
Nous visons à une époque dans laquelle il n’a jamais été aussi facile de faire beaucoup de choses: voyager, communiquer, se divertir, s’éduquer. Même lorsqu’il s’agit d’investir.
Voyons ensemble pourquoi.
Les frais n’ont jamais été aussi bas
Les frais d’achat ou de vente d’actions représentaient environ 1 % du prix de l’action jusqu’en 1980. Depuis, ces frais ont considérablement chuté, et sont tombés à 0,2 % au début des années 2000.
Les frais de commissions moyens étaient de 45 $ dans les années 80. Aujourd’hui, les courtiers les moins chers facturent des opérations de plusieurs milliers d’euros pour moins de 3 €.
C’est une sacrée barrière à l’entrée qui est tombée.
Si beaucoup de fonds communs de placement ont toujours des frais exorbitants, souvent supérieurs à 1 ou 2 %, les frais des ETF sont en moyenne de 0,2 %, soit potentiellement 10 fois moins !
C’est une très bonne nouvelle car en tant qu’investisseurs, les frais sont l’inverse des intérêts composés: leur impact négatif sur le rendement augmente avec le temps.
Cependant, dans son livre « Le Millionnaire Expatrié», Andrew Hallam montre qu’il existe une grande disparité de frais selon les pays. Les Pays-Bas ont les fonds commun de placement les moins chers, avec 0,82 % de frais totaux, tandis que le Canada est en queue de classement, avec 3 % de frais. La France et les États-Unis sont dans la moyenne avec respectivement 1,88 % et 1,53 % de frais.
De même, l’apparition des trackers, les fonds indiciels à faible coût (généralement entre 0,1 % et 0,5 %) a énormément contribué à cette baisse. Certains ETF affichent même des frais inférieurs à 0,1 %.
Une fiscalité adoucie
Les niches fiscales comme le PEA ou l’Assurance vie permettent de limiter la fiscalité pendant le processus de création de richesse. L’équivalent américain est le compte Roth.
Ces dernières années, ces supports d’investissements fiscalement très attrayant se sont ouverts à de plus en plus de produits d’investissement.
Il est aujourd’hui possible de mettre en place une stratégie globale d’investissement, diversifiée géographiquement et en classe actifs, au sein d’une niche fiscale (PEA ou Assurance vie).
Même au sein d’un PEA (dont le but premier est d’inciter les gens à investir dans des actions françaises ou européennes) il est maintenant possible d’investir dans d’autres supports que des actions (obligations, matières premières, immobilier coté, cryptos), et dans le monde entier.
L’accessibilité : investir plus facilement
Aujourd’hui, investir sur les marchés peut se faire sans bouger de chez soi, soit depuis n’importe quel endroit qui dispose d’une connexion Internet. Facile !
Que ce soit pour ouvrir un compte, acheter un tracker, une action ou un autre actif, déposer de l’argent ou faire un retrait, tout se passe en ligne. Il n’est plus nécessaire de prendre rendez-vous avec son courtier ou sa banque, d’envoyer des courriers, de remplir des formulaires longs et fastidieux, etc.
Les courtiers et assurances vies en ligne ont été pensées pour simplifier au maximum toutes les démarches et le processus d’investissement. Le mot d’ordre est simplification.
À l’image des banques en ligne qui ont apporté de la simplification dans la gestion des comptes, même les services de l’État se sont engagés dans cette voie pour faciliter les démarches administratives.
Le monde de l’investissement est plus compréhensible
Grâce à Internet toujours, il est aujourd’hui possible de se former dans tout un tas de domaine, et souvent en grande partie gratuitement. Blog, Ebook, MOOC, YouTube, podcast… L’éducation est partout, accessible à tous.
Le seul frein à son accessibilité est peut-être la variété des divertissements disponibles par ces mêmes moyens. Il est plus facile de lire un article sur « 9 choses que vous ne saviez pas sur Game of Thrones » que de lire un article éducatif. Il est plus tentant de regarder un vidéo marrante plutôt qu’éducative.
