7 Raisons de ne pas investir dans un ETF World

Raisons investir ETF World

Les ETF World sont souvent considérés comme le meilleur moyen d’investir en bourse. Pourtant, ils ont plusieurs inconvénients notables.

Dans cet article, je vais développer en quoi il est plus intéressant de se constituer un portefeuille de plusieurs ETF, plutôt que d’investir dans un seul et unique ETF World.

Mais qu’est-ce qu’un ETF World ? Les ETF World sont basés sur l’indice MSCI World, qui intègre 1 600 entreprises situées dans 23 pays.

Un ETF World est sensé être, comme son nom l’indique, un ETF qui couvre le monde entier.

1. Un ETF Monde, vraiment ?

Cependant, à moins que le monde ne soit constitué que de 23 pays (l’ONU recense environ 200 pays dans le monde), les ETF World portent bien mal leur nom.

C’est ici que les partisans des ETF World pourrait rétorquer que bien qu’il ne compte que 23 pays, il s’agit des pays les plus importants, des principales puissances économiques.

Si l’on prend le classement des pays selon leur PIB, 9 des 20 premières économies mondiales ne figurent pas dans l’indice MSCI World : La Chine, l’Inde, le Brésil, la Russie, la Corée du Sud, le Mexique, l’Indonésie, l’Arabie saoudite, la Turquie.

Ces pays que l’on dit « émergents » ne sont donc pas compris dans l’indice.

Les ETF World sont en fait des ETF World developed markets : ils couvrent les principaux pays développés. Et encore, on pourrait s’interroger sur l’absence de pays comme la Corée du Sud ou Taïwan, qui sont exclus de l’indice MSCI World. Ces deux pays ont pourtant un niveau de développement similaire aux 23 pays dits « développés ».

Il existe pourtant de véritables ETF World : ceux qui suivent l’indice ACWI (All Country World Index), un indice qui réunit les 23 principaux pays développés et les 24 principaux pays émergents. L’indice ACWI permet une meilleure couverture mondiale, en intégrant une bonne partie de l’Asie, de l’Amérique Latine, ainsi que quelques pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

indice ACWI avec les pays émergents
Source : www.justetf.com (données MSCI)

MSCI a également créé une troisième catégorie de pays avec les « marchés frontières », qui désignent des marchés encore peu développés, ou pas assez régulés.

2. Sur-exposition au marché américain et au Dollar

Les actions américaines représentent 65% de l’indice MSCI World. Les États-Unis sont de très loin le pays le mieux représenté au sein de l’indice, devant le Japon (environ 8%).

L’Europe et les autres pays sont sous-représentés. Au total, La France, Le Royaume-Uni, la Suisse, l’Allemagne et les Pays-Bas ne comptent que 15% dans l’indice.

En conséquence, l’indice MSCI World est à la fois surexposé au marché américain et au Dollar.

MSCI World - Répartition par pays

La prédominance des États-Unis au sein de l’indice est bien sûr lié au fait qu’il s’agit de la première puissance économique mondiale, qui abrite les plus grosses capitalisations boursières de la planète (les GAFAM).

Mais c’est aussi lié à la forte valorisation actuelle du marché américain, car le PIB des États-Unis ne représente « que » 25% du PIB mondial (alors que les États-Unis occupent 65% du MSCI World).

Ainsi, à bénéfice égal, une entreprise américaine coûte 40 à 50% plus cher qu’une entreprise européenne ou une entreprise d’un pays émergent (si l’on compare le Price/Earnings Ratio des différentes zones géographiques).

Historiquement, les niveaux de valorisation très élevés finissent toujours par connaître un retour à la moyenne. On peut donc s’attendre à ce que les actions américaines sous-performent les autres zones géographiques. Et cela risque de nuire à la performance globale de l’indice, vu la place occupée actuellement par les États-Unis.

Quant au Dollar, si ce n’est pas la devise que vous utilisez au quotidien, une forte exposition au Dollar introduit le risque d’une variation de taux de change (même si jusqu’ici, l’Euro et le Dollar sont restés assez stables l’un par rapport à l’autre).

3. Aucune possibilité d’arbitrer l’allocation

Un ETF World n’offre aucune possibilité d’arbitrage et d’allocation tactique entre les différentes zones.

