de pertes cumulées), les intérêts composés en sont la face lumineuse (ici, on calcule les gains cumulés).
Il y a un dicton chinois qui dit:
Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 20 ans. Le deuxième meilleur moment, c’est aujourd’hui.
Si vous n’avez jamais investi, ne vous lamentez pas en vous demandant combien vous auriez pu accumuler aujourd’hui. Dîtes-vous plutôt: aujourd’hui est et sera toujours le meilleur moment pour passer à l’action.
Si vous vous dîtes que 20 ans, c’est trop loin comme horizon, soyez conscient que vous commencerez à récolter des fruits dès les premières années. D’ailleurs, que vous investissiez ou non, les 20 prochaines années finiront pas passer dans tous les cas, et aujourd’hui sera alors devenu « il y a 20 ans ».
Voudriez-vous alors vous dire: « Eh bien aujourd’hui, je suis content d’avoir commencé à investir il y a 20 ans », ou bien: « Si seulement j’avais commencé il y a 20 ans… »
Ce choix vous appartient. Faites en sorte qu’il ne vous conduise pas vers des regrets.
Conclusion: pourquoi investir en bourse ?
Vous connaissez maintenant 7 bonnes raisons d’investir en bourse et de commencer dès aujourd’hui.
Votre stratégie n’a pas à être parfaite dès maintenant. Vous pouvez commencer par de petites sommes, tout en vous formant et en ajustant votre stratégie au fur et à mesure que vous investissez. Vous pourrez aussi ajuster le niveau de volatilité/rendement avec ce qui vous correspond le mieux.
Et si vous faites une erreur, eh bien vous serez content de l’avoir fait avec l’épargne de quelques mois plutôt qu’avec celle de toute une vie. Vous en tirerez des leçons et deviendrez plus aguerris et plus sûrs de vous lorsque vous aurez plus d’argent à investir.
Comme pour tout projet, si vous gardez votre projet d’investissement au niveau intellectuel en réfléchissant à la stratégie parfaite, en cherchant la recette miracle qui vous rendra riche (voici un scoop: une telle recette n’existe pas) ou en attendant le bon moment, vous n’investirez jamais.
Un projet réalisé passe forcément par l’action.
Si votre envie d’investir reste à l’état d’idée non concrétisée, et si vous retombez sur cet article dans 20 ans, vous aurez de gros regrets, croyez-moi. Alors bougez-vous maintenant !
Bonsoir, la Bourse est un domaine que je ne connais pas encore, mais j’ai acheté un bouquin de Christian Dubois qui en parle un peu. Apparemment, les bourses plongent en ce moment, « c’est le moment d’acheter! » comme s’écriait Louis de Funès dans Pouic-pouic.
Il expliquait au début de son bouquin que, tant que vous n’avez pas retiré l’argent de votre PEA ou compte-titre, la perte ou la plus-value n’est que virtuelle, elle devient concrète seulement si on retire l’argent. Donc, si je comprend bien, en cas de perte, il suffit de laisser l’argent sur le support en attendant que les cours remontent. C’est pour ça qu’il conseillait d’investir sur les marchés financiers seulement l’argent dont on n’a pas besoin rapidement.
Le truc que je me demandais c’est s’il faut un montant minimum pour acheter des actions ou bien si on peut en acheter avec seulement 100 ou 200€ par exemple?
Je ne le connais pas. Après il n’est pas nécessaire d’attendre les baisses pour acheter, le tout c’est d’investir régulièrement. Le marché des actions a légèrement baissé ces derniers jours, mais il est sans tendance depuis plusieurs mois, dans une évolution à l’horizontal.
Effectivement tant qu’on ne retire pas d’argent, si perte il y a, elle reste virtuelle car non encaissée. Il n’y a plus qu’à attendre que ça remonte. Sauf que sur le papier c’est bien joli, mais ça ne tient pas. Concrètement, quand vous voyez votre PEA ou votre compte titre avec l’épargne de toute une vie à -50%, et que tous les médias crient à l’apocalypse financière (comme en 2008), vous vendez car vous avez le trouillomètre à zéro et vous ne dormez plus. Dans la pratique c’est ce qui se passe, les gens vendent quand il y a une crise.
Non, la solution n’est pas de miser sur son contrôle émotionnel en cas de crise pour espérer garder des positions perdantes pendant des mois ou des années. On sur-estime toujours sa capacité à rester zen en pleine tempête.
En revanche, il peut être plus judicieux d’adopter une stratégie équilibrée qui ne perdra pas d’argent en temps de crise. Comme ça, les émotions ne sont plus un paramètre à maîtriser, on reste serein en toute situation.
Dans tous les cas, toujours investir l’argent de son épargne, et pas l’argent qui paye le loyer ou la nourriture.
On peut commencer avec 100 ou 200€, ça dépend des courtiers et des assurances vie, certains peuvent demander plus.
Bonsoir Antonin,
Merci pour votre article de blog. Il m’a donné envie de commencer à investir en bourse alors que je le fais déjà, très motivant !
Il est vrai que le coût d’opportunité peut se révéler énorme avec le temps qui passe, mais c’est toujours mieux de commencer à investir maintenant que jamais. 🙂
Excellente soirée et bonne année !
Bonjour Gwenn,
En effet le coût d’opportunité à ne pas investir peut devenir énorme à long terme.
Bonne année également 😉