Mais ces limites là sont psychologiques, et non techniques. Cela ne veut pas dire qu’elles sont faciles à dépasser, mais que c’est tout fait possible à partir du moment où l’on s’est fixé un but à atteindre et que l’on a suffisamment de volonté pour agir dans ce sens.
Avant Internet, le monde de la bourse était vraiment réservé aux initiés. La seule manière de se former était de regarder les pseudo-experts qui passent à la TV en utilisant un charabia afin de justifier leur position d’expert, ou de lire des livres austères.
Maintenant, tout le monde peut se former facilement: les blogs et les livres accessibles et plaisants à lire se sont multipliés, de même que les vidéos pédagogiques sur l’investissement. Ce monde est devenu moins obscur, et beaucoup plus intelligible. Ce n’est plus un club fermé.
L’investissement est plus sûr grâce à la diversification
La diversification apporte plus de sécurité et de stabilité dans un investissement.
Plus on diversifie, plus le risque est lissé et réparti entre plusieurs actifs, classes d’actifs, pays ou émetteurs.
Dans les années 60, pour adopter une stratégie diversifiée, il fallait diversifier par soi-même en achetant:
- Des actions de plusieurs entreprises dans différents secteurs et pays
- Plusieurs obligations, gouvernementales ou d’entreprises, nationales ou étrangères, à court ou à long terme.
- Des matières premières: autant il était possible d’acheter un peu d’or physique, mais pour les autres matières premières (pétrole, nickel, maïs), je vous laisse imaginer…
Autant vous dire qu’avant de pouvoir avoir une stratégie diversifiée, il fallait pouvoir investir directement des milliers, voir des dizaines de milliers d’euros (ou plutôt de francs ou de dollars puisque l’Euro n’existait pas) tout en veillant à conserver sa diversification au fil du temps et des apparitions/disparitions d’entreprises. Tout un programme !
Il était donc difficile de diversifier au-delà de 10 ou 20 actions.
Aujourd’hui, en achetant une simple part d’un tracker « Monde », il est possible, pour quelques dizaines d’euros seulement, d’avoir un investissement qui couvre 85 % de la capitalisation boursière mondiale. Voilà la diversification avec un grand D, sans bouger de chez soi, en quelques clics, et avec très peu de frais !
Si on avait dit ça à un investisseur du début du 20° siècle, il n’en croirait pas ses oreilles…
Le fait de pouvoir diversifier ses investissements apporte un niveau de sécurité inégalité: en détenant plusieurs entreprises, dans plusieurs industries, dans plusieurs pays, avec un turnover important (dans un indice, les entreprises les moins performantes sont régulièrement remplacées par des nouvelles, plus performantes).
L’espérance de vie augmente
L’espérance de vie en France (et dans le monde) est en constante augmentation depuis 1960.
Fort bien, mais quel rapport avec le fait qu’il soit plus facile ou rentable d’investir ?
Eh bien, puisque l’on vit 13 ans de plus en moyenne en 2017 par rapport à 1960, cela fait autant d’années en plus pour faire marcher les intérêts composés.
Cela ne semble pas forcément faire une grande différence à première vue. Mais imaginons une personne d’âge moyen, disons de 40 ans. Appelons-là Juliette. L’espérance de vie est aujourd’hui de 85,7 ans (pour les femmes).
De 1960 à 2017, l’espérance de vie a progressé en moyenne de 2,6 mois/an. Cela veut dire que pour chaque année vécue, seuls 9,4 mois d’espérance de vie sont « consommés ». Si elle continue de progresser au même rythme, l’espérance de vie sera presque de 88 ans quand Juliette fêtera ses 50 ans, et elle aura dépassé les 90 ans lorsqu’elle aura 60 ans.
Ainsi, Juliette rattrapera l’espérance de vie dans sa 98ème année (l’espérance de vie des femmes sera alors de 98 ans). Elle pourra donc espérer vivre jusqu’à cet âge. Cela signifie qu’à l’âge de 40 ans, Juliette a encore potentiellement 58 années d’investissement devant elle.
Bien sûr, il faut miser sur le fait que l’espérance de vie continuera de progresser (certains spécialistes sont de cet avis, et s’attendent même à une accélération de cette progression).
En tant qu’être humains, c’est une excellente nouvelle pour nous (si tant est que ces morceaux de vie supplémentaires n’allongent pas le temps passé en gériatrie, mais plutôt celui passé à jouer au golf ou à siroter des cocktails sur la plage).
En tant qu’investisseurs, c’est aussi une excellente nouvelle, car la machine à intérêts composés pourra fonctionner plus longtemps.
Si la médecine et la science allongent notre durée de vie jusqu’à 150 ans dans les décennies à venir, cela veut dire qu’un enfant d’aujourd’hui a devant lui un horizon d’investissement de plus de 100 ans.
Avec autant de temps disponible pour investir, devenir multi-millionnaire pourrait devenir une simple formalité, avec une stratégie avisée.
Une plus grande tranquillité d’esprit
Ce point rassemble les arguments précédents.
Lorsque vous savez que vous récupérez désormais la plus grosse part du rendement de vos investissements (n’en déplaise aux courtiers ou à L’État), et que vous pouvez investir facilement et judicieusement grâce aux outils et aux connaissances accessibles: vous savez que vous serez gagnant sur le long terme.
Lorsque vous savez que votre portefeuille a passé toutes les dernières grandes crises en douceur, que votre excellente diversification vous protège, vous savez que vous faites les bons choix.
Vous êtes alors plus tranquille d’esprit, plus serein., et vous avez donc moins de chance de faire des bêtises. Aussi, vous passez moins de temps à penser à vos investissements, et plus de temps à vivre.
Pourtant, vous avez toujours des responsabilités
Les avancées en faveur des investisseurs ont été formidables ces dernières décennies.
Pourtant, si investir aujourd’hui ne revient plus à descendre les chutes d’Iguazú en kayak, l’investissement n’est pas devenu pour autant un long fleuve tranquille. Si vous nagez tout nu dans l’Amazone, même lorsqu’il est calme, vous pouvez toujours vous noyez ou vous faire manger par les piranhas.
En tant qu’investisseur autonome, vous êtes toujours responsable de vos investissements, et notamment, de:
- Bien vous connaître et de savoir quel risque vous pouvez assumer
- Vous demander quelle proportion d’actions vous devriez avoir, quelle proportion d’obligations, d’immobilier, d’or, etc
- Vous demander quelle proportion d’actifs nationaux et internationaux avoir en portefeuille
- Choisir votre courtier, votre assurance vie
- Décider de votre horizon d’investissement, et plus globalement, de votre stratégie
- Rééquilibrer votre portefeuille régulièrement
- Continuer à vous former, afin de faire de meilleurs choix
- Comparer vos résultats avec un benchmark (de type grand indice national ou mondial comme le S&P500 ou le CAC40) afin de valider votre stratégie
- Continuer à suivre le monde de l’investissement: l’évolution des frais, l’apparition ou la disparition de nouveaux acteurs ou produits, etc.
Bref, vous devez rester en veille, et ne jamais vous dire: « C’est bon, j’ai tout calé au niveau stratégie, mes virements automatiques sont en place, rendez-vous dans vingt ans ! »
Non, vous devriez vérifier que tout de passe bien au moins une fois par an.
Si vous avez une Tesla, ce n’est pas parce que votre voiture est économe, silencieuse et qu’elle peut se conduire toute seule que vous devez vous endormir au volant.
Dans l’investissement comme dans la vie, tout est une question d’équilibre. Ne pas vouloir trop en faire (inutile de regarder votre portefeuille trois fois par jour), mais ne pas se reposer sur ses lauriers non plus.
Ainsi, on peut profiter des avancées de la société, tout en faisant avancer sa propre barque, sûrement et sereinement.
Au fait, la facilité qu’il y a à investir n’est qu’une des nombreuses raisons pour lesquelles vous devriez investir.