Pour contrer la sur-exposition au marché américain, ou pour avoir une exposition plus forte au pays ou à la région dans laquelle vous habitez (et à la monnaie que vous utilisez), il peut être judicieux de pondérer soi-même les différentes zones géographiques.

Si l’on considère le PIB de chaque zone, une pondération mondiale donnerait à peu de chose près la répartition suivante :

Répartition PIB mondial continents

Il est possible de partir de cette base, puis de surpondérer une zone en particulier.

Par exemple, pour un investisseur canadien :

  • 30% Canada
  • 70% World (qui comprend 3% d’actions canadiennes, ce qui fait donc une exposition totale au marché canadien de 33%).

Autre exemple, pour un investisseur en Europe :

  • 34% Europe
  • 33% États-Unis
  • 33% Émergents (ou 25% émergents / 8% pacifique, ce qui permet d’inclure le Japon)

Il faut noter qu’une pondération manuelle des zones géographiques nous oblige à augmenter le nombre d’ETF en portefeuille.

En revanche, cela nous permet de réaliser des arbitrages tactiques, et de rééquilibrer notre portefeuille pour éviter qu’une zone géographique prennent trop le dessus sur les autres (comme c’est le cas actuellement).

Mais il existe une autre possibilité pour contrer la forte exposition au marché américain, en utilisant un seul ETF, qui suit un indice équipondéré.

Contrairement aux indices classiques, les indices équipondérés allouent la même pondération à chaque action détenue dans l’indice. Comme les actions les plus capitalisés (donc celles qui ont la plus forte pondération) sont américaines, attribuer une pondération égale à chaque titre fait mécaniquement baisser la part des États-Unis au sein de l’indice équipondéré.

Par exemple, l’indice Solactive Global Equity Index ramène la pondération des États-Unis à 38% (au lieu de 65%). Dans le même temps, celle du Japon grimpe à 15% (au lieu de 8%), et les principaux pays européens occupent environ 28% de l’indice (au lieu de 15%).

Voici la répartition détaillée de l’ETF VanEck Vectors Global Equal Weight, qui suit cet indice.

ETF World Equal Weight
VanEck Vectors Global Equal Weight UCITS ETF

On obtient donc une répartition géographique plus cohérente, ainsi qu’une bonne diversification sectorielle (aucun secteur n’écrase les autres).

4. Aucune exposition aux small caps

Les ETF World ne contiennent pas de small caps, les actions des petites entreprises.

Or, si les small caps ne représentent qu’un petit pourcentage de la capitalisation boursière mondiale, elles sont tendance à surperformer les grandes capitalisations à long terme.

Ainsi, entre 2000 et 2021, l’indice MSCI World a progressé de 5,82%/an, contre 9,89%/an pour l’indice MSCI World Small Cap. Cette différence s’explique par un potentiel de croissance supérieur à celui des grandes capitalisations.

L’indice MSCI ACWI IMI (Investable Market Index) est l’indice le plus complet au monde, puisqu’il intègre à la fois les pays développés, émergents, ainsi que les grandes et petites capitalisations. Il comprend près de 9 000 entreprises.

Cependant, le poids des small caps reste relativement faible dans cet indice et sa performance est quasiment identique à celle du MSCI World.

Pour s’exposer efficacement aux small caps, il vaut donc mieux passer par des ETF qui contiennent uniquement des small caps.

Il existe aujourd’hui de nombreux ETF qui permettent de s’exposer à la croissance des « petites » entreprises cotées en bourse, dans différents secteurs et zones géographiques.

5. Un ETF World ne comporte pas d’obligations

Les ETF World ne comportent pas d’obligations. C’est normal après tout, car il s’agit d’un indice d’actions.

En conséquence, investir à 100% sur un ETF World, signifie un investissement à 100% en actions.

Lorsqu’on investit uniquement dans des actions, il faut s’attendre à des baisses occasionnelles sévères (-55% en 2008), voir très sévères (-80% en 1929), même avec une bonne diversification géographique.

Car si la diversification géographique est salutaire pour les crises régionales (par exemple : crise de l’Euro en 2011), elle n’est d’aucun secours pour les crises mondiales, qui frappent la planète entière (2008).

L’histoire nous montre qu’une grande partie des investisseurs ne sont pas capable de gérer leurs émotions et de supporter des niveaux de baisse similaires aux plus grandes crises.

Ainsi, le nombre de PEA ouverts en France a été divisé par deux, suite à la crise de 2008. Aujourd’hui encore, le nombre de PEA n’est pas revenu au niveau d’avant 2008, alors que le marché a connu une hausse de +300% depuis fin 2008.

Cela démonte tout l’impact émotionnel et psychologique de l’investissement.

Pour diminuer cet impact émotionnel, le mieux est de diminuer la volatilité globale du portefeuille. Pour cela, rien de mieux que d’intégrer une proportion d’obligations d’état en portefeuille.

Les obligations d’état sont souvent corrélées négativement aux actions durant les crises : cela signifie que lorsque les actions plongent, les obligations restent stables ou prennent de la valeur.

Par exemple, les obligations d’état européennes ont progressé de 15% en 2008, tandis que les actions se sont effondrées.

ETF actions vs ETF obligations 2008

6. Un ETF World ne comporte pas d’or

Les ETF World ne contiennent pas d’or. Et c’est logique, encore une fois (les ETF World sont des ETF d’actions).

Néanmoins, l’or peut rattraper les mauvaises performances des actions, comme dans les années 70, inflationnistes, ou dans la décennie 2000 (explosion de la bulle Internet, puis crise financière).

L’or est un actif qui répond bien à l’inflation et à la dévaluation monétaireLes portefeuilles les plus stables comportent tous une part d’or.

Il est bien sûr possible d’investir dans l’or physique, mais il est plus pratique de le faire via des ETF, ce qui permet de gérer l’ensemble de son allocation plus facilement.

7. Aucune touche personnelle possible avec un ETF World

Pour moi, un ETF World est avant tout synonyme d’ennui, de conformisme. C’est un investissement qui manque de personnalité, comme si nous étions tous les mêmes.

Souhaitez vous faire partie de tous ces gens qui investissent à l’identique ? Moi, non. Peut-être préférez-vous que votre portefeuille reflète votre personnalité d’investisseur, votre sensibilité et vos objectifs à long terme.

En plus des possibilités déjà évoquées (small caps, allocation géographique différente, or, obligations), vous pouvez choisir d’inclure des ETF spécifiques :

Les possibilités sont nombreuses et ces ETF donneront une touche plus personnelle à vos investissements.

Vous pouvez également ajouter une dose de market timing à vos investissements : suivre les tendances haussières de certains secteurs, et en sortir avant leur retournement.

Adopter un portefeuille personnalisé en accord avec vos convictions profondes, procure un grand avantage : vous avez beaucoup plus de chance de maintenir votre investissement à long terme (et c’est le but pour s’enrichir et développer votre capital).

Si votre portefeuille permet de rendre l’investissement plaisant et amusant, plutôt que stéréotypé et monotone, c’est également une bonne chose.

Investir dans un ETF World n’est pas une erreur

Si malgré tout, vous avez toujours envie d’investir uniquement dans un ETF World, allez-y ! C’est loin d’être un mauvais investissement, et il possède certaines qualités :

  • Une meilleure diversification par rapport à ce que font la majorité des investisseurs (qui ont seulement quelques actions en portefeuille).
  • La simplicité avec un investissement minimaliste (ou no-brainer comme disent les anglo-saxons).
  • Moins de frais : avoir un seul ETF en portefeuille pourra réduire vos frais de courtage (mais augmenter potentiellement vos frais de gestion, car certains ETF World, notamment ceux qui sont éligibles au PEA, sont plus chers que la plupart des ETF).
  • Un bon rendement : un ETF World vous permettra d’avoir de meilleurs résultats que la majorité des investisseurs actifs (stock pickers, traders).
  • Une sécurité contre vos émotions : si vous êtes tenté de faire des bêtises et de dévier de votre plan initial, vous aurez moins de chance de le faire avec un seul ETF en portefeuille, dans lequel vous investissez régulièrement, sans réfléchir.

Entre investir dans un seul ETF World, ou dans un portefeuille constitué de plusieurs ETF, le choix tient également au niveau de contrôle que vous souhaitez avoir sur votre portefeuille :

  • Peu de contrôle : ETF World.
  • Beaucoup de contrôle : Plusieurs ETF spécifiques.

Dans le premier cas, vous acceptez l’allocation qui vous est attribuée. Dans le second, vous définissez votre propre allocation.

Nous l’avons vu, investir uniquement dans un ETF World génère plusieurs inconvénients :

  • Absence des pays émergents, qui ont un potentiel de croissance élevé.
  • Sur-exposition au marché américain (déjà très fortement valorisé) et au dollar.
  • Impossibilité d’arbitrer votre allocation comme vous le souhaitez.
  • Absence des small caps, qui ont un rendement souvent supérieur aux big caps.
  • Pas d’or ni d’obligations, ce qui fait peser le risque du portefeuille à 100% sur les actions.
  • Aucune touche personnelle possible.

Si les ETF World sont à mon sens loin d’être la sophistication ultime qu’on leur attribue, du fait des défauts évoqués, néanmoins, ils ne sont pas non plus un mauvais investissement en soi.

Ils peuvent d’ailleurs être intégrés dans un portefeuille de plusieurs ETF (pour combler leurs manques), et même faire office de seul et unique investissement boursier (dans le cas où vous avez à la fois une appétence au risque élevée et la volonté d’investir très simplement).

8 commentaires sur “7 Raisons de ne pas investir dans un ETF World

  1. Excellent article, j’aurais dû le lire hier soir, au lieu d’éplucher le tableau minuscule des UC de mon AV :)))
    Je n’avais pas réalisé que l’on pouvait aussi faire preuve de non-conformisme dans ses investissements, sans que ce soit trop « casse-gueule »…inspirant !

  2. un bilan actuel fin 2021 les pays émergents et asiatiques aurait plombés la performances d’un simple world qui lui a explosé.

    1. Le World étant composé à plus de 50% par le marché US, qui a surperformé les autres zones géographiques dernièrement, il est donc normal que le World ait aussi surperformé à court terme.
      Mais l’histoire nous montre que les performances à court terme ne sont pas significatives lorsqu’on investit à long terme. Il y a toujours une rotation entre zones géographiques dans la performance.

  3. Un ETF world swap PEA est un moyen de mettre des action américaines dans son PEA,
    et d’être imposé à la sortie à 17,6% au lieu de 30% sur le portefeuille ordinaire.

    1. Tout à fait, il y a beaucoup d’actions américaines dans un ETF World, et même si le PEA n’est pas le sujet de cet article.
      Quant à l’imposition, elle est de 17,2 % en sortie du PEA.

  4. Bravo pour cet article ! Je partage entièrement ta conclusion sur la simplicité. Personnellement, j’ai investi pendant plusieurs années en DCA sur un ETF World, et je pense que pour la plupart des gens, c’est déjà amplement suffisant (ce serait même extraordinaire si tout le monde le faisait !). Cela dit, je crois qu’avec l’expérience et à mesure que nos investissements progressent, on peut envisager de s’éloigner de cette stratégie et d’explorer d’autres options, surtout au fur et à mesure qu’on acquiert plus de compétences.

    Après tout, l’ETF World reflète la capitalisation des entreprises mondiales, donc si demain une région comme l’Europe connaît une forte croissance, l’ETF suivra cette tendance et sa pondération évoluera naturellement. J’ai tout de même tendance à penser qu’un investisseur prend plus de risques en essayant de gérer lui-même les pondérations que de simplement continuer à investir dans un ETF World.

    1. Le MSCI World fait mieux que ce qu’obtiennent la plupart des investisseurs et des professionnels de l’investissement. Il n’est donc pas mauvais.
      Toutefois, pour les férus d’optimisation comme moi, je constate qu’il est possible de faire mieux.

      En effet, un investisseur prend plus de risques en gérant lui-même ses pondérations géographiques ou sectorielles, mais rien ne sert de découper le MSCI World. Au contraire, il faut souvent élargir, car :
      – Il n’est pas assez diversifié (pays émergents / small caps), ce qui peut générer de longues périodes de sous-performance (comme entre 2000 et 2010).
      – Il ne convient qu’aux investisseurs offensifs / qui aiment les risques et sont prêts à voir leur capital chuter de 50 %.
      – Il est trop neutre pour ceux qui souhaitent optimiser la performance.